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Beelkish Damaree, 53 ANS: la monitrice d’auto-école vit à cent à l’heure
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Beelkish Damaree, 53 ANS: la monitrice d’auto-école vit à cent à l’heure
Elle a 20 ans d’expérience au compteur. Beelkish Damaree est rarement en panne d’idées quand il s’agit de franchir les obstacles. Son moteur : l’amour qu’elle porte à ses enfants. Elle carbure à la motivation. En voiture.
Sa bouche rouge va de pair avec son churidar. Visiblement, la dame est coquette. La raison pour laquelle, sans doute, elle n’avoue pas tout de suite son âge. «Ki laz ou donn mwa ?» Pas question de s’aventurer sur ce chemin sinueux. «J’ai 53 ans.» Non, elle n’a pas le visage «tuné». Elle fait juste attention à elle.
Beelkish Damaree n’est pas de ceux qui démarrent au quart de tour. Son châssis à elle, c’est la patience. Il en faut quand on apprend à conduire à des «élèves» âgés de 23 à 66 ans. «J’en ai quelques-uns qui ont la cinquantaine aussi. Aujourd’hui, avoir son permis n’est plus un luxe mais un must.»
Beelkish est tombée dans le radiateur grâce à son mari, qui lui a appris à conduire d’ailleurs. L’idée d’ouvrir une auto-école était la sienne. Mais il est décédé en 1990. Un malheur qui n’a pas freiné les ambitions de Beelkish. En 1997, elle passe la cinquième, devient monitrice. «Bizin atann 5 an ant létan ki ou pas ou permi ek vinn moniter.»
Depuis, elle n’arrête pas. De 7 heures du matin à 19 heures, 7 jours sur 7, elle travaille. Des automobilistes en herbe, elle en voit défiler entre 10 et 20 quotidiennement. Si elle accuse parfois un coup de pompe, Beelkish n’est jamais dans le coaltar. Et le porte-monnaie des clients alors ? Pour une demi-heure de cours dans une voiture automatique, il faut compter Rs 300 et Rs 250 pour un mano a mano avec le levier de vitesse. Mensuellement, la monitrice engrange entre Rs 70 000 et Rs 80 000. «Mais il faut déduire les frais d’essence, les révisions, les réparations et tout le reste.»
Et puis, s’il y a bien une chose qui n’a pas de prix, fait valoir la fringante quinquagénaire, c’est la courtoisie au volant. L’éducation est, selon elle, la clé si l’on veut stopper l’hécatombe sur nos routes. «Boukou aksidan ti kapav évité si dimounn ti aret kondir brit, fer zigzag, sirtou motosiklet.» Il faut d’ailleurs s’y prendre tôt, insiste l’as du volant. «Éna fwa mama ou papa pé kondir, ou trouv zanfan o milié ant dé sofa, pann mem met sintir. Enn sel kout frin brit, zanfan fini lor koltar. Il faut apprendre aux enfants dès leur plus jeune âge à être responsables. Et cela passe par les parents.»
Beelkish est elle-même maman de trois grands enfants : deux filles âgées de 24 et 30 ans ainsi qu’un fils de 34 ans. Le GPS indique qu’il n’est pas exclu que ce dernier prenne la relève de sa maman. D’ici là, elle continue son petit bonhomme de chemin. Pour cela, elle peut compter sur sa force de caractère. «Sur 150 moniteurs d’auto-école enregistrés, il n’y a que dix femmes. La plupart de mes élèves sont des femmes d’ailleurs.» Minute girl power. «Oui, les conductrices sont plus disciplinées, plus prudentes. C’est pour cela qu’elles sont plus rarement impliquées dans des accidents mortels.»
Et pour poursuivre son parcours, elle souhaite, à l’avenir, acheter un terrain, «kot kapav fer aryer-parking olié al Champ-de-Mars». En attendant, elle garde le cap.
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