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Que sont-ils devenus? Rohit Beedassy: «Le Metro Express sera un éléphant blanc»

10 juin 2017, 13:58

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Que sont-ils devenus? Rohit Beedassy: «Le Metro Express sera un éléphant blanc»

Né à Floréal le 21 octobre 1941 et médecin de formation, Rohit Beedassy est un ancien ministre des Travaux. Fort de son expérience dans le domaine, il affirme sans ambages que le métro sera un éléphant blanc. Actuellement à la retraite, il passe le plus clair de son temps aux côtés de son épouse, Zinaida, une Ukrainienne. Retour sur le parcours de cet homme qui a connu plusieurs partis politiques.

«La politique pour moi est une affaire de famille.» Son père, ainsi que son frère, étaient conseillers municipaux à Curepipe. Lorsque Rohit Beedassy rentre au pays en 1973, il est, soutient-il, choqué par l’étendue de la misère qui prévaut dans le pays. «Alors, j’avais décidé d’effectuer des consultations gratuites pour les habitants de Cité Mangalkhan une fois par semaine», dit-il. Ce contact avec les gens l’incite à faire de la politique en se rejoignant au Parti travailliste (PTr). Il s’aperçoit vite que les jeunes n’y sont pas les bienvenus. «Les anciens maltraitaient les jeunes en dépit du fait que nous avions des bonnes idées à partager. D’ailleurs, la majorité des jeunes candidats du PTr en 1976 avaient été élus.» Cette situation pousse les jeunes adhérents vers la  contestation. Rohit Beedassy, Harish Boodhoo et le défunt Radha Gungoosing sont alors expulsés du PTr.

Les trois décident de créer le Parti socialiste mauricien (PSM) et entament une série de meetings de dénonciation sur le terrain. Le PSM s’allie au Mouvement militant mauricien (MMM) pour les élections générales de 1982 et la victoire est sans appel : 60-0. Cette alliance est toutefois de courte durée. «Il y avait trop de clash de personnalités au sein de cette alliance. Nous n’étions pas d’accord avec une éventuelle hausse du prix du riz et de la farine, surtout à une époque où le pays avait environ 80 000 chômeurs et que la pauvreté battait son plein.» À l’époque, sir Anerood Jugnauth était le leader du MMM. «Nous avions décidé de dissoudre le PSM pour intégrer le MSM au sein de l’alliance bleublanc- rouge. C’est peut-être le meilleur gouvernement que le pays ait connu jusqu’ici.» Au sein de cette alliance, Rohit Beedassy devient alors le ministre des Travaux.

Lors de son mandat, Rohit Beedassy est la cheville ouvrière derrière la création de plusieurs routes, ainsi que l’acquisition de terres pour la route menant à l’aéroport. Il a toutefois un regret, celui de n’avoir pas pu introduire un mode de transport alternatif entre Port-Louis et Curepipe. «J’avais reçu une offre de la Belgique en 1984 pour introduire le train entre Curepipe et Port-Louis. Le projet allait  coûter seulement Rs 325 millions. Mais, malheureusement, le projet n’avait pas été approuvé par le Conseil des ministres», fait-il valoir. «Ce n’est que maintenant qu’on se propose de venir de l’avant avec le Metro Express, qui va coûter des milliards au pays.»

L’ancien ministre affirme qu’en allant de l’avant avec le projet de Metro Express, cela va, certes, créer de nouveaux emplois. Mais, en parallèle, plusieurs lignes desservies par les autobus ne seront plus profitables. «Ils devront plier bagages car on ne peut pas avoir un mode de transport alternatif qui opère en parallèle avec les compagnies d’autobus. C’est pourquoi, je dis que le Metro Express sera un éléphant blanc. En l’absence de passagers, on va devoir cette fois-ci subventionner le métro et les compagnies d’autobus alors que le gouvernement a déjà dépensé des milliards à travers des subsides accordés aux compagnies d’autobus», confie-t-il.

«On est en train de dépenser des milliards avec le Metro Express pour faire plaisir aux citadins uniquement. Est-ce que c’est logique quand on sait que toute l’île Maurice est en train de payer la RoadTax ? Il faut bien réfléchir avant d’introduire le métro. L’Inde va dire oui au pays parce que la compagnie qui va réaliser le projet vient de la grande Péninsule et, en sus de cela, l’investissement vient de là-bas», fait remarquer l’ancien ministre.

À la retraite depuis 2006, Rohit Beedassy passe le plus clair de son temps aux côtés de son épouse Zinaida. Il effectue fréquemment des voyages et reste en contact avec ses anciens collègues politiciens. C’est d’ailleurs à la suite d’encouragements de ces derniers qu’il a décidé de lancer le Parti socialiste en 2016. «J’attends maintenant un jeune politicien à qui je pourrais prodiguer des conseils pour reprendre la barre du pays

Son parcours

	<p>● 1976 - Député à Vacoas-Floréal</p>

	<p>● 1979 - Expulsé du PTr</p>

	<p>● 1982-1983 &ndash; Ministre des Travaux</p>

	<p>● 1986 - Démissionne comme ministre des Travaux</p>

	<p>● 1987 - Se retire de la politique active</p>

	<p>● 2016 - Fonde le Parti socialiste</p>
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