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Cleaners à l’hôpital Victoria: sale boulot

13 juin 2017, 22:30

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Cleaners à l’hôpital Victoria: sale boulot

Elles se font souvent insulter en raison de l’état des toilettes et des salles de bains. Sauf que ces agentes d’entretien expliquent qu’elles n’y peuvent rien si le public n’a pas de savoir-vivre…

Dholl pourri, gato pima, pain maison, cigarette… Non, ce n’est pas une liste de courses. Il s’agit plutôt des «trouvailles» que font, au quotidien, des cleaners de l’hôpital Victoria, à Candos, dans les toilettes.

«Nou gagn kriyé, parfwa maltrété ek éna piblik rod bat nou parski zot dir twalet sal. Si zot ti konn servi twalet, zamé li pa ti pou dan sa léta-la. Kot zot, zot pa fer koumsa», grognent Marie, Glawdys, Ouma et les autres. Ces salariées d’une compagnie de nettoyage sont une vingtaine à travailler comme agentes d’entretien à l’hôpital Victoria. Un travail dont elles ont besoin pour joindre les deux bouts. Sauf que, disent-elles, il faut avoir l’estomac solide devant l’état des toilettes et des salles de bains.

Ces femmes expliquent qu’elles doivent être sur place à six heures du matin. Elles terminent leur service à 18 heures. Selon Ouma Ballamba, au «Casualty», le nombre de personnes qui entrent et qui sortent est très élevé. De ce fait, le nettoyage se fait toute la journée.

Sauf que, à peine ont-elles le dos tourné qu’elles doivent tout recommencer. Sous-vêtements sales, serviettes hygiéniques, nourriture… le réservoir des WC, disent-elles, fait souvent office de poubelle. D’autres préfèrent jeter leurs ordures sous la cuvette ou le lavabo plutôt que dans les poubelles mises à leur disposition.

Qui plus est, le papier toilette ne semble plus être à la mode, à en croire ces agentes d’entretien. Alors que d’autres préfèrent, eux, la salle de bains aux toilettes pour faire leurs besoins…

Marie, Glawdys, Ouma et les autres disent être régulièrement confrontées aux critiques du public. On leur dit que les toilettes sentent mauvais ou sont dans un état déplorable. Certes, concèdent-elles. Avant de demander ce qu’elles peuvent faire contre ces personnes qui aiment badigeonner les murs des toilettes d’excréments… «Ces gens sont dépourvus de bons sens, alors à quoi bon leur parler ?» lance une petite voix timide au sein du groupe.

Mais il arrive parfois que n’en pouvant plus, elles haussent le ton. Alors, elles se font insulter. «Pay zot pou nétwayé isi. Zot travay sa», leur répondrait-on souvent. «Wi, pay nou pou nétoy twalet, pa pou sorti enn dipin mézon ek so gato pima» au fond des cuvettes, répliquent nos interlocutrices. Quand ce n’est pas des dholl puris…

Ouma et son équipe lancent un appel au public qui se rend dans les hôpitaux pour se faire soigner. «Pensez que vous avez une femme ou une mère. Nous aussi nous sommes des humains. Il est déjà difficile de faire ce métier, respectez-nous et respectez-vous. Utilisez ces toilettes et ces salles de bains comme il se doit, comme des personnes civilisées.»