Une virée à Poudre-D’Or et ses bâtiments historiques nous sautent aux yeux. Sauf que la plupart sont en ruine, lorsqu’ils n’ont pas carrément été démolis. Une situation qui suscite colère et tristesse chez les habitants. À l’instar de Désiré Brasse et Johny Allas, respectivement president et secrétaire de l’association des forces vives du village. «Nous sommes des porte-parole mais, ici presque tous les habitants sont tristes et en colère de constater que plusieurs bâtiments historiques du village sont soit démolis soit laissés à l’abandon», lance Désiré Brasse. 

Pas plus tard qu’en février, un bâtiment historique a été démoli par le conseil du village. Celui-ci avait, autrefois, été utilisé comme bureau sanitaire et dispensaire. Mais cela faisait plus de 35 ans que le site avait été laissé à l’abandon. «Nous voulons savoir pourquoi le conseil a pris la décision de démolir cette partie de notre histoire, lâche Désiré Brasse. Et, surtout, où sont passées les pierres et roches du bâtiment.» 

Interrogé, Ravin Birbul, le président du village, explique que le conseil a pris la décision de démolir l’ancien bâtiment à la suite des nombreuses plaintes des habitants qui habitent dans le voisinage. «Il n’y avait pas un bâtiment mais des ruines. Des activités louches s’y déroulaient souvent.» 

Ce n’est pas tout. «Le mur avait commencé à céder et c’était très dangereux pour les enfants qui venaient ici pour jouer», ajoute-t-il. Ainsi, au dire de Ravin Birbul, «pour la sécurité des habitants et pour mettre un frein à ces activités illégales», la décision a été prise, «avec l’accord des autorités concernées» – le terrain appartenant au ministère de la Santé –, de raser l’endroit. 

Quid des pierres ? Celles-ci, affirme le president du village, ont été conservées au bord de la plage. Elles devraient servir à la construction de bancs dans des lieux publics.

Le campement de la propriété Lagesse en ruine

Les bâtiments, connus comme «campement Lagesse», situés sur la plage de Poudre-D’Or et qui font partie du patrimoine mauricien, ont, semble-t-il, eux aussi été oubliés. Le fait est que ni le conseil du village, ni le conseil de district, ni la Beach Authority ne peuvent en prendre la responsabilité. Le terrain étant, en effet, en bail. Résultat : l’endroit est devenu un repaire pour les drogués et les prostituées. 

Sur place, nous constatons plein de déchets, de petits flacons de sirop de toux, des bouteilles d’alcool, des traces de feu. Pire, des roches et des pierres commencent à disparaître. «Toulézour dimounn vinn kokin ros isi», indique Johny Allas. 

Pour les membres des forces vives, c’est toute une partie de l’histoire du village et de Maurice qui se perd.