Publicité
Vikash Seewsagur: «Pourquoi l’achat du vin pour une cérémonie se fait plus vite que résoudre les problèmes du staff ?»
Par
Partager cet article
Vikash Seewsagur: «Pourquoi l’achat du vin pour une cérémonie se fait plus vite que résoudre les problèmes du staff ?»
L’université de Technologie de Maurice a été au cœur de l’actualité cette semaine après la PNQ de Xavier-Luc Duval. Mais les réponses de la ministre de l’Éducation sont jugées insuffisantes par le personnel de l’institution. Ils remettent en question les réalisations de la directrice de l’établissement évoquées par la ministre de l’Éducation et Ravi Rutna lors de la PNQ. Vikash Seewsagur, président de l’Union des employés de l’université de technologie (UTM) revient sur toute cette polémique.
Après les évènements qui ont secoué l’université de Technologie de Maurice (UTM) ces dernières semaines, quelle est l’atmosphère qui règne au sein de l’établissement aujourd’hui ?
Les choses bougent à une vitesse incroyable. Toutefois, le mood n’est toujours pas au beau fixe. Dépassés par les événements, les membres du personnel n’hésiteront pas à s’en aller s’ils ont de meilleures opportunités.
Le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, parle justement de «low staff morale». Quelle en est la cause ?
Il y a plusieurs raisons à cela. En deux ans, beaucoup de membres du personnel ont démissionné car les conditions de travail ne s’améliorent pas. Ils ne sont pas récompensés pour le travail accompli.
La persécution est un autre problème. Les employés sont intimidés lors des réunions et on leur parle comme à des moins que rien. D’ailleurs, l’année dernière, deux membres seniors du personnel ont été obligés de porter plainte à la police à cause de cela. Un autre a même été admis au Cardiac Centre. L’Union avait envoyé une lettre à sir Anerood Jugnauth et au ministère de l’Éducation. Madame Dookun ne peut pas dire qu’elle n’est pas au courant. Nous avions même rencontré son Permanent Secretaty… en vain.
La Directrice Seetulsingh-Goorah affirme qu’elle fait de son mieux. D’ailleurs, elle a offert de l’emploi à neuf employés qui étaient sous contrat.
Vous ne lui avez pas demandé quand ces postes ont été offerts à ces employés ? La semaine dernière. D’ailleurs, ils n’ont pas encore reçu leur lettre. C’est quand la polémique a commencé à enfler ki linn galoupé é linn al fer sa. Que faisait-elle avant ? Et qu’en est-il des sept ou huit personnes qui sont toujours sous contrat, travaillant même au month-to-month ? Ce n’est pas tout. Depuis 2013, aucun exercice de promotion n’a été enclenché.
Justement, la ministre de l’Éducation affirme qu’aucun membre du personnel ne détient les qualifications nécessaires pour devenir «Professor»…
Pour devenir Professor, il faut d’abord avoir occupé les postes de Lecturer, de Senior Lecturer, d’Associate Professor. En 2008, les autorités ont introduit un système de promotion pour les académiciens et le personnel non enseignant, qui prévoit un exercice de promotion tous les ans. Or, le dernier exercice remonte à 2013. Maintenant, l’UTM compte six Associate Professors. Si aucun exercice de promotion n’a été lancé, cela veut dire que les compétences du Staff ne sont pas évaluées. S’il n’y a pas d’évaluation, comment peut-on dire que ces six personnes ne peuvent pas devenir Professors ? C’est faux de dire que nous ne sommes pas qualifiés. Cela fait 17 ans que nous travaillons ici… comment peut-on nous dire cela ? S’ils trouvent que le staff n’est pas qualifié, ils peuvent lancer des appels à candidatures pour des Professors.
Revenons au problème des climatiseurs… Le Dr Seetulsingh-Goorah et la ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun affirment que le «procurement» prend du temps…
Laissez-moi vous raconter quelque chose. Il y a quelques mois, l’UTM a lancé un nouveau cours. Le matin du lancement, l’administration décide qu’il faut acheter du vin pour la cérémonie. Résultat : des dépenses de Rs 17 500 ont été faites. Pour le flag-raising, nous faisons un lâcher de ballons d’hélium… Pourquoi, pour Rs 17 500 de vin, les choses ne prennent-elles pas de temps ? On va nous dire que c’est le droit au direct purchase. Mais pourquoi n’a-t-on pas ce droit quand cela concerne des choses plus importantes ? Comme les problèmes qui minent le staff et les étudiants ? Il faut savoir que nous n’avions pas autant de problèmes avec l’ancienne administration.
Pourtant, la ministre de l’Éducation et la directrice de l’UTM expliquent que ce sont des problèmes qui durent depuis longtemps et qui prennent du temps à se résoudre.
Allez raconter cela à d’autres personnes. Nous, nous travaillons ici. Depuis que les étudiants ont décidé de manifester en mars, une dizaine de tenders ont été lancés en deux mois. Pourquoi cela n’a pas été fait avant ? Ce n’est pas par hasard que le ministre a annoncé que le wi-fi sera installé la semaine prochaine. Et oui, l’ancienne administration n’était pas aussi lente. Elle avait aussi ses torts, certes, mais elle trouvait des solutions.
Elle dit aussi que parfois, il n’y a pas de fournisseurs appropriés.
C’est peut-être parce que les opérateurs ne sont pas payés qu’ils ne veulent pas travailler avec l’UTM. L’année dernière, en deux occasions, des suppliers sont venus faire du tapage pour réclamer leur argent. Une fois, quelqu’un est même venu avec la police. Allez voir depuis quand les rapports financiers n’ont pas été envoyés au bureau de l’Audit.
L’African Education Leadership Award mentionné à l’Assemblée nationale démontre que le niveau de l’UTM n’est pas si mal, non ?
(rires) Nous laissons le soin à la population et aux journalistes de faire leurs recherches sur ce prix.
Sous la direction du Dr Seetulsingh-Goorah, l’UTM a été reconnue par le Medical Council…
C’est du n’importe quoi. En 2009, l’institution a pris contact avec des partenaires indiens. La décision de créer cette faculté avait déjà été prise par l’ancien board. Allez vérifier.
Mais elle a quand même créé six nouveaux cours…
Six programmes qui n’ont pas eu l’aval de l’Academic Council avant d’être annoncés… En sus, parlons de cours comme la cinématographie. C’est bien d’innover. Mais a-t-on l’infrastructure adéquate pour ces nouveaux cours ? Nos bancs nous suffisent à peine !
La ministre de l’Éducation affirme qu’il s’agissait d’une erreur, qui a été rectifiée par la suite…
Premièrement, combien d’argent est-ce que cette erreur a apporté à l’administration ? It’s a scam. Ces cours ont été annoncés sans qu’il n’y ait de programme document. Les candidats ne savaient même pas s’ils étaient éligibles. Ils ont dû payer une somme de Rs 500, qui est non remboursable, comme registration fee. Au final, seulement deux cours ont été approuvés. Où est donc passé cet argent ?
Deuxièmement, l’université ne prend pas au sérieux les règles de bonne gouvernance. Quand il y a une réunion, les minutes doivent être avalisées lors de la prochaine réunion. Ici, cela est fait collectivement après une série de réunions. Comment voulez-vous que ceux qui y assistent puissent se souvenir du contenu des précédentes séances ? Comment peut-on keep track de ce qui a été discuté ?
Comment se fait-il que tous ces problèmes ne viennent à la surface que maintenant ?
Les autorités mentent. Elles sont au courant. Elles ont simplement décidé de faire l’autruche.
De l’autre côté, cette université est «fee-paying», elle ne reçoit pas de financement de l’État…
Effectivement. Ici, les étudiants paient les frais, contrairement à l’université de Maurice (UoM). Or les étudiants de l’UoM sont mieux lotis. Does this make sense to you?
Africa Education Leadership Award : qu’en est-il ?
<p><em>«BIDON»</em><strong><em>.</em></strong> C’est ainsi que le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, a qualifié l’<em>Africa Education Leadership Award </em>mardi dernier au Parlement, lors de la <em>Private Notice Question. </em>Cela, en réponse à une affirmation de la ministre de l’Éducation selon laquelle l’université de Technologie de Maurice (UTM) a obtenu ce prix grâce aux réalisations de la directrice de l’institution d’enseignement supérieure, le Dr Sharmila Seetulsingh-Goorah. Le président du syndicat des employés de l’UTM est lui-aussi du même avis que Xavier-Luc Duval. Alors, qu’est-ce donc l’<em>Africa Education Leadership Award ?</em></p>
<p>Cette distinction fait partie d’une série de prix d’excellence chapeautée par plusieurs pays africains, dont Maurice. Selon le site qui lui est dédié, ce prix est octroyé dans plusieurs domaines, allant du <em>Best Employer </em>au <em>Water Leadership. </em>Cependant, impossible de savoir du site en ligne si le prix est placé sous la responsabilité d’une organisation. Elle explique seulement que les correspondances doivent être envoyées aux Savoy Chambers, à Mumbai. Personne ne répond aux numéros de téléphone affichés, non plus.</p>
<p>Fait intrigant cependant, selon les archives, cet <em>Africa Leadership Award </em>se tient toujours à l’hôtel Le Méridien, à Maurice. Les photos présentées sont des coupures de presse parues à la suite des cérémonies. Elles sont toutes de la presse mauricienne. Cette année, la remise des certificats aura lieu les 5 et 6 décembre.</p>
<p>L’année dernière, soit l’année où l’UTM a reçu le prix, il a aussi été octroyé à seize autres institutions en Afrique, dont l’université de Maurice (UoM), la Faculté d’ingénierie de l’UoM, l’Open University of Mauritius, le <em>Whitefield Business School </em>et le <em>Rushmore Business School</em>. Les critères requis pour être considéré ne sont pas énumérés sur le site en ligne. Mais il y est indiqué que les institutions peuvent faire une demande au conseil d’administration pour y participer. Le jury, par contre, est constitué principalement d’académiciens indiens.</p>
<p>Sollicités, Steven Obeegadoo, ex-ministre de l’Éducation, affirme ne pas connaître l’<em>Africa Leadership Award. </em>Vasant Bunwaree, lui aussi ancien responsable de l’Éducation, explique qu’à son époque ce prix n’avait pas grande importance.</p>
Publicité
Les plus récents