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Danielle Selvon: «Vous vous trompez quand vous dites que je n’ai aucun avenir politique»
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Danielle Selvon: «Vous vous trompez quand vous dites que je n’ai aucun avenir politique»
Avocate, politicienne et militante pour diverses causes, Danielle Selvon est sur plusieurs fronts. Le dernier en date, le sort des membres de la Vidur Cooperative Society. Elle se garde toutefois de se prononcer sur le parti politique qu’elle envisagerait éventuellement d’intégrer.
C’était comment cette fameuse nuit sans manger à côté des grévistes ?
Ce fut une nuit de grande émotion et de solidarité des deux côtés. Je suis fille d’artisans, née dans enn bitation, un camp ayant peu changé depuis l’esclavage. Mon père était artisan-charpentier et j’y avais une tante, femme laboureur, aujourd’hui retraitée. J’étais à la Vidur Cooperative Society comme au temps de mon enfance. Là-bas, il y a des gens qui ont connu la même vie que moi. Au total, 997 personnes réclamaient des sommes de pas plus de Rs 100 000, soit des économies de toute une vie de travailleur. Ils m’ont dit : «Narnié napa pou tir ou dan nou léker», et nous étions prêts à aller jusqu’au bout.
Est-ce un geste de solidarité ?
Certainement. Je suis toujours sincère dans tous mes engagements. Les marchands ambulants, les travailleurs, les petites et moyennes entreprises. Les habitants de mon village, Goodlands et environs, et de ma circonscription à Port-Louis sont venus témoigner leur solidarité envers les grévistes et moi.
C’était aussi pour avoir une couverture médiatique, non ?
Absolument pas. Au contraire, j’ai voulu sensibiliser la presse, Pravind Jugnauth et le gouvernement au sort des gens qu’ils avaient ignoré jusqu’ici dans l’affaire BAI, parlant de «grève des millionnaires», ce qui est une inexactitude. Le Premier ministre (PM) a avoué qu’il avait ignoré qu’ils devraient être payés. Alors, la couverture médiatique n’était pas pour ma personne, mais pour mon combat pour la justice et l’équité.
Vous êtes tout de même politicienne. Une couverture médiatique est toujours bonne…
Bonne pour mes objectifs de justice, de liberté et d’égalité dans mon engagement de militante.
Le leader du Mouvement militant mauricien (MMM), Paul Bérenger, a déclaré qu’il apprécie votre geste. Est-ce un compliment ou une situation embarrassante ?
Merci de me donner l’occasion de remercier Paul Bérenger et aussi Arvin Boolell, du Parti travailliste (PTr) qui nous ont rendu visite, ainsi que d’autres parlementaires et politiciens qui sont venus nous témoigner leur solidarité.
Quand avez-vous parlé pour la dernière fois au leader du MMM ?
Au Parlement. Il y a plusieurs jours.
Quand est-ce que vous enverrez votre lettre pour intégrer le MMM ?
Je n’écris aucune lettre pour intégrer le MMM. J’ai d’excellentes relations au Parlement avec tous les membres de l’opposition. Je vous dirai, en temps et lieu, si je vais adhérer à un parti politique.
Êtes-vous consciente que, sans parti, vous n’avez aucun avenir politique ?
C’est vous qui le dites. Toute la presse s’est trompée sur l’issue des élections générales de 2014, et aussi en ce qui concerne mon élection dans la circonscription n°1. Votre journal avait écrit que je ne décollais pas. Mon époux, Sydney Selvon, des activistes du MMM et du PTr ont travaillé pour moi, de même que mes propres agents, dont la plupart me sont restés fidèles. Vous vous trompez aussi quand vous dites que je n’ai aucun avenir politique et je suis catégorique à ce sujet.
Si ce n’est pas le MMM, ce sera quel autre parti ?
Je ne tomberai pas dans le piège. Je n’ai pas encore pris de décision si oui ou non je me joindrai au MMM ou à un autre parti.
Est-ce que le PTr vous tente ?
Je viens de répondre à votre question.
L’ancien PM, sir Anerood Jugnauth (SAJ), vous a demandé au Parlement si vous avez envie de fumer du cannabis. Comment prenezvous cette remarque ?
Je ne l’ai pas entendue, mais on me l’a dit après. Mais SAJ est un homme que je respecte pour son âge et pour son passé. Il a dit cela, et alors ? Je n’ai jamais fumé de cannabis, ni en ai-je l’envie. Si vous m’avez bien compris, j’ai dit que Maurice importe et exporte du cannabis en vertu de ses lois douanières, en particulier le règlement 53.02 du Mauritius Customs Tariff Schedules (Integrated tariff) HS version 2012 with amendements to 1 January 2016. Les conseillers de SAJ lui ont fait dire au Parlement que ce n’est pas vrai, que c’est de la fiction ! J’ai dit que les parlementaires portent des vêtements de luxe en cannabis. Les conseillers au PMO disent aussi que c’est faux, alors que le cannabis et le chanvre sont une même plante, le Cannabis Sativa L et que c’est le matériau préféré des grands couturiers que les parlementaires adorent, incluant ceux qui gouvernent le pays.
N’empêche que vous menez une bataille pour dépénaliser le gandia.
Faux. J’ai réclamé des études avant toute tentative de «re-légalisation» du gandia, qui était légal et vendu dans les pharmacies et les boutiques de 1884 à1934 à Maurice. J’ai demandé une approche plus souple face au cannabis et plus sévère contre les drogues qui tuent. On peut légaliser le cannabis pour usage industriel afin d’aider les petits et gros planteurs de canne à survivre au-delà de 2017, comme en Australie. J’ai d’ailleurs dénoncé le fait que nous envoyons aussi des hommes d’affaires mauriciens et français en prison pour l’importation du cannabis destiné à l’alimentation animale, qui est cultivé à grande échelle en Europe et dans plusieurs autres régions du monde dans le secteur agro-industriel. Cela veut-il dire que je veux fumer le cannabis ? Mais je suis pour un changement des lois pour qu’on enlève l’accélérateur sur le cannabis et qu’on traque les drogues dures qui tuent tous les jours. Alors que le cannabis n’a tué et ne peut tuer personne, si on interdit certains dérivés.
N’oubliez pas que Rama Valayden a essayé avant vous et qu’il a pratiquement chuté…
On est au XXIe siècle Monsieur.
Vous êtes avocate et militante. Le Directeur des poursuites publiques (DPP) a fait comprendre que l’illégalité de la sodomie pourrait être anticonstitutionnelle. Votre avis ?
Votre question porte sur l’article 250 du Code pénal contre certaines mœurs. L’article 377 du Code pénal de l’Inde allait dans le même sens. Maurice ne reconnaît que deux genres, masculin et féminin. L’Inde en reconnaît trois, suivant deux jugements de la Cour suprême indienne. Les autres grandes démocraties ont commencé à reconnaître six genres. En Inde, les transgenres (et les eunuques) sont le troisième sexe depuis 2014, excluant, sous un jugement en 2017, homosexuels et bisexuels. Les transgenres bénéficient de la discrimination positive sous la loi. Des législateurs indiens veulent introduire des lois pour reconnaître six genres. Les traditions culturelles indiennes étaient durant des milliers d’années, comme en témoignent de nombreuses sculptures anciennes, très tolérantes vis-à-vis des genres autres que masculin et féminin.
La pratique tolérée de certaines mœurs odieuses dans des ordres religieux comprend la pédophilie. Une demande pour la reconnaissance des pédophiles comme un genre est tout aussi inacceptable. Je pense que l’interdiction de la bestialité doit rester dans la loi. C’est dans ce contexte que le DPP, Me Satyajit Boolell, a raison d’appeler à la réflexion. Il faut associer des autorités médicales et scientifiques de haut niveau au débat. Il faut des chiffres pour aider à combattre certaines maladies sexuelles. Aux USA, il a été estimé, lors d’un Gallup Poll, en 2016, que 4,6 à 6,2 % de la population de la côte ouest sont homosexuels, bisexuels et transsexuels. À Maurice, il faut une recherche scientifique importante dans le contexte de la santé publique.
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