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Rivière-Des-Galets: la sortie du tunnel bientôt pour des habitants déçus

8 juin 2017, 11:14

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Rivière-Des-Galets: la sortie du tunnel bientôt pour des habitants déçus

Le constat est évident. La plage est défigurée. Des débris charriés par les vagues jonchent le sable un peu partout. Le littoral a subi l’agression des grosses vagues et, avec le temps, la distance entre la mer et les maisons a beaucoup diminué. Face à cette dégradation prononcée, les habitants ont essayé de trouver des solutions pour se protéger: murets en béton et en pierre, haies faites de pneus usagés et de bois. Tels sont leurs recours contre les caprices de la mer.

Entre les vagues et ces barrières improvisées, le casier fait de fil de fer épais et contenant des pierres n’inspire pas la sécurité. Ces gabions devaient faire office de rideau protecteur et empêcher l’eau d’atteindre leur maison. Mais ils semblent sur le point de céder à n’importe quel moment.

Alors que nous marchons le long de cette partie habitée, une petite bonne femme nous lance furtivement un regard curieux. Elle, c’est Marlène Mariva. Aussitôt qu’elle nous voit en train d’observer les lieux, elle entame la conversation.

Elle est née et s’est mariée ici. Elle a vécu là pendant 60 ans avec ses trois fils et son mari, qui vient d’être amputé des jambes à cause du diabète. À l’époque, raconte-telle, les gabions avaient résisté aux houles.

«Lamer ti bien lwin avan. Apré sounami tou inn sanzé. Sa miray ros la souvan kasé. Pena résif isi. Sak fwa bann vag la lav disab la, lerla miray la kasé.» Après toutes les années passées là, pense-t-elle pouvoir quitter les lieux un jour ? «Komansman momem mo pa ti dakor akoz mo ti tro abityé isi. Mé aster nou per pou nou sekirité.»

Elle se souvient des jours où la frayeur était palpable. «Kan ti gagn alert sounami nou ti bizin kit lakaz alé. Nou ti al dan lakour Winner’s aswar. Pa ti ena aukenn plas pou alé. Kan alert la inn levé, nou ti rétourné. Delo ti rant dan lakaz. Ti perdi inpé zafer. À lepok minis Bappoo ti donn enn konpansasion.» Elle tente aussi de se rassurer. «Si zamé ena problem, banla vinn sers nou. Aster liver la, pa pou ena boku problem.»

Avec le temps, et sous l’effet des vagues; la plage a subi l’érosion. De guerre lasse, les habitants ont eux-mêmes tenté de construire une barrière de protection.

Terrain identifié

Un peu plus loin, nous rencontrons Marie Noëlle Frederica Cotte. Elle aussi est née à Rivière-des-Galets. Pendant les 35 ans passés dans ce village, elle en a vu «des vertes et des pas mûres. Kan mo ti tipti ti ena enn gran la plen ant lamer et lakaz. Mé aster inn sanzé net.»

Contrairement à notre précédente interlocutrice, elle se montre catégorique : «Mo ti pou kontan pou bozé. Mo pansé pou fer katriem fwa pou aranz sa miray la et de trwa fwa inn vizit sit. Sak fwa letan gaté nou bizin sorti lor semin.»

En l’entendant se plaindre, une voisine s’approche. Elle aussi ajoute qu’elle aurait aimé déménager, mais «à kondision ki zot ranbours nou ban dépans ki nounn fer pou nu lakaz.»

À chaque raz-de-marée ou averse, c’est la frayeur qui les envahit. Dans ce village du sud-ouest de Maurice, les habitants ont longtemps oublié le plaisir de vivre pied dans l’eau. Conséquence du changement climatique, la mer gagne du terrain et avance vers les habitations qui longent le littoral.

Une proposition en vue de reloger les habitants du front de mer avait été faite en 2014, après des inondations et de fortes houles. Le conseil de district de Savanne, le National Disaster Committee et le ministère des Collectivités locales étaient arrivés à ce consensus. Deux années plus tard, on avait annoncé qu’un terrain avait été identifié et que les dé- marches étaient en cours pour son acquisition. Quatorze familles étaient concernées.

Un an après qu’on leur avait annoncé qu’ils allaient être relogés, les habitants ont perdu espoir. Ils ont la certitude que le projet a été annulé.

Sons de cloche

Si l’on en croit Jean-Claude Mangue, président du centre communautaire de Rivière-des-Galets, «le projet n’aboutira pas. Déjà au début, certains ne voulaient pas bouger et, avec le temps, c’est devenu de plus en plus difficile de les convaincre. Quelques-uns parmi ceux qui étaient pour le relogement ont même changé d’avis». Il ajoute que suivant la réunion d’un comité il y a quelques jours, la décision a été prise de réparer les gabions. «Les travaux ont commencé cette semaine. Les ouvriers et ceux en charge ont déjà identifié l’endroit où ils placeront leurs conteneurs. Ils ont même déjà déposé les matériaux.» Interrogé à ce propos, le bureau du ministre du Logement et des terres répond que «le projet de relogement des habitants victimes de la montée des eaux à Rivière-des-Galets tient toujours. Un terrain a déjà été identifié pour le relogement des familles concernées. Les procédures d’acquisition du terrain ont déjà été enclenchées.»