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Mauritius Telecom: salaire de Rs 1 million pour Sherry Singh?

29 mai 2017, 20:46

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Mauritius Telecom: salaire de Rs 1 million pour Sherry Singh?

Rs 1 million. Rajesh Bhagwan, député du Mouvement militant mauricien, affirme que le salaire, avantages inclus, de Sherry Singh avoisine cette somme. Pour sa part, le Chief Executive Officer (CEO) de Mauritius Telecom (MT) maintient le suspense. Se contentant de dire que sa paie est loin d’atteindre ce chiffre. Pourquoi, donc, ceux qui sont dans le secret des Dieux persistent-ils à garder le flou ?

L’express a enquêté du côté de la Telecom Tower, à la rue Edith Cavell, Port-Louis. Ce que l’on sait, c’est que comme ses prédécesseurs à ce poste, le CEO de MT a droit à un package qui comprend un salaire de base, un bonus de fin d’année, un pourcentage sur les bénéfices du groupe, 25 % de gratuity (NdlR, somme d’argent accordée après 12 mois de travail), passage benefits, une voiture avec chauffeur, une allocation essence, des per diem à chacun de ses voyages, une allocation de divertissement, un hébergement ainsi que d’autres avantages en tant que président ou directeur des compagnies d’investissement et des filiales de MT, à Maurice comme à l’étranger.

Fac-similé du bilan financier de Mauritius Telecom pour l’année. 2015.

Sauf que Sherry Singh est le président de quasiment l’ensemble de ces sociétés. Nommément Cellplus Mobile Communications Ltd, Telecom Plus Ltd, Teleservices (Mauritius) Ltd, Call Services Ltd, MT Properties Ltd, the Mauritius Telecom Foundation, MT International Ventures Ltd PCC, MT Services Ltd (cette compagnie est l’agence de recrutement des employés du groupe), Telecom Vanuatu Ltd (TVL) et CSL Madagascar (filiale qui propose des services de centre d’appels). MT est aussi associée à Blanche Birger & Continuity d’Afrique du Sud.

Expatriés de la direction

Interrogé, un ancien habitué du boardroom de MT confiera que les compagnies d’investissement et les filiales du groupe rapporteraient chacune des rémunérations oscillant entre Rs 25 000 et Rs 50 000 par mois à leur président. «Au final, l’addition s’élève à plus d’un million de roupies. D’ailleurs, le CEO ne peut percevoir moins que son adjoint et Chief Operating Officer, ou encore le Chief Financial Officer, entre autres, expatriés de la direction», indique une source qui connaît bien le milieu.

À titre informatif (et le chiffre est public), Stéphane Richard, PDG d’Orange (ex-France Télécom), a touché, en 2015, une rémunération globale de 1, 44 million d’euros. Ce qui fait quelque Rs 57,8 millions. Soit, une moyenne de Rs 4,8 millions par mois.

Seule indication dans le rapport annuel de MT pour l’année financière de 2015 : la masse salariale s’élevait à Rs 2,8 milliards contre Rs 2,5 milliards pour l’année précédente. D’après nos recoupements, cela représenterait quelque 33 % des dépenses du groupe.

C’est le Remuneration Committee au sein du conseil d’administration de MT qui décide des différents salaires, dont celui du CEO. D’ordinaire, ce comité est présidé par le chairman de MT. Sauf qu’à ce jour, personne n’a été nommé en remplacement à Asraf Dulull. Ce dernier a démissionné de ce poste en décembre 2014 après la victoire de l’alliance Lepep aux élections générales. Ce qui lui fait dire que s’il y avait un chairman, «le CEO aurait eu à rendre des comptes à celui-ci, mais aurait surtout eu un droit de regard sur les décisions de l’entreprise ainsi qu’une séparation des pouvoirs».

Pour Asraf Dulull, il y aurait trois raisons pour lesquelles MT serait toujours sans président: «Soit, c’est délibéré, ou elle n’a pas pu trouver une personne à la hauteur ou il n’y a pas eu de consensus.» L’ancien Chairman renchérit et affirme que le gouvernement ne peut se cacher derrière la Companies Act pour ne pas répondre aux questions sur MT à l’Assemblée nationale : «MT ou autres entreprises de l’État comme Air Mauritius sont privées certes, mais sont aussi à caractère public puisque le gouvernement, c’est-à-dire le peuple, en est le principal actionnaire.» Et, le public, dit-il, a le droit de savoir comment ses compagnies sont gérées pour que «MT, par exemple, ne devienne une vache à traire»