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Bilkiss Rujub: «Mon mari regrette d’avoir démantelé le réseau Gro Derek»

17 juin 2017, 22:30

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Bilkiss Rujub: «Mon mari regrette d’avoir démantelé le réseau Gro Derek»

Assaad Rujub et son épouse ont dû s'expliquer, notamment sur des versements de grosses sommes d'argent sur leurs comptes en banque, devant la commission Lam Shang Leen. Face aux accusations portées contre son conjoint, Bilkiss Rujub veut laver l'honneur de ce dernier.

De héros qui a démantelé le réseau de drogue Gro Derek en 2012, votre époux se retrouve aujourd’hui dans le box des accusés. Qui veut la peau d’Assaad Rujub ?
Mon mari s’est fait beaucoup d’ennemis depuis qu’il a commencé à travailler pour l’ADSU. Il n’a ni volé qui que ce soit, ni vendu de la drogue. Il n’a rien à se reprocher. Il s’est toujours dévoué à son travail. Ce qu’on vit aujourd’hui est un véritable cauchemar pour toute la famille.

Devant la commission d’enquête sur la drogue, il a parlé de compétitionmalsaine au sein de la brigade antidrogue. Doit-on comprendre que ses dénonciateurs se trouvent au sein même de cette unité ?
Je ne sais pas. Ce qui est sûr, c’est que des gens sont jaloux de son succès. Puis, pourquoi est-ce uniquement mon mari et quelques personnes qui sont ciblés ? La commission sur la drogue devrait également s’intéresser aux comptes bancairesdes autres membres de l’ADSU, allant du Deputy Commissioner of Police à celui au plus bas de l’échelle. Que toutes cespersonnes soient appelées à déclarer leurs avoirs.

Il n’en demeure pas moins que le président de la commission, Paul Lam Shang Leen, a fait des révélations troublantes vous concernant. Comme les versements de Rs 100 000 et de Rs 50 000 sur vos comptes bancaires l’année dernière… D’où provient tout cet argent ?
Il s’agit de transferts d’un compte à un autre émanant de nos salaires à tous les deux. Des transferts faits pour nos économies.

Quelle est votre profession ?
Je suis Supervisor chez Courts.


«Au sein de la police, moins vous êtes sous le feu des projecteurs et moins vous apportez de résultat, mieux c’est.»

Votre train de vie a-til changé depuis que votre époux est devenu responsable de l’ADSU de Plaine-Verte ?
Je ne vais pas vous le cacher. Nous avons progressé dans la vie mais c’est aussi avec la contribution de toute la famille. N’empêche que nous habitons toujours une maison qui se trouve dans une cité, appartenant à la grand-mère d’Assaad.

Toujours devant la commission, votre époux a également évoqué un «cadeau» de Rs 1,5 million de ses voisins. Ce n’est pas donné à tous d’avoir des voisins aussi généreux…
Mon mari et sa soeur étaient très proches de leurs voisins. Ces derniers les traitaient comme leurs enfants. Il s’agit d’un ancien pion de la fonction publique et de sa soeur, qui sont décédés aujourd’hui. Ma belle-soeur habitait chez eux. D’ailleurs, mon mari détient un compte joint avec eux depuis longtemps. Comme il l’a dit, c’est à leur mort qu’il a utilisé une partie de cet argent pour financer ses études de droit à Holborn, en Angleterre, en 2011-2012.

Il s’avère également que le transfert de votre mari de l’ADSU au poste de police de Terre-Rouge en décembre, résulte de sa participation au mariage de la fille d’un présumé trafiquant de drogue.
Comme il l’a déjà expliqué au Central Criminal Investigation Department et devant la commission sur la drogue, la famille était invitée à une réception donnée par les parents du marié, qui est un voisin, à Gymkhana, Port-Louis. Il ne savait pas que celuici se mariait avec la fille d’un présumé trafiquant de drogue. Ce que je ne comprends pas, c’est comment d’autres policiers qui, eux, étaient au mariage chez la fille, n’ont pas été inquiétés à ce jour.

Votre époux, qui a été responsable de l’ADSU de Plaine-Verte, doit bien connaître les trafiquants de drogue de la capitale, non ?
Nous ne fréquentons pas ces personnes. Assaad a toujours protégé sa famille, sachant que des trafiquants de drogue sont prêts à tout. Il a déjà reçu des menaces et des appels anonymes à la maison. Ces gens-là savent quelle école fréquentent nos enfants ou encore quel itinéraire emprunte mon époux pour venir me récupérer après le travail.

Pourquoi justement, comme le lui a demandé Paul Lam Shang Leen, il n’a pas démantelé le réseau du trafiquant Siddick Islam (NdlR, plus connu comme Nerf, il opérerait de la prison et aurait une base d’opération à Plaine-Verte) ?
Comme il l’a expliqué, sans preuve solide, il ne peut agir. Je sais qu’il a déjà effectué des fouilles chez l’épouse de ce monsieur mais cela n’a rien donné.

Il connaît donc l’existence de ce réseau qui était presque sous son nez lorsqu’il était responsable de l’ADSU de Plaine-Verte ?
Il a été à la tête de cette unité de mi-2012 à 2014. Soit un an et demi. Comme son équipe et lui ont démantelé le réseau Gro Derek, les autres équipes de l’ADSU ont également la juridiction pour agir ailleurs dans l’île, y compris à Plaine-Verte. Pourquoi, elles aussi, elles n’ont pu démanteler le réseau de Plaine-Verte à ce jour ou encore celui de Rose-Hill ?

À vous et à lui de nous le dire, car la perception veut qu’il ait protégé ce réseau.
Mon mari ne doit pas être tenu pour l’unique responsable dans cette affaire. Avec du recul, il regrette d’avoir démantelé le réseau de Gro Derek car, au final, au sein de la police, moins vous êtes sous le feu des projecteurs et moins vous apportez de résultat, mieux c’est. Depuis son transfert au poste de police de Terre-Rouge, il est beaucoup plus libre qu’il l’a été durant ses 17 ans au sein de l’ADSU.