Publicité

Commission drogue-Prisons: le conflit entre Vinod Appadoo et le syndicat s’accentue

25 mai 2017, 01:11

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Commission drogue-Prisons: le conflit entre Vinod Appadoo et le syndicat s’accentue

 

Siddick Lallmohamed et Jackie Kamanah ont animé une conférence de presse hier pour réclamer la démission du n°1 des prisons. Furieux, le principal concerné soutient que ces deux officiers à la retraite ont une dent contre lui.

«C’est de l’incompétence au plus haut niveau de la prison. Si le Premier ministre est sincère dans sa lutte contre la drogue, qu’il révoque Vinod Appadoo…» Siddick Lallmohamed et Jackie Kamanah, fondateurs de la Prison Officers Association, ont fait une virulente sortie contre le commissaire des prisons, hier, au centre Marie-Reinede-la-Paix, lors de leur conférence de presse. Ils ont affirmé que la situation dans l’univers carcéral, surtout en ce qui concerne le trafic de drogue, a empiré depuis l’arrivée de Vinod Appadoo. Or, ce dernier argue qu’il n’est en poste que depuis dix mois.

Le point de vue des deux gardiens à la retraite rejoint celui de leurs successeurs au sein de l’association, Michel Buckland et Hanson Mungrah, respectivement président et secrétaire de l’association. Ceux-ci ont aussi, lors de leur audition devant la commission d’enquête sur la drogue mercredi dernier et dans un entretien publié dans l’express du samedi 13 mai, mis en cause l’attitude de Vinod Appadoo. Siddick Lallmohamed et Jackie Kamanah disent aujourd’hui «s’attendre au pire en ce qui concerne la drogue en prison».

«Vinod Appadoo is not the right man in the right place», ajoute Jackie Kamanah. Son argument ? «Depuis que Vinod Appadoo est à la tête des prisons, on fait toutes sortes de saisies. On trouve toutes sortes d’armes. La prison est devenue une passoire.» Le syndicaliste à la retraite indique également que si les révélations faites lors des auditions de la commission d’enquête ne l’étonnent pas, il est tout de même «pris au dépourvu par l’ampleur des dégâts». Il va plus loin en affirmant avoir «tiré la sonnette d’alarme»… il y a cinq ans.

Jackie Kamanah estime qu’aujourd’hui, «il n’y a plus ce feel-good factor au sein de la prison. Vinod Appadoo est contre le dialogue. C’est désormais la frustration qui règne. C’est l’incompétence au sommet». Résultat : il dit regretter l’ancien commissaire des prisons, Jean Bruneau.

Siddick Lallmohamed et Jackie Kamanah n’en démordent pas : il faut à tout prix faire la lumière sur les fléaux – outre le trafic de drogue – qui rongent l’univers carcéral. Raison pour laquelle ils réclament un Full-fledged Fact-finding Committee pour se pencher sur les prisons.

Michel Buckland et Hanson Mungrah avaient aussi mis en cause la gestion de Vinod Appadoo, affirmant que l’ancien chef de l’Anti Drug and Smuggling Unit n’était pas un homme de terrain. Contacté par l’express, le principal concerné a fait comprendre que le syndicat de la prison était «frustré» par rapport à la Bank Allowance.

En effet, le Pay Research Bureau recommande que les gardiens de prison inscrits au Bank of Prisons Officers Scheme et qui sont appelés à répondre présent au travail dans les situations d’urgence perçoivent une somme de Rs 640 pour trois heures de travail additionnelles. Sauf qu’à ce jour, ils n’ont pas été payés.

Aucune sanction contre les gardiens incriminés

«À ce jour, je n’ai pas eu de rapport officiel de la commission d’enquête sur la drogue contre ces gardiens de prison. On ne peut pas prendre des actions en se basant sur les articles de presse. D’ailleurs, une éventuelle suspension revient à la Disciplined Forces Service Commission.» C’est ce qu’a fait comprendre Vinod Appadoo, le commissaire des prisons, à l’express.

En effet, plus d’une quinzaine de gardiens de prison sont passés à la loupe de la commission d’enquête sur la drogue depuis que les travaux ont repris, en février. Même si la majorité d’entre eux ont nié avoir un quelconque lien avec des trafiquants de drogue, la commission les a tout de même confrontés à des preuves jugées irréfutables, dont leurs relevés téléphoniques et bancaires. Si certains ont effectué plus de 100 appels à des «barons de la drogue» en prison, d’autres n’ont pas été en mesure de convaincre la commission sur la provenance d’importantes sommes d’argent déposées sur leur compte bancaire.

Malgré tout, à ce jour, il n’y a eu aucune sanction contre tous ces gardiens de prison incriminés par la commission. Ces derniers sont toujours en poste. Dans le milieu, leur présence ne serait plus vue d’un bon œil, notamment par leurs collègues. «Ils portent atteinte au métier de gardien de prison. À cause de leurs actes, le public à tendance à croire que tous sont corrompus», fait comprendre un collège, sous le couvert de l’anonymat.

Vinod Appadoo avoue avoir été surpris par les allégations «graves» formulées jusqu’à présent contre les gardiens de prison. Il explique avoir évoqué le sujet avec le ministre mentor, sir Anerood Jugnauth. «Je savais qu’il y avait des problèmes mais je n’étais pas au courant de l’ampleur des dégâts. Être en contact avec un détenu représente déjà une violation des Standing Orders des gardiens des prisons. Dès que j’aurai les données officielles, des sanctions seront évidemment prises.» Le commissaire des prisons soutient également qu’il est prêt à collaborer avec la commission pour décider de la marche à suivre.

En attendant, l’Anti Drug and Smuggling Unit et l’Independent Commission against Corruption suivent les auditions de près. Selon nos recoupements, la convocation des gardiens de prison qui ont été auditionnés par la commission est envisagée.

Un rapport préliminaire demandé

<p>La commission d&rsquo;enquête sur la drogue a été instituée en juillet 2015 et les travaux ont débuté quatre mois plus tard, soit le 4 novembre 2015. La barre des 200 auditions ayant déjà été franchie, d&rsquo;aucuns s&rsquo;interrogent sur l&rsquo;échéance des travaux qui durent depuis maintenant plus de 18 mois. Du côté de l&rsquo;opposition, un rapport préliminaire est demandé. Au début de l&rsquo;année, le bruit courait que le rapport de Paul Lam Shang Leen et de ses deux assesseurs, Sam Lauthan et Ravind Kumar Domun, était attendu en 2017. Désormais, le pessimiste règne dans les milieux concernés. <em>&laquo;Je pense qu&rsquo;il y a encore du chemin à parcourir, comme vous le constatez d&rsquo;ailleurs. 2017 me semble être ambitieux pour soumettre le rapport&raquo;, </em>soutient un proche du dossier.</p>