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Marie Christine Liu: une banquière dans un univers d’hommes
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Marie Christine Liu: une banquière dans un univers d’hommes
Elle a été nommée Retail Banking Director de la Barclays en début d’année. Marie Christine Liu fait partie des trois femmes à siéger sur le Country Management Committee de cette banque.
Que ce soit en politique ou dans le monde des affaires, il est encore difficile pour les femmes de faire céder le plafond de verre. Marie Christine Liu fait partie de ces femmes qui, à force de persévérance, ont su grimper dans la hiérarchie. La nouvelle Retail Banking Director de la Barclays est un bel exemple de la femme moderne, qui jongle habilement entre vie de famille et vie professionnelle.
De Marie Christine Liu émane une volonté inébranlable teintée d’une sociabilité naturelle. Des qualités essentielles qui lui ont permis de réaliser ses rêves et qu’elle doit notamment à sa mère, son modèle de force depuis l’enfance. Jour après jour, elle s’applique ce conseil maternel qui lui recommande de ne jamais abandonner.
Assise sur une chaise à côté de nous et non derrière son bureau, elle nous parle avec ses yeux, d’abord. Un regard pétillant qui se pose sur nous et s’y arrime. La voix surgit ensuite par-delà le sourire; le ton est posé et le vocabulaire, impertinent à souhait.
Marie Christine Liu est née dans la capitale, la célèbre année érotique chantée par Gainsbourg. Ses parents se séparent pendant son enfance et elle grandit aux côtés de sa mère et de son frère aîné. Financièrement, la situation n’est pas reluisante. La petite famille vit modestement, sans superflu, mais la maison respire l’amour. «Autant que je m’en souvienne, je n’ai jamais eu de vêtements neufs. Ma mère était une femme divorcée dans les années ’70 et elle a subi bien des humiliations. Mon frère et moi, nous en avons été affectés. Mais nous avons également croisé, sur notre chemin, beaucoup de gens qui nous ont aidés, des personnes envers qui j’ai une reconnaissance éternelle», relate-t-elle, avec une émotion palpable dans la voix.
Sa scolarité primaire se déroule sur les bancs du Notre Dame de Lorette. Elle est issue de la première génération du Certificate of Primary Education (CPE). Par la suite, elle poursuit sa scolarité secondaire au Couvent de Lorette de Curepipe d’abord, puis au Couvent de Lorette de Quatre-Bornes.
Son enfance, elle la décrit comme insouciante et elle en garde des souvenirs indélébiles. «Nous étions six ou sept cousins et cousines de la même génération et nous nous amusions comme des fous. La rue devenait notre terrain de jeu et les arbres, notre territoire. Ce sont des choses que les enfants d’aujourd’hui ne font plus. J’étais un véritable garçon manqué. Je jouais à tout ce que les garçons jouaient. Nous étions également des férus de jeux de société», confie-t-elle.
Après le secondaire, Marie Christine Liu rêve de faire des études universitaires. Et comme ses amies, elle postule à plusieurs universités étrangères. Les réponses étaient favorables mais faute de moyens, elle a dû abandonner ce rêve. Ce sera sa première grosse déception. Elle fait alors preuve d’une grande détermination et se met en quête d’un emploi. Son choix se porte sur l’enseignement, mais les avenues dans ce secteur étaient minces. D’un autre côté, sa mère lui mettait la pression pour qu’elle aille chercher de l’emploi dans le secteur bancaire. Elle finit par y céder et pose sa candidature à la Mauritius Commercial Bank (MCB). Après une entrevue et des tests d’aptitude, elle est finalement embauchée comme opératrice de saisie en 1990.
Elle qui a une belle énergie et l’envie de la transmettre se retrouve vite au bord de l’ennui. «Je faisais simplement de l’‘input’. Mais je ne pouvais me permettre de tourner le dos à ce travail car financièrement, la situation était difficile», confie-t-elle. N’ayant pas fait d’études supérieures, sa progression professionnelle stagne. Une situation frustrante parce qu’elle avait la capacité d’en faire plus. «Mes collègues ayant fait des études avaient des promotions. J’ai voulu me battre contre le système, mais j’ai échoué lamentablement», dira-t-elle.
Sur le plan personnel, tout va pour le mieux pour Marie Christine Liu. En 1996, elle se marie. Elle donne naissance à Damien en 1999 et Darryl en 2004.
En 2007, elle répond à une annonce dans le journal pour un poste de Senior Manager à la HSBC. À la MCB, elle n’a pas eu la chance d’évoluer à un poste de cadre intermédiaire. Lors de l’entrevue, son futur employeur se montrera davantage intéressé par son expérience que par ses diplômes. C’est ainsi qu’elle est recrutée comme Head of Branches .
À la HSBC, une fois ses marques prises, elle se retrouve à gérer une équipe d’une centaine de personnes. Femme de conviction, elle parviendra à faire valoir ses idées.
Ambitieuse, Marie-Christine Liu commence entre-temps des études en marketing. Une tâche ardue car elle devait jongler entre ses nouvelles responsabilités, ses études et sa vie familiale. «Le soir, une fois les enfants au lit, c’est là que je commençais à étudier et cela allait jusqu’à deux heures du matin certains jours. Mais j’adorais ce que je faisais» raconte-t-elle
En 2014, une nouvelle parenthèse de sa carrière s’ouvre. Marie Christine Liu quitte la HSBC pour intégrer l’équipe de la Barclays. Fin 2016, elle est nommée Retail Banking Director et siège sur le Country Management Committee de la banque. Aujourd’hui, la banquière a sous sa responsabilité une équipe de 270 collaborateurs. Loin de s’endormir sur ses lauriers, elle compte bien affirmer ses idées et laisser son empreinte au sein de la banque.
En aparté
Son livre de chevet.
«‘Fingerprints of the Gods’ de Graham Hancock. Je suis extrêmement curieuse quand il s’agit de religions et de cultures. Cela m’intéresse de savoir qu’est-ce qui pousse les gens à croire dans tel ou tel Dieu».
Un pays marquant.
«Mon mari et moi adorons voyager. J’aime les pays qui ont une âme. J’ai adoré le Vietnam. Et j’ai envie de voir l’Inde, la Mongolie, le Sri Lanka, ou encore le Pérou.»
Une faute qui lui inspire le plus d’indulgence:
«L’erreur qui est commise en toute bonne foi».
Un rêve.
«Mes rêves sont en rapport avec mes enfants. Je souhaite qu’ils réussissent leur vie et qu’ils deviennent des gens honnêtes».
Sa philosophie de la vie.
«Je ne crois pas dans la fatalité de l’existence».
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