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Youshreen Choomka: la «candidate idéale» du MSM se brûle les ailes

11 mai 2017, 00:42

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Youshreen Choomka: la «candidate idéale» du MSM se brûle les ailes

Depuis son adhésion au MSM en 2014, Youshreen Choomka a rapidement gravi les échelons. Mais depuis sa nomination en tant que directrice générale de l’iba, elle collectionne les controverses. Et hier, elle a dû se retirer de ses fonctions après l’institution d’un «fact-finding committee» sur ses agissements…

Elle a été nommée présidente de l’ Independent Broadcasting Authority (IBA) le 5 mai 2015. Youshreen Choomka est alors la première femme à occuper ces fonctions. Moins d’un an après, elle devient la directrice générale de la même institution. Dès lors commencent les problèmes…

Nomination contestée et suspicion de conflit d’intérêts ont eu raison d’elle. Youshreen Choomka a soumis sa décision hier, le temps que le Fact-Finding Committee instauré pour faire la lumière sur ses agissements, rende ses conclusions. Retour sur le parcours politique mouvementée de cette avocate qui était censée incarner le renouvellement du MSM.

Avant son arrivée à l’IBA, Youshreen Choomka avait un parcours louable. Elle a complété ses études de droit en Angleterre en mars 2008, a été admise au Bar de l’Angleterre et du Pays de Galles en 2009 et à Maurice en 2012. Ce n’est que deux ans après son retour au pays qu’elle se joint à la politique

Le 7 juin 2014, la jeune avocate, alors âgée de 29 ans, est officiellement présentée au public comme nouvelle adhérente du MSM par Pravind Jugnauth, lors d’une conférence de presse au Sun Trust. Youshreen Choomka n’est pas la première de sa famille à s’impliquer en politique. Sa soeur, avocate aussi, a été conseillère municipale pour l’alliance PTr-PMSD. Une autre de ses soeurs a été candidate pour le Front Solidarité Mauricienne en 2014.

Au moment de son adhésion officielle, Youshreen Choomka n’est pas nouvelle au parti. «Elle était à l’aise, connaissait déjà l’exécutif du parti et bénéficiait visiblement de la protection d’un membre influent qui est aujourd’hui Senior Minister. C’est d’ailleurs lui qui l’a fait adhérer au parti», explique un ancien membre du MSM. À l’époque, tandis que le PTr et le MMM négocient une alliance, le parti soleil a, lui, pour ambition d’injecter du sang neuf sur la scène politique. «Youshreen Choomka avait justement l’image recherchée. Nouvelle tête, professionnelle, jeune femme… Elle avait le profil idéal» , souligne un autre ancien membre du parti.

Dès lors, avec la bénédiction de son protecteur, elle commence à gravir les échelons au sein du parti. Son évolution est rapide. Avec son caractère de fonceuse, elle se rapproche vite de Pravind Jugnauth, ainsi que d’autres membres influents du parti. Sa position au sein du MSM a été renforcée.

Le début des problèmes

Mais les premiers signes de frustration parmi les nouveaux ont commencé à faire surface lorsque Youshreen Choomka est pressentie pour avoir un ticket dans la circonscription n°3 (Port-Louis Est–Port-Louis Maritime). C’est finalement Anwar Husnoo qui est nommé candidat à sa place. «Mais elle savait qu’elle allait bientôt avoir un prix de consolation» ironise notre interlocuteur.

Effectivement, Youshreen Choomka est récompensée pour sa courte fidélité au parti avec une nomination à la tête de l’IBA, en mai 2015. Son parcours professionnel aurait été brillant et sans reproche si, moins d’un an après, soit en mars 2016, elle n’avait pas été choisie pour être la directrice générale de l’IBA, suivant un appel à candidatures. Dès lors, des critiques commencent à fuser à son égard. La manière dont elle a été choisie fait débat et est portée devant l’ Equal Opportunities Commission par d’autres postulants, dont un journaliste de La Sentinelle. Il est reproché à la directrice d’avoir postulé pour un emploi dans une institution dont elle était la présidente.

Youshreen Choomka s’en défend et déclare que l’appel à candidatures ne faisait aucune mention du corps qui recrutait. C’est Alentaris, une compagnie privée, qui a géré les candidatures et interviewé les candidats. Selon les dires de l’avocate, ce n’est qu’à la fin de l’exercice qu’elle a appris pour quelle compagnie elle a été retenue. Mais elle est prise à contre-pied par le Premier ministre d’alors. «Elle était Chairman de l’IBA, elle devait savoir» , répond SAJ à une question parlementaire de Veda Baloomoody. Le directeur général d’Alentaris devait également affirmer que sa compagnie n’a fait que faire des recommandations mais que la décision finale a été prise par le board de l’IBA. Board présidé par Youshreen Choomka…

Avant qu’un dénouement ne puisse être trouvé dans cette affaire, une autre a fait surface. Celle-ci concerne une affaire de permis pour des projets électriques et des commissions. À la lumière des e-mails et échanges

WhatsApp, il semble que la directrice de l’IBA ait proposé à des investisseurs sud-coréens son aide pour faire aboutir leurs projets.

Tarif de $15 000

«I have to stress again the fact that these possibilities have been extended to only your projects based on my reference and contacts. No other foreign investor will get such proposal facilities with government» , a-t-elle écrit aux investisseurs. Il est question d’un parc éolien, de smart cities, d’un hôtel, d’une institution financière et bien d’autres. «En principe, c’est $15 000 pour chaque ministère, mais pour vous, ce sera $10 000», souligne-t-elle auprès de ses interlocuteurs.

Elle prend même l’engagement de les faire rencontrer Pravind Jugnauth, précisant qu’il sera le futur Premier ministre. Pendant les négociations, Youshreen Choomka évince les courtiers qui l’avaient présentée au partenaire sud-coréen, ce qui lui a valu une réclamation de $10 000 de la part de l’un d’eux. Pour sa défense, elle avance que toutes ces négociations concernent sa pratique en tant qu’avocate.

L’ Independant Commission against Corruption a ouvert une enquête sur cette affaire. Un Fact-Finding Committee a aussi été mis sur pied pour tirer cette affaire au clair. Hier matin, Youshreen Choomka a soumis sa démission des instances de l’IBA en attendant que son nom soit «cleared».

Les Choomka, une famille de surdouées

La famille Choomka compte sept filles. Youshreen est l’aînée. Avocate, elle a ouvert la voie à trois autres de ses soeurs qui sont aussi dans le domaine légal. L’une d’elles a choisi la filière de l’enseignement et est responsable de la Choomka School of Accountancy. Au début de cette année, la benjamine de la famille a brillé de par ses résultats aux examens du School Cetificate. Elle a obtenu 10 unités. Rien d’anormal jusqu’à ce que l’on apprend que la petite n’est âgée que de 12 ans. Fait notable : dans la famille, les sept soeurs ont sauté des classes en secondaire et ont fini leur scolarité plus vite que leurs camarades.