Publicité
Chamarel: Côté pile, côté face
Situé entre Rivière-Noire et la pointe du Morne, le village de Chamarel a conservé sa beauté sauvage. Mais loin du cliché de la carte postale, les habitants se plaignent du manque de considération de la part des autorités à leur égard.
En passant par Pétrin et les Gorges de la Rivière-Noire, l’on a un avant-goût de ce qu’est Chamarel. Les nombreux lacets qui serpentent cette région sont d’une beauté à couper le souffle. Le jeu des ombres et lumières donne un cachet encore plus spécial au paysage. En revanche, les estomacs délicats en prennent un sacré coup ! Au bout d’un dernier virage s’élève la Rhumerie de Chamarel. Juste après, l’on accède au village.
À droite se dresse l’église de Sainte Anne, construite en 1876. En poursuivant notre cheminement vers le centre du village, le nombre de restaurants saute aux yeux. «Ils ont poussé comme des champignons», confie l’un des habitants. Nombreux sont les touristes à visiter cet endroit unique à Maurice. D’ailleurs, en l’espace de dix minutes, au minimum dix vans, taxis ou voitures de location ont traversé le village pour prendre la direction de la Terre des 7 couleurs.
Toutefois, ce n’est pas la joie tous les jours pour les 1 500 habitants de la localité. Déjà, le premier problème auquel ils sont confrontés est le manque de transport en commun. «Ils sont très rares», lance Vishal Seesahaye, conseiller du village. Avant, explique-t-il, c’est la Compagnie nationale de transport qui desservait la région. «À présent, des companies privées ont le monopole sur la région. Ils font la pluie et le beau temps.»
À ses dires, les bus passent à n’importe quelle heure. Et des fois, ils jouent aux abonnés absents. Alors, «les gens qui attendent pour rentrer chez eux ou encore pour aller travailler, doivent louer les services d’un taxi qui va demander pas moins de Rs 600 pour aller jusqu’à Baie-du-Cap». Et lorsque les bus tombent en panne, «les enfants ne peuvent aller à l’école…» Les rencontres avec la National Transport Authority n’ont rien donné, déplore Vishal Seesahaye.
Le conseiller constate qu’avec l’arrivée des touristes, le village n’a pas prospéré comme il aurait dû. «Nous n’avons même pas de jardin d’enfants !» Ni de terrain de foot adéquat. «Pourtant nous avons une équipe qui joue bien en championnant.»
Avant, les villageois ne se souciaient pas de ce problème car les jeunes jouaient sur le chemin. «Maintenant, c’est impossible.» Justement parce qu’avec le développement de l’industrie touristique, il y a un flot de véhicules à longueur de journée. Tant et si bien que «les routes sont mêmes devenues dangereuses. Souvent les conducteurs traversent le village à grande vitesse». Pourtant, face à l’absence de trottoirs, les habitants n’ont pas le choix, «il faut marcher sur le chemin».
Autre problème : le manque de travail. «Les habitants d’autres régions se font embaucher au détriment de ceux qui habitent le coin.» Il y a toutefois quelques exceptions, souligne Vishal Seesahaye, à l’instar de la Case Chamarel ou encore la Vieille Cheminée. «Ces deux entreprises donnent la chance aux habitants de trouver du travail.»
Il espère que le gouvernement s’intéressera un peu plus à son village. «C’est un endroit qui aide beaucoup l’économie de par le nombre de tourists qui le visitent au quotidien. Chamarel est le seul endroit qui est épargné par la drogue dure. D’ailleurs, on ne va jamais accepter que cette drogue entre ici.»
L’eau, source de problème
<p>Le problème d’eau courante fait partie du quotidien de ces habitants. Pour Marie Anne, qui habite la région depuis plus de 60 ans, cette situation est difficile à gérer.<em> «Il faut être soit un lève­ (très)-tôt ou un couche­(très)-tard pour avoir de l’eau.»</em> Elle s’ explique : <em>«L’eau coule entre 23 heures et 5 heures du matin et c’est tout.»</em> Et pourtant, la route regorge d’eau et de boue. <em>« Depuis plusieurs mois, un tuyau est cassé et rien n’est fait pour y remédier…»</em></p>
Publicité
Les plus récents