Publicité
Joanne Sadayen Labonne, 33 ans: la laveuse de voitures roule sa bosse
Par
Partager cet article
Joanne Sadayen Labonne, 33 ans: la laveuse de voitures roule sa bosse
Elle ne porte pas de crop top. Pas de short en jean aussi court qu’une mèche de pétard. Elle ne se vautre pas dans la mousse, comme les pin-up qui ont trop chaud en plein hiver dans les films. Joanne arbore, en ce jeudi matin, un T-shirt gris tout simple. Elle a des bottes en caoutchouc aux pieds. Chiffon à la main, elle s’attelle à faire briller un pare-brise. Rencontre entre deux coups de Kärcher
Joanne respire la forme. Les cheveux tirés en arrière, sourire vrombissant en avant. Oui, ça roule pour elle. Cela fait trois ans depuis que cette maman de trois enfants, âgés de 7, 13 et 16 ans, exerce le métier de laveuse de voitures. Par hasard. «Mo ti pé lav loto enn lot plas. Inn gagn nef mwa, monn vinn isi an personn. Mo ti pé anvi inpé sanzman. Toulétan mo ti kontan fer travay zom…»
Madame Propre a d’ailleurs été tour à tour maçon, menuisier, entre autres. Mais elle ne s’est jamais vue en gratte-papier. «Pourtan, mo konn lir ek ékrir, monn fer Form III.» Ce qu’elle préfère, c’est le «valeting», faire en sorte que les véhicules brillent comme un sou neuf. «Je suis à l’aise ici. Je ne suis pas enfermée entre quatre murs.»
Attention, déclaration féministe en vue. Si ses patrons lui font autant confiance, c’est parce que «les femmes sont plus méticuleuses que les hommes. Elles sont en général plus fiables». Est-ce que ces mêmes patrons sont généreux pour ce qui est du salaire ? Ou est-ce qu’il lui arrive de devoir nettoyer le fond du porte-monnaie ? «Kas korek. Mo baz sé Rs 9 000 ek mo kapav gagn Rs 11 000 si mo fer overtime.» De quoi vivre décemment, payer son loyer, rouler sa cuisine et gâter ses enfants, précise celle qui s’est séparée du père de ses enfants.
Les journées de Joanne démarrent sur des chapeaux de roues, en général à 8 heures. La course quotidienne contre la montre se termine aux alentours de 17 heures. Des voitures, elle en lave une dizaine par jour, un peu plus les week-ends, «kan dimounn bizin sorti, al fet tousala». Les coûts pour que la voiture puisse se refaire une beauté ? Rs 225 à monter pour un lavage et un coup d’aspirateur et Rs 1 500 et plus pour une remise en forme complète, du toit aux roues.
Et puis, quand elle ne travaille pas, Joanne passe du temps avec ses «bébés», ou alors à «zwé game». Elle les encourage à étudier assidûment, mais le plus important, c’est qu’ils retiennent les leçons dispensées à l’école de la vie, affirme Joanne. Parenthèse coup de gueule. «Get sa bann zénes-la enn kout, pé marsmarsé dan lari, péna nanié pou fer. Zot bizin rod enn travay. Kan ou péna, personn pa pou donn ou.»
Joanne, elle, a toujours franchi les obstacles dans l’automobile de la persévérance. Plus tard, elle souhaite, pourquoi pas, avoir son propre business, de lavage de voitures, qui sait. Avec une telle détermination, on voit mal comment le rêve ne pourrait pas arriver à destination.
Publicité
Les plus récents