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Gestion des fonds du NPF et NSF: les craintes vont crescendo
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Gestion des fonds du NPF et NSF: les craintes vont crescendo
C’est une mesure «très dangereuse» a notamment fait ressortir le député mauve Reza Uteem lors de son intervention dans le cadre des débats budgétaires au Parlement. Il n’est pas le seul à se dire inquiet face à l’intention du gouvernement d’injecter quelque Rs 130 milliards du Surplus Fund du National Pension Fund (NPF) et du National Savings Fund (NSF) dans une nouvelle entité pour les investissements, soit la Mauritius National Investment Authority (MNIA). Une mesure annoncée dans le Budget. Dans le milieu, on affiche sa crainte évoquant des antécédents du gouvernement à prendre le contrôle de fonds publics. «Qui gérera ce fonds ? Un nominé politique ? Les employés et les employeurs auront-ils leur mot à dire sur les placements de leur argent ?» La question taraude un ex-membre du comité d’investissement.
Cette nouvelle autorité sera régie par le Prime Minister’s Office (PMO) et non par le ministère de la Sécurité sociale, comme c’est le cas maintenant. Tandis que jusqu’ici ces deux fonds sont gérés par un Investment Committee tripartite composé de représentants du gouvernement, des employeurs et des employés. «Toutes les parties prenantes ont leur mot à dire dans toutes les décisions et il faut absolument qu’il y ait un consensus», explique l’ancien membre du comité.
À une autre source d’ajouter que selon la formule actuelle, le gouvernement ne pouvait rien faire sans l’aval des deux parties. «Sous la nouvelle formule, y aura-t-il la même rigidité ?» s’interroge-t-on.
Mauvais investissement
L’inquiétude se fait grandissante quant à la possibilité d’un mauvais investissement si cette nouvelle entité est gérée par un nominé politique. «Avec un nominé politique, il faudra s’assurer que l’argent des contribuables ne soit pas dépensé à d’autres fins», fait valoir un économiste. Autre question : est-ce que le gouvernement gardera Aon Hewitt comme Invest- ment Advisor ? La branche mauricienne de cette firme américaine conseille l’Investment Committee sur les fonds du NPF et du NSF. «C’est une équipe d’actuaires qui analyse les investissements et explique leur degré de risques», souligne un expert en investissement. Mais voilà, il y aurait eu une tentative de se débarrasser de la firme l’année dernière après huit années de service.
En avril dernier, Capital Asset Management Ltd avait été choisie pour conseiller le comité d’investissement sur les deux fonds. Fait intriguant : Capital Asset Management Ltd est une filière de la State Investment Corporation (SIC), entité de l’État qui opère sous le ministère des Finances.
Une autre ombre plane sur l’annonce de la création de cette autorité : la vaine tentative d’investir l’argent du NPF dans la National Insurance Company (ex-British American Insurance). L’argent devait être utilisé pour rembourser les détenteurs du plan Super Cash Back Gold.
Reza Uteem soulève la question : «Le comité d’investissement avait à l’époque refusé cette offre. Est-ce que cette mesure est une tentative du gouvernement d’investir les fonds du NSF et du NPF où bon lui semble ?» Cette réflexion a aussi traversé l’esprit de plusieurs autres acteurs dans le milieu. «Comment est-il possible de vouloir se servir de l’argent, le dur labeur du contribuable, pour payer une tierce personne ? Cela ne fera qu’ajouter au nombre de personnes qu’il faudra, plus tard, rembourser. Si, avec ces deux fonds sous sa tutelle, l’État fait de tels investissements, ce sera grave», soutient un ancien membre du comité d’investissement.
Vains courriels au PMO
Un e-mail a été envoyé au Prime Minister’s Office le 14 juin. Cela dans le but d’obtenir plus d’informations entourant la création du Mauritius National Investment Authority (MNIA). Ces questions sont, cependant, restées sans réponse. Et nos nombreux coups de fil sont aussi restés vain.
Bonne performance
«Quand on les compare à d’autres fonds, ceux du NSF et du NPF ont une relativement bonne performance», explique un expert en investissement. Une performance qui découle des investissements faits directement dans les entités de l’État. «Les investissements dans l’État rapportent moins mais ils sont moins volatils», explique-t-il.
NPF et NSF: à quoi servent-ils ?
<p>Les fonds du NPF et du NSF servent au paiement des pensions aux retraités et du lump sum. Les fonds du NSF peuvent aussi servir à payer les Transition Unemployment Benefits une allocation aux employés ayant été licenciés.</p>
<p>Les fonds proviennent des employeurs et des employés. Chaque mois une partie du salaire est prélevée et crédité à ces deux fonds. Les employeurs y font aussi une contribution au nom de chaque employé. Le Surplus Fund, qui, selon Pravind Jugnauth, sera injecté dans le Mauritius National Investment Authority (MNIA), est le fonds stagnant de ces deux fonds.</p>
<p>Ils sont alors utilisés pour des investissements, des prêts ou des dépôts bancaires. «Il est important de faire fructifier l’argent pour pouvoir payer les lump sums etc…» explique une source proche du milieu.</p>
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