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Affaire BAI: le contribuable à la caisse en raison des dettes?

23 mai 2017, 22:27

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Affaire BAI: le contribuable à la caisse en raison des dettes?

«This is a commitment that was given to the Right Honorable Prime Minister, that we will not take public funds. » Promesse que faisait Roshi Bhadain en tant que ministre de la Bonne gouvernance, le 3 mai 2016, au Parlement. Un an plus tard, le Premier ministre Pravind Jugnauth cède devant la pression de la grève de la faim des victimes de l’effondrement de la British American Insrance (BAI). Il annonce qu’il demandera l’aide de l’État indien. Mais quelles sont les implications de cette ultime solution ? Tout porte à croire que ce seront les Mauriciens qui rembourseront leurs investissements aux victimes du Super Cash Back Gold (SCBG) et du Bramer Asset Management (BAM).

Les économistes interrogés sont catégoriques : les contribuables paieront les dettes de l’ex-BAI. Selon eux, cette dette créera un trou dans la caisse de l’État, qui devra être comblé. «C’est nous qui devrons payer cette dette. Si ce n’est pas en augmentant la taxe, ce seront les bonus en revenus qui iront vers cette dette», déplore un économiste réputé.

L’argent emprunté ne générera pas de fonds

En sus, explique-t-on dans les milieux financiers, l’argent emprunté n’est pas un investissement et ne générera pas de fonds, ce qui est inhabituel. «Quand nous demandons de l’argent à des pays étrangers, ce n’est pas pour régler un problème intérieur. D’habitude, c’est pour investir dans quelque chose. Par exemple, nous pouvons emprunter de l’argent pour investir dans un aéroport et payer la dette avec l’argent généré par ce même aéroport. Le contribuable n’a virtuellement pas à débourser», explique un économiste reconnu. Dans le cas présent, cependant, l’argent de remboursement sera un manque à gagner.

Cet emprunt n’est cependant pas la seule option sur la table. Il y a aussi des actifs de la BAI qui n’ont toujours pas été vendus. Parmi cela, on compte des actions dans plusieurs compagnies comme Mauriplage Ltd ou Flic en Flac Ltd, les multiples terrains et les biens immobiliers.

Rs 7 milliards

Mais le Premier ministre le dit lui-même : «Ces biens ne rapporteront pas assez pour rembourser la totalité des dettes.» La totalité des biens immobiliers de la BAI a été estimée à Rs 7 milliards. C’est le special administrator Yacoob Ramtoola qui l’a lui-même expliqué à l’express le 6 septembre dernier.

Les économistes se posent une question : qu’est-ce que l’Inde gagne de ce prêt? Kugan Parapen, économiste et membre de Resistans Ek Alternativ, avoue être inquiet. «Si l’État mauricien est faible sur la table des négociations, nous devrons accepter des choses que nous n’accepterions pas maintenant

Plus de Rs 17,6 Mds octroyées par l’Inde

Le Premier ministre a expliqué, samedi, qu’il demanderait de l’aide à l’Inde pour rembourser les victimes du Super Cash Back Gold (SCBG) et de Bramer Asset Management (BAM). Ce n’est pas la première fois que l’Inde nous aide financièrement. Retour sur les fonds reçus de l’État indien depuis 2005 et qui sont accessibles au public.

  • Octobre 2005 : La Grande péninsule octroie un prêt de Rs 3,56 milliards et une subvention de Rs 892,25 millions à Maurice. Et ce, pour l’acquisition de l’hélicoptère Dhruv, la mise en place d’un Coastal Radar Surveillance System, ainsi que l’acquisition d’un Offshore Patrol Vessel.
  • Mars 2015 : Rs 642,4 millions à Maurice pour la construction d’une jetée et d’une piste d’atterrissage, entre autres, à Agaléga.
  • Novembre 2016 : L’Inde offre à l’État mauricien une subvention de Rs 12,6 milliards. Cet argent ira à divers projets dont le métro léger, la construction d’une nouvelle Cour suprême, de logements sociaux et d’un hôpital ENT, à Vacoas, ainsi que la distribution de tablettes en vue du Nine Year Schooling.
  • Mars 2017 : Cadeau d’un Interceptor Boat d’une valeur indéterminée à la National Coast Guard
  • Avril 2017 : Rs 8,3 millions au Ramayana Centre. Ce centre spirituel et culturel a été créé par l’Assemblée nationale en 2001. L’argent a été offert pour l’extension, la rénovation et l’aménagement paysager du centre.

Plusieurs autres projets devraient aussi être financés par la Grande péninsule, a annoncé le gouvernement. Notamment, une éventuelle seconde Cybercité ou le projet de raffinerie d’huile à Albion.

Arvin Boolell :«Un prêt entre pays ne se fait pas au pied levé»

<h5><strong>Sous quelles conditions un pays demande-t-il de l&rsquo;argent à un autre ?</strong></h5>

<p>Il y a plusieurs conditions. Il y a la relation entre les deux pays ou encore les accords bilatéraux. L&rsquo;Inde est un <em>emerging country </em>qui veut aider l&rsquo;Afrique. Elle est donc prête à offrir des grants ou des emprunts à des taux concessionnaires. Mais la Grande péninsule n&rsquo;est pas une institution charitable. Prenons le Metro Express par exemple, nous avons eu le grant de l&rsquo;Inde certes, mais nous avons dû employer des consultants indiens.</p>

<h5>Mais dans ce cas, nous ne parlons pas d&rsquo;un projet de développement&hellip;</h5>

<p>En effet, un pays ne donne pas forcément de l&rsquo;argent à un autre pour un problème domestique. L&rsquo;Inde a aussi des comptes à rendre à son Parlement.</p>

<h5>Quelles sont les procédures pour une demande de prêt entre pays?</h5>

<p>Une demande de prêt ne se fait pas au pied levé. Il y a tout un processus derrière. Il doit y avoir des discussions bilatérales, les techniciens des deux parties doivent se rencontrer. Quand les représentants des deux parties se voient, ce n&rsquo;est souvent qu&rsquo;une formalité. Tout est discuté au préalable.</p>

 Les réponses du PMO attendues

L’express a envoyé un courriel au bureau du Premier ministre (PMO) pour en savoir plus sur le voyage de Pravind Jugnauth en Inde. Par exemple, quel sera l’agenda du PM et sera-t-il question de négocier la souveraineté d’Agaléga ? Du côté du PMO, on nous a fait comprendre que tous les détails ne seront pas finalisés avant mercredi. Pravind Jugnauth quitte Maurice pour l’Inde jeudi et il sera de retour au pays le dimanche 28 mai.