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Dj Blind: la musique, sa canne blanche

27 mai 2017, 11:39

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 Dj Blind: la musique, sa canne blanche

Une fois n’est pas coutume, le soleil brille à Curepipe. C’est à Cité Malherbes qu’habite David Parsad. À le voir comme ça, dans son jean slim, son T-Shirt Rock’n’roll, difficile de croire qu’il est aveugle. Mais ce n’est pas une paire d’yeux en moins qui l’empêche de contempler ses rêves. Rencontre tambour battant avec celui qui a plusieurs cordes à son arc.

David a perdu un premier œil lorsqu’il avait 13 ans. «On m’a opéré d’une cataracte à l’hôpital de Moka. Après coup, le médecin m’a seulement dit que j’avais perdu la vue sans me donner plus d’explications…» Des poursuites, ce n’est pas une possibilité qu’il peut envisager, faute de moyens. Alors il vit avec.

Pour l’accompagner au fil des épreuves de la vie, David a toujours pu compter sur ses parents. Ainsi qu’une compagne fidèle : la musique. À coups de pas de danse, le jeune homme de 30 ans fait un pied de nez au destin. Celui qui voulait à un moment devenir pilote mène sa petite barque malgré une mer houleuse.

Mais le drame frappe encore. À 23 ans, son monde s’obscurcit davantage, l’autre œil est touché. Diagnostic : un décollement de la rétine. Ce n’est pas pour autant qu’il laisse tomber son ambition, qui est de vivre de son métier. DJ David se transforme alors en DJ Blind. S’il a choisi ce nom de scène, ce n’est pas par ironie ou sarcasme. «C’est tout simplement parce que je suis non voyant

DJ Blind mix dans des spectacles, il fait le show. Pour l’aider à faire sa playlist, son téléphone. Féru de technologie, il bénit l’avènement de la synthèse vocale. «Tous les téléphones sous Android l’ont. Il suffit d’aller dans les settings pour y accéder

Pendant l’entretien, la maman de David n’est jamais loin. Le sourire aux lèvres, le regard bienveillant, la fierté se lit sur son visage. Ce n’est pas parce qu’on a un handicap qu’on ne peut pas être épanoui, semble dire son silence.

L’argent, ça aide aussi. Beaucoup, même. «Je ne vis pas encore de mon métier, je survis.» Il y a des mois «kot gagn zero sou». D’autres où il touche entre Rs 5 000 et Rs 6 000, rarement plus. Le compte en banque ne pousse pas la chansonnette. Raison pour laquelle l’ancien téléagent s’est reconverti en agent immobilier en herbe. «Mo okip inpé kanpman, kan dimounn bizin pas par mwa

Désormais, pour acquérir plus d’autonomie, il veut faire l’acquisition d’un dispositif appelé MyEye (NdlR, un appareil fixé sur des lunettes, capable de lire un texte pointé du doigt, qui utilise un module d’intelligence artificielle pour identifier des visages ou des produits). Le hic, c’est que ce petit bijou coûte la bagatelle de 4 000 euros, soit environ Rs 160 000.

Cette somme, David ne l’a pas. Mais il ne baisse pas les bras, se retrousse les manches. «J’organise une collecte de fonds pour pouvoir me l’acheter. Je vais essayer de démarcher des sponsors, aussi.» En attendant, DJ Blind continue à se battre. Il n’est pas de ceux qui se laissent abattre, même quand le destin vous met des «baffles».

Il a bien l’intention, par ailleurs, d’entonner la mélodie du bonheur avec sa petite amie, avec les enfants de celle-ci. Il a déjà donné le la.