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Aquaculture à Tamarin : «frigo géant pour les requins !»
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Aquaculture à Tamarin : «frigo géant pour les requins !»
Depuis quelques jours, sur Facebook, les habitants de l’ouest s’agitent. Ils sont contre le projet d’aquaculture qui devrait s’étendre sur plusieurs sites à Maurice, dont Tamarin. Ils craignent la prolifération de requins.
Lundi, à la mi-journée, la plage de Tamarin est quasiment déserte. À l’exception de quelques jeunes qui passent un moment entre amis, et d’autres qui profitent de leur pause-déjeuner à l’ombre des filaos. Mais cette apparente tranquillité cache une colère sourde… «Nous sommes prêtes à faire des manifestations pacifiques, des pétitions», lance la surfeuse Aurélie Fleuriau-Château. Comme elle, d’autres habitants de la région sont contre le projet de ferme aquacole à Tamarin. Ils ont d’ailleurs créé une page sur Facebook, «No to fish farming in Mauritius». Leur principale préoccupation : la prolifération éventuelle de requins. Aurélie Fleuriau-Château confie qu’elle a vécu une expérience traumatisante à la Réunion, où elle a habité pendant cinq ans. «Un ami s’est fait dévorer par un requin.» De faire ressortir que les attaques de requins se poursuivent à l’île sœur. Justement, dit-elle, à cause de la présence des sites d’aquaculture.
«Nous ne voulons pas que cela devienne le cas ici aussi. Une ferme aquacole, c’est un lieu où des poissons sont élevés, ils sont nourris, et ce n’est pas aussi naturel que l’on pourrait imaginer. C’est un frigo géant pour les requins.» Et maintenant, s’indigne Aurélie Fleuriau-Château, «des investisseurs comptent construire ces frigos là où les jeunes apprennent à nager, à kitesurfer et surfer !» La surfeuse va même plus loin. S’il le faut, «nous ferons intervenir nos amis réunionnais pour que ce projet n’aboutisse pas».
Non, elle ne souhaite pas que les requins soient tout bonnement exterminés. «On a besoin d’eux.» N’empêche, insiste Aurélie, avec la présence des requins, les dauphins en pâtiront également. «Ils seront menacés. Et dire qu’ils aident à faire venir les touristes à Maurice…»
Mais s’il y a bien autre chose qui la «chiffonne», c’est l’opacité autour de ce projet. «On entend même dire que ce sont des Sud-Africains qui comptent lancer ces fermes aquacoles…»
«Les touristes vont bouder l’île»
Ce manque de communication autour du projet perturbe également Aunund Licman. Ce pêcheur dit ne rien voir de positif dans ce projet. «Je sens que l’on nous ment. On nous fait comprendre qu’il n’y a pas de poisson dans la région mais c’est totalement faux !» clame-t-il. À son avis, «il y a beaucoup d’argent en jeu» …
Aunund Licman est un vétéran de la pêche. Âgé de 49 ans, il a fait ses débuts en mer alors qu’il n’avait que 18 ans. «La mer n’a pas vraiment de secret pour moi.» Il confie qu’il a, à plusieurs reprises, avec le soutien des autres pêcheurs, alerté les autorités, en vain.
«L’aquaculture a énormément de désavantages. Cette méthode va détruire les coraux dans le lagon.» Qui plus est, poursuit Aunund Licman, les pêcheurs auront des difficultés à vivre de leur métier. D’autant plus qu’à l’heure actuelle, «nous faisons face à la concurrence des pêcheurs étrangers. Ils sont plusieurs à venir pêcher dans notre secteur alors qu’ils n’en ont pas le droit. Mais nous ne savons plus à qui parler pour résoudre nos problèmes…» Les pêcheurs n’auront d’autre choix que d’aller «encore plus au large».
Et comme Aurélie Fleuriau-Château, lui aussi estime qu’ «avec ce projet, il faudra compter sur la présence des requins». Ce qui devrait, à terme, nuire au secteur touristique. «Les touristes vont bouder l’île.»
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