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Sharfaa Muthy: «Mon père, ce héros»

19 mai 2017, 23:00

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Sharfaa Muthy: «Mon père, ce héros»

Depuis 11 jours, Salim Muthy est aux côtés des grévistes du Super Cash Back Gold, au Jardin De La Compagnie. Une démarche qu’approuve sa fille Sharfaa, même si elle est préoccupée par l’état de santé de son père qui se détériore, de jour en jour.

La même détermination dans le regard. Le même plaisir d’aider son prochain. Sharfaa Muthy est le portrait craché de son père, Salim. Elle a même entamé des études de droit pour être encore plus proche de lui. Pourtant, raconte Sharfaa, elle n’a pas eu une enfance des plus simples. «Quand mon père allait travailler, mes deux sœurs, mes deux frères et moi-même étions souvent encore au lit. Et quand il rentrait le soir, nous étions déjà au lit.» 

Très engagé dans le social, Salim Muthy n’a que peu de temps à accorder à sa famille. «Son temps, il le passait souvent avec des étrangers.» Mais, elle ne lui en tient pas rigueur. «Jamais on lui a reproché de trop s’occuper des autres. Au contraire, on lui demandait si on pouvait l’aider de n’importe quelle manière.» 

D’ailleurs, poursuit-elle, à l’heure du dîner – moment sacré pour la famille Muthy – «nous avons tous l’occasion de parler. C’est là qu’il nous parle de ses problèmes. Avec ma mère et mes sœurs, nous essayons de le guider en lui prodiguant des conseils, qu’il écoute assez souvent». 

N’empêche confie Sharfaa, c’était dur. «Étant petite, j’avais besoin de l’affection de mes parents. Finalement, ce sont mes grands-parents qui se sont plus occupés de moi.» Selon elle, l’objectif principal de son père c’est «de porter haut le nom des Muthy».  

La jeune femme révèle qu’à l’âge de 15 ans, elle a réprimandé son père. «Il commençait à se faire vieux et je me faisais du souci pour lui. Il m’avait alors confié qu’il espère qu’un jour, l’un de ses enfants poursuivra l’entreprise familiale (sa femme et lui sont gérants des pâtisseries Muthy, NdlR) et qu’un autre suivra ses pas dans le social.»

«J’avais besoin de l’affection  de mes parents»

Son père étant son «role model», Sharfaa s’évertue alors à marcher dans ses pas. «Mon père, c’est mon héros et mon modèle.» Ainsi, si ces sœurs ont choisi les domaines de la communication et de l’ingénierie, Sharfaa, elle, privilégie une carrière qui va la rapprocher de son père. Salim Muthy étant souvent dans l’actualité, «toujours à défendre les gens», elle décide d’entamer des études de loi. «Ainsi, je pourrais lui apporter mon aide et l’encadrer dans ses différentes démarches. Quand il allait faire des marches pacifiques, ou des grèves de la faim, je consultais des textes de loi pour voir si tout cela était légal.» 

Sharfaa dit se souvenir de la première fois qu’elle a foulé le sol de la cour. Son père aidait alors les victimes de la vente à la barre. «C’était la première fois que j’assistais à la détresse des gens. Voir comment les gens devaient vendre leur maison, leurs meubles… Cela m’avait fendu le cœur.» 

Au fil du temps, père et fille se rapprochent. «Mon père venait même me voir pour me demander de l’aider à écrire ses lettres.» Elle était devenue son bras droit en matière de défense d’autrui. «À présent, je me sens encore plus proche de mon père.» 

Néanmoins, Sharfaa s’inquiète de la santé de celui-ci. «Il a fait quatre grèves de la faim, mais celle-là est la plus éprouvante.» La dernière fois, dit-elle, il a tenu pendant 18 jours avec les planteurs de Riche-Terre. Mais avec le temps, Salim Muthy a commencé à avoir des complications de santé. «Aujourd’hui même (jeudi, NdlR), je lui ai appliqué de la pommade pour l’aider à se sentir mieux. Mais, je suis vraiment préoccupée par son état. Surtout qu’il fait tout cela bénévolement.» 

D’où son père puise-t-il son énergie ? «Dans la bénédiction des anciens. Il ne peut se passer de ses parents. Tous les matins, il prend son petit-déjeuner avec sa maman. C’est un rituel auquel il accorde beaucoup d’importance.» Son souhait : être la digne héritière de son père.