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Godard, un absent très présent au Festival de Cannes

20 mai 2017, 14:20

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Godard, un absent très présent au Festival de Cannes

Cinéaste de légende, Jean-Luc Godard  est un absent très présent à Cannes 2017, un festival avec lequel il a entretenu une relation tumultueuse.

«Le Redoutable», le film que Michel Hazanavicius («The Artist») consacre à l'icône de la Nouvelle Vague (86 ans) est l'un des plus attendus du Festival. Présenté dimanche, il raconte comment Godard s'est artistiquement suicidé en 1968, prenant un tournant radical en rompant avec le cinéma traditionnel.

Reclus en Suisse, le cinéaste d'«A bout de souffle» et du «Mépris», qui a révolutionné l'écriture cinématographique, s'est tenu éloigné ces dernières années de la planète cinéma.

Il n'a pas fait le voyage jusqu'à la Croisette en mai 2014 pour récupérer son Prix du jury qui récompensait «Adieu au langage», son premier trophée à Cannes.

«Par esprit de contradiction, j'aimerais mieux qu'il n'y ait aucun prix», confiait alors le cinéaste franco-suisse.

Dimanche, il sera sur grand écran incarné par l'acteur Louis Garrel, fils d'un cinéaste qu'il admirait, Philippe Garrel (69 ans) et dont il disait en 1968 après avoir vu «Marie pour mémoire», «Il y a Garrel maintenant, je n'ai plus à faire de films».

Le dernier film de Garrel père, «L'amant d'un jour», a été présenté vendredi dans la section parallèle de la Quinzaine des réalisateurs, deux jours avant «Le Redoutable».

L'ex-épouse de JLG, Anne Wiazemsky, dont le roman «Un an après» est à l'origine du film sur le réalisateur, a été conquise par l'interprétation de Louis Garrel qu'elle a connu tout jeune.

«J'ai été hypnotisée par la ressemblance hallucinante entre Louis Garrel et Jean-Luc. Il parle comme lui. Comment il a piqué ce phrasé, je ne sais pas, c'est le travail de l'acteur», a-t-elle confié récemment à l’AFP.

Et si 'le Redoutable' débarquait ?

Selon la romancière, Hazanavicius n'a pas envoyé à Godard de DVD du film. Mercredi, le quotidien Libération évoquait avec humour l'hypothèse d'un «débarquement fracassant de Jean-Luc Godard pour venir gifler en personne Louis Garrel». 

Quant à Anne Wiazemsky, elle sera bien présente sur la Croisette pour voir sur grand écran celui qu'elle a épousé en juillet 67 et dont elle n'a plus de nouvelles «depuis très longtemps», après une séparation en 70 .

En 1979, le réalisateur signait son retour au cinéma en tournant  «Sauve qui peut (la vie)» avec Isabelle Huppert, Nathalie Baye, Jacques Dutronc.  Le film, présenté à Cannes en 1980, divise profondément le public et la critique.

A la sortie de la projection officielle, «un désastre», selon son biographe Antoine de Baecque, Godard est même pris à partie et insulté.

Le cinéaste controversé a l'habitude des joutes et des combats. Au Festival de mai 68, alors que la France est en grève, il est en tête de la révolte, au côté de François Truffaut, pour exiger l'arrêt de la compétition, afin de manifester la solidarité du monde du cinéma avec le mouvement étudiant et ouvrier. Ils obtiendront gain de cause.

Face à eux, un cinéaste venu de l'Est, Roman Polanski, est loin de partager leur avis. 

 

«Je trouvais parfaitement absurde d'interrompre le festival sous prétexte qu'il s'agissait d'un symbole élitiste et capitaliste», écrit le Franco-Polonais dans son autobiographie «Roman par Polanski». «Je savais ce que la participation (au Festival) représentait pour un pays d'Europe de l'Est - les espérances, le prestige, deux brèves semaines de liberté et de rêves dorés». 

Contrairement à Godard, Polanski sera bien présent à Cannes cette année avec son dernier film «D'après une histoire vraie», diffusé à la veille du Palmarès samedi 27 mai.

Mais, hors compétition, il n'a aucune chance d'avoir la Palme, contrairement au «Redoutable». Un comble pour celui qui a comparé les festivals de cinéma à «des congrès de dentistes».