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Librairie Bourbon: une vie à travers les manuels scolaires
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Librairie Bourbon: une vie à travers les manuels scolaires
Plus de quarante ans que Josian Tobie travaille à la librairie Bourbon. Il se désole que de plus en plus, les jeunes lisent moins.
À l’intérieur de la librairie Bourbon, à Port-Louis, un désordre indescriptible. Des manuels scolaires sont éparpillés sur la table. D’autres, sagement rangés sur les étagères. Il y en a là 5 000 au total. Josian Tobie, 69 ans, est le seul à se retrouver dans ce capharnaüm.
«Mo koné kot bann liv été kouma enn farmasien koné kot so médikaman été», lâche-t-il avec le sourire, fort de sa quarantaine d’années d’expérience. En effet, le bonhomme retire de ce désordre, sans se tromper, un à un les livres mentionnés sur les listes que lui présentent les parents. Pas besoin pour lui non plus de consulter les prix, il les connaît de mémoire.
La librairie Bourbon est très connue des Mauriciens. Elle occupe une bonne place dans le domaine de la vente de manuels scolaires neufs et de seconde main, de la Form I à la Form VI. Et lorsque ces livres sont inutilisables, Josian Tobie les rachète pour 40 % ou 50 % de leur valeur. Cette somme est déduite du montant des livres que les parents achèteront par la suite. À ses dires, 80 % des parents mauriciens achètent, chaque année, des manuels scolaires de seconde main.
Complete French Course by W.F. H Whitmarsh est le plus vieux manuel scolaire utilisé par les élèves du secondaire actuellement, soutient Josian Tobie, qui travaille avec sa soeur. Celui-ci a été publié pour la première fois en 1935. Suivi d’une nouvelle impression complète en 1965 et la dernière en 2010. L’Eastern College a été parmi les premiers établissements d’enseignement secondaire à utiliser ce manuel.
Outre des manuels scolaires, Josian Tobie vend des romans. Et d’ici peu, ironise-t-il, «je devrais proposer des tablettes». Il estime, en fait, que la distribution prochaine de tablettes et le Wi-Fi dans les écoles aura un effet néfaste sur les imprimeurs, les importateurs et les librairies. Il en veut pour preuve le fait qu’en l’espace de dix ans, la vente de dictionnaires, Le Larousse en particulier, a connu une baisse d’environ 7 %.
«La lecture disparaît petit à petit avec lles ordis et tablettes.» Et Josian Tobie se dit triste de constater qu’année après année, ils sont de moins en moins nombreux à lire. «Autrefois, les enfants et les parents étaient tous abonnés à la bibliothèque de la municipalité de Port-Louis. Les enfants se querellaient pour un livre de Spirou, Tintin, Lucky Luke… »
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