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Prêt de rs 18 milliards de l’Inde: derrière l’opacité…

29 mai 2017, 13:18

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Prêt de rs 18 milliards de l’Inde: derrière l’opacité…

Les interrogations fusent autour du prêt octroyé par l’Inde. D’autant plus que seuls des «projets prioritaires» sont évoqués pour l’utilisation de ces fonds. Le contrat effectué par une nouvelle entité, la SBM Mauritius Infrastructure Development Company, intrigue également.

C’est à une semaine de son grand oral, prévu le 8 juin, que Pravind Jugnauth s’est envolé vers l’Inde. Dans le but d’obtenir davantage de marge de manoeuvre pour le Budget ? Tout porte à le croire. D’autant plus qu’il est rentré au pays hier soir avec dans ses valises : une ligne de crédit de Rs 18 milliards consentie par la Grande péninsule. Quelles sont les conditions rattachées à ce prêt ? Pour quels projets ? Aucune indication pour l’heure sur ce que compte faire le gouvernement de cet argent. L’annonce sera probablement faite à l’issue du Budget.

Mais les interrogations fusent déjà. D’autant qu’avant son départ, Pravind Jugnauth avait, par exemple, déclaré aux grévistes de l’ex-BAI qu’il comptait solliciter le financement indien pour le remboursement des clients des plans Super Cash Back Gold et Bramer Asset Management. Selon toute probabilité, ce n’est pas cet emprunt qui servira à cela.

Déjà, samedi, sur son compte Facebook, le Premier ministre indiquait que «le gouvernement indien a pris la décision d’accorder une ligne de crédit de 500 millions USD au gouvernement mauricien afin d’aider à l’exécution des projets prioritaires». Sans toutefois détailler les projets. Mais plusieurs questions méritent d’être posées autour de ce décaissement de l’Inde.

Pourquoi un contrat SBM-Exim Bank ?

	<p>Il s&rsquo;agit d&rsquo;un <em>&laquo;colourable device&raquo;. </em>Le leader de l&rsquo;opposition, Xavier-Luc Duval, est catégorique : l&rsquo;accord entre la SBM Mauritius Infrastructure Development Company Limited et l&rsquo;Export-Import Bank of India (Exim) vise uniquement à empêcher que l&rsquo;emprunt n&rsquo;apparaisse dans la dette extérieure. Au risque d&rsquo;avoir une mauvaise note de Moody&rsquo;s.<em> &laquo;Pourquoi avoir recours à l&rsquo;Inde pour un emprunt quand Maurice peut utiliser l&rsquo;excès de liquidités ?&raquo; </em>se demande-t-il.</p>
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À quel taux ?

	<p>Même le taux d&rsquo;intérêt quant à cet emprunt n&rsquo;a pas été divulgué. <em>&laquo;Est-ce que Maurice a bénéficié d&rsquo;un taux préférentiel ou d&rsquo;un taux normal ?&raquo; </em>s&rsquo;interroge le président de la commission économique du Mouvement militant mauricien, Reza Uteem. L&rsquo;on se souviendra qu&rsquo;en 2015, Maurice n&rsquo;avait pas donné suite à un prêt d&rsquo;un même montant, octroyé par l&rsquo;Inde, lorsque le Premier ministre indien, Narendra Modi, était en visite officielle à Maurice.</p>

	<p>L&rsquo;une des raisons avancées était que le taux d&rsquo;intérêt était trop élevé. Le gouvernement mauricien avait, du reste, estimé qu&rsquo;il peut obtenir un taux inférieur dans d&rsquo;autres pays. De plus, pour avoir accès à cette ligne de crédit, l&rsquo;île Maurice devait s&rsquo;approvisionner en Inde en termes de matières premières, de services, entre autres. Conditions qu&rsquo;avait alors refusées le gouvernement mauricien.</p>

	<p>À Reza Uteem d&rsquo;ajouter que même si l&rsquo;Inde est une grande amie de Maurice, il est important de savoir si Maurice aura &laquo;<em>value for money</em>&raquo; en ce qui concerne les &laquo;<em>procurement</em>&raquo;. D&rsquo;autant plus que vraisemblablement, la condition de ce prêt selon laquelle Maurice devra avoir recours uniquement aux services offerts par l&rsquo;Inde, limitant par-là la compétition, a dû subsister...</p>
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Jeu arithmétique pour rembourser les clients de la BAI

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		<figure class="image" style="display:inline-block"><img alt="" src="/sites/lexpress/files/images/scbg-pravind.jpg" />
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				Des grévistes de la SCBG rencontrant le Premier ministre Pravind Jugnauth le 15 mai 2017.</figcaption>
		</figure>
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	<p><em>Quand l&rsquo;EXIM Bank prête de l&rsquo;argent, ce n&rsquo;est que pour des projets commerciaux &raquo;, </em>insiste Reza Uteem. Qu&rsquo;en est-il donc de la déclaration de Pravind Jugnauth selon laquelle il sollicitera l&rsquo;Inde au cours de sa mission officielle pour obtenir le financement nécessaire en vue de rembourser les clients de l&rsquo;ex-BAI ? <em>&laquo;A-t-il abordé le sujet avec Narendra Modi et dans quelle mesure la Grande péninsule viendra-t-elle en aide sur ce dossier ?&raquo; </em>s&rsquo;interroge Reza Uteem.</p>

	<p>Pour sa part, le leader de l&rsquo;opposition est d&rsquo;avis que le Premier ministre utilisera le prêt octroyé par l&rsquo;Inde pour divers projets tels que le Metro Express. En fait, dans le cadre de ce chantier routier, des investissements de Rs 17,7 milliards sont prévus.</p>

	<p>En réponse à une <em>Private Notice Question </em>le 28 mars, le ministre des Infrastructures publiques avait indiqué que, déjà, l&rsquo;Inde avait accordé un financement de Rs 9,9 milliards. Il restait à trouver la somme restante, soit un peu plus de Rs 7 milliards. C&rsquo;est ce qui fait dire à Xavier-Luc Duval que l&rsquo;argent qui devait être utilisé pour un autre projet prévu dans le Budget pourrait éventuellement être utilisé pour les rembourser.</p>
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Rs 18 milliards, le plus gros prêt octroyé

	<p>Ce n&rsquo;est pas la première fois que le gouvernement mauricien sollicite l&rsquo;aide financière de la Grande péninsule. Voici quelques dates clés des emprunts octroyés par l&rsquo;Inde.</p>

	<p>Un des premiers projets financés par la Grande péninsule date de 1983. L&rsquo;Inde avait octroyé un prêt de Rs 31,6 millions à Maurice pour la construction de l&rsquo;hôpital Jawaharlal Nehru.</p>

	<p>En 1998, l&rsquo;Inde avait accordé un don de Rs 5 millions au Mahatma Gandhi Institute. Par la suite, l&rsquo;institution avait bénéficié de Rs 500 000 chaque année pendant dix ans. Une partie de la construction du Rabindranath Tagore Institute avait aussi été prise en charge par l&rsquo;Inde.</p>

	<p>En 2001, le gouvernement indien avait accordé un prêt de 100 millions de dollars à Maurice pour la construction de la <em>Cyber</em> <em>Tower </em>à Ébène.</p>

	<p>La même année, la première pierre du Rajiv Gandhi Science Centre a été posée par sir Anerood Jugnauth et Sonia Gandhi. L&rsquo;Inde s&rsquo;est occupée de l&rsquo;aménagement du centre au coût de Rs 50 millions.</p>

	<p>En 2003, l&rsquo;accord sur un des projets les plus emblématiques financés par l&rsquo;Inde a été signé sous le gouvernement MSM-MMM. Ce, pour la construction du Swami Vivekananda International Convention Centre. L&rsquo;Inde avait accordé un prêt de 12 millions de dollars (Rs 350 millions), dont 50 % consistait en dons.</p>

	<p>En 2005, Navin Ramgoolam avait négocié une ligne de crédit de 100 millions de dollars, soit environ Rs 3 milliards avec l&rsquo;Inde pour développer le secteur énergétique et la sécurité maritime à Maurice. Rs 750 millions de cette somme étaient en dons.</p>

	<p>En 2009, l&rsquo;Inde avait financé l&rsquo;achat d&rsquo;un hélicoptère <em>Dhruv </em>pour Maurice pour la somme de 25 millions de dollars (Rs 850 millions).</p>

	<p>En 2016, Maurice a bénéficié d&rsquo;un <em>grant </em>de Rs 12,7 milliards de l&rsquo;Inde. Rs 9,9 milliards devaient être utilisées pour financer le projet Metro Express, Rs 1,1 milliard pour le nouveau bâtiment de la Cour suprême, Rs 700 millions pour des logements sociaux, Rs 500 millions pour les tablettes tactiles dans les écoles et Rs 500 millions pour le nouvel hôpital ENT.</p>
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