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Réactions Post-Budgétaires: entre incertitudes et craintes d’effets d’annonce
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Réactions Post-Budgétaires: entre incertitudes et craintes d’effets d’annonce
Des acteurs culturels disent ce qu’ils ont sur le coeur par rapport au Budget 2017-2018. Le sentiment oscille entre incertitudes et apprehensions que les mesures annoncées demeurent de belles paroles.
Anna Patten, chorégraphe, à la tête de la Art Academy
«Nous nous attendions à des choses plus concrètes»
«De tout ce que nous avons discuté avec le Premier ministre lors des discussions pré-budgétaires, je crois que seul 10 % a été respecté. Personnellement, je ne suis pas satisfaite. Il n’y a rien de concret. En comparaison aux sports nous sommes les plus pauvres. Les sportifs retraités auront une allocation mais je pense qu’il fallait aussi en faire provision pour les artistes. Je suis triste car on avait discuté de pas mal de choses. On parle de village des artistes ou encore de Palais des arts et de la culture. Ce sont de gros projets mais c’est la gestion qui est importante. Il faut que ce soit fait par des professionnels qui sont des artistes et pas par des fonctionnaires. J’espère que cela va se réaliser. On a entendu beaucoup de choses auparavant et qui n’ont jamais abouti. Nous, les créateurs, nous nous attendions à des choses plus concrètes comme par exemple, des mesures pour nous aider dans nos créations. On avait demandé des facilités pour l’achat de moyens de transport mais rien n’a été annoncé en ce sens.»
Enri Kums, artiste-peintre
«La culture est le cadet des soucis des gouvernements»
«Je ne crois plus dans la politique culturelle du gouvernement. Ils nous ont tellement menés en bateau. Ils nous promettent ceci et cela mais rien n’a été fait. En 2017, les artistes sont toujours en souffrance. Les gouvernements sous-estiment l’art et la culture. Lors de l’attribution des postes ministériels, le dernier à l’être est toujours le ministère des Arts et de culture. Et pourtant, Singapour - l’île que l’on cite toujours en exemple – a, depuis plusieurs années, accru son système culturel. Les gens vont à Singapour également pour la culture. Les Mauriciens ont montré avec Porlwi by Light que la culture les intéresse. Mais pour les gouvernements qui se sont succédé jusqu’ici, c’est le cadet de leurs soucis.»
Rowin Naraidoo, metteur-en-scène et responsible de l’Atelier Pierre Poivre
«Heureux que le gouvernement ait fait provision pour au moins un théâtre »
«Je suis très content par rapport à la mesure de la conservation des chants folkloriques à travers une médiathèque. Je suis encore plus content pour le théâtre de Rose-Hill. Je m’attendais toutefois à ce que le Premier ministre annonce la rénovation des deux théâtres, celui de Rose-Hill et de Port- Louis. Mais je suis content qu’il ait fait provision pour au moins l’un d’entre eux. Quant à la mise sur pied du National Arts Fund, il faudrait que des artistes y siègent et que cette instance ne soit pas prise d’assaut par les fonctionnaires. Il a été question d’un village des artistes à Rivière-Noire. On aurait également pu restaurer d’autres anciens bâtiments, qui ne servent plus, et les donner à exploiter aux artistes. Quant aux célébrations entourant les 50 ans de l’Indépendance de Maurice, le ministre des Finances est resté très vague. Est-ce qu’il y aura un Festival du théâtre pour marquer l’événement ?»
Yannick Cornet, ex-président du conseil d’administration du National Heritage Fund (NHF)
«On aurait dû amender le National Heritage Act»
«C’est un Budget à effets d’annonce. Le Premier ministre parle de Rs 50 millions qu’il va injecter dans le National Arts Fund. L’année dernière, il avait également annoncé une dotation de Rs 50 millions pour la rénovation des bâtiments faisant partie de notre patrimoine. Mais rien n’a été fait jusqu’ici. Depuis mon départ de la NHF, aucun président n’a été élu. On aurait dû amender le National Heritage Act mais rien non plus de ce côté-là. Dimounn enkor pé kokin bann ansyen ross pé vandé. Une assistance aux artistes a été annoncée mais rien n’a été dit sur les procédés qui seront appliqués pour permettre à l’artiste de vivre de son art. Ce dont les artistes ont besoin, c’est un emplacement accessible pour se produire. Pensez-vous que Rivière-Noire soit accessible à tous les artistes ? On parle de village d’artistes, mais ce n’est que du réchauffé.»
Bruno Raya, chanteur, animateur et à la tête de Live n Direk Entertainment
«Nos demandes n’ont pas été considérées»
«J’accueille ce Budget mais je suis très déçu car les choses importantes que nous avions demandées n’ont pas été considérées. Nous avions demandé que le tarif de 68 sous par diffusion de même que le quota de diffusion locale soient rehaussés. Ceci, afin que les diffusions internationals et locales soient équilibrées. Mais aucune mesure n’a été annoncée en ce sens. Nous avions aussi fait comprendre qu’un stade musical pouvant accueillir plus de 5 000 personnes était important car nous avons de plus en plus d’artistes qui peuvent réunir ce nombre de spectateurs. Mais là encore, nous n’avons rien entendu. Un National Arts Fund a été annoncé mais pour moi, c’est déjà existant. Rien n’a changé. Nous avions soumis l’idée d’un National Art Council sur le board duquel les artistes allaient siéger. Et ce qui était, à mon avis le plus important, soit un amendement au Copyright Act, n’a pas été mentionné. Il est pourtant primordial pour les générations futures d’avoir une loi solide.»
Percy Yip Tong, producteur et à la tête de Cyper Produktion
«Qu’en est-il d’un stade pour les artistes ?»
«Je suis toujours sceptique par rapport aux mesures budgétaires qui ne sont pas mises en pratique. Par la suite, il y a un audit qui est fait pour identifier les failles mais aucune sanction n’est prise. Je suis blasé. Tout ceci n’est qu’effet d’annonce. Par rapport au Budget présenté jeudi, je trouve que c’est bien d’avoir pensé à la rénovation du théâtre de Rose-Hill mais c’est bizarre que rien n’ait été dit sur celui de Port-Louis. Et je constate que, par rapport au sport, nous sommes toujours les parents pauvres. On parle d’une allocation aux anciens athlètes mais qu’en est-il des artistes ? Les chansons durent plus longtemps car elles sont reprises. On pense à construire un complexe sportif mais qu’en est-il d’un stade pour les artistes ? Le gouvernement parle d’un village des artistes à Rivière-Noire. Le cadre y est magnifique mais le lieu est excentré. Je ne pense pas que ce soit un endroit idéal. La création d’une médiathèque est une bonne chose mais qu’est-ce qui est fait pour garder le séga vivant, surtout lorsque l’on sait que les écoles de ravanne ferment leurs portes ? Au lieu d’offrir un Award aux artistes, je suis en faveur d’une compétition qui permettrait d e détecter les talents. Il est important de découvrir de nouveaux talents et de les accompagner. On parle d’un National Arts Fund mais ce n’est pas donner de l’argent qui est important. C’est plutôt comment on va le dépenser. Il nous faut une nouvelle politique culturelle, car autrement, rien ne changera.»
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