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Carte d’identité biométrique: la frayeur des contestataires
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Carte d’identité biométrique: la frayeur des contestataires
Leur colère a laissé place à la révolte. Les contestataires de la carte d’identité biométrique montent au créneau. Cela après que le gouvernement a annoncé qu’il compte amender le National Identity Card Act (NIC Act). Le but étant de permettre aux compagnies étatiques et privées d’avoir accès aux données biométriques des détenteurs. Dans les rangs des opposants, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Stéphan Gua, membre de Rezistans ek Alternativ, explique que cette mesure représente un réel danger. «La loi stipule que la carte d’identité biométrique peut stocker des données sans pour autant les définir. Toutefois, le ministre de tutelle ou le Premier ministre prévoit d’amender la loi pour y inclure d’autres données biométriques.»
Pour l’instant, précise Stéphan Gua, la carte ne contient que des minutiae, ou des données biométriques en format électronique. Mais selon l’article 10 du NIC Act, la loi peut être amendée à n’importe quel moment et d’autres données sont, ainsi, incluses sur la carte. Données médicales ou bancaires, toutes peuvent s’y trouver car cet article de la loi n’impose aucune limite. Selon le membre de Rezistans ek Alternativ, le «danger réside dans le fait qu’un individu ne saura pas à quelles données la compagnie peut avoir accès». Ce qui, poursuit-il, pourrait pénaliser le détenteur de la carte d’identité biométrique.
Vol d’identité
Pourquoi un tel amendement ? Pour l’heure, aucune information ne transpire du côté des autorités. Mais Jeff Lingaya, de la plateforme No to Biometric Data on ID Card, est d’avis que cette mesure représente un danger à plusieurs niveaux. «Cela voudrait dire que les compagnies désignées par l’État pourront récolter les empreintes de n’importe quel individu qui visite la compagnie en question. De plus, grâce à ces données, elles pourront avoir toutes les informations sur cette personne.» Et de poursuivre que «dans des cas extrêmes, cela peut donner lieu à des vols d’identité».
Mais le plus grave, selon Jeff Lingaya, demeure le fait que le gouvernement serait en train de mettre la pression pour que les institutions n’acceptent pas le passeport comme pièce d’identité valable. Il relate le cas d’un couple dont le mariage civil lui a été refusé après qu’il a présenté ce document. Les fiancés ont dû s’enregistrer pour l’obtention de la carte d’identité biométrique avant de pouvoir s’unir. «Les officiers peuvent se cacher derrière le Civil Status Act qui ne définit pas le passeport comme une pièce d’identité», confie l’activiste.
Un autre cas, explique Jeff Lingaya, un peu plus grave est déjà survenu. Un père n’a pu renouveler le passeport de son fils car il ne détient pas la carte d’identité biométrique. «Son passeport est valide. Mais pourtant le Passport and Immigration Office a rejeté sa demande. Dites-moi dans quel autre pays du monde une institution ne reconnaît-elle pas son propre document ?»
Zones d’ombre
Ish Sookun, qui avait mis en évidence des failles dans le système de la carte d’identité biométrique, abonde dans le même sens. L’informaticien retrace les événements précurseurs de cet amendement. «Je me souviens que lorsque cette affaire était débattue en cour, les défenseurs de la carte d’identité biométrique avaient affirmé qu’il ne pouvait pas y avoir d’abus car les données étaient conservées dans des lieux hautement sécurisés. Mais, en mars, le ministre Yogida Sawmynaden a annoncé que l’accès à ces informations pourrait être donné aux banques et compagnies d’assurances. Cela, dans le but de vérifier les antécédents d’un individu.» Un fait qui, poursuit Ish Sookun, «démontre des zones d’ombre dans l’amendement proposé».
L’informaticien a déposé deux plaintes par le biais de la Citizen Support Unit. Il demande à consulter le contenu des affidavits des deux personnes qui ont assisté à la destruction des données biométriques. Il souhaite également savoir si le gouvernement va entamer des consultations publiques avant d’amender la loi.
Du côté du ministère des Technologies de la communication et de l’innovation (TCI), l’on se veut rassurant. Selon une source autorisée, les seules données stockées sur la carte d’identité biométrique sont le nom et l’adresse du détenteur. «Les compagnies auront uniquement accès à ces données.»
Qu’en est-il des données médicales, par exemple ? Notre interlocuteur précise que la carte ne contient aucune donnée médicale et qu’il n’est pas prévu d’en inclure. «Ce qui peut se passer, c’est que dans le cadre du projet E-Health tout soit numérisé. La carte d’identité biométrique va, alors, être utilisée pour authentifier l’identité du patient à l’hôpital et à retracer son dossier. Mais celui-ci restera en possession du personnel de l’établissement de santé. En aucun cas les autres n’y auront accès.»
Toujours selon notre source, la carte d’identité biométrique est désormais gérée par le bureau du Premier ministre. Le ministère des TCI n’assure, dit-elle, que le côté technique de ce dossier.
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