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François Rogers : «Tout ce qui est sur terre finit dans la mer»
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François Rogers : «Tout ce qui est sur terre finit dans la mer»

Quand a débuté Reef Conservation ?
Je ne suis pas le créateur de Reef Conservation, j’en suis le président uniquement depuis 2009. Reef Conservation est née en 2004, à l’initiative d’un Écossais. Après son départ, en 2008, le comité actuel et moi avons repris l’ONG. De 2008 à 2009, il y a eu un moment où elle s’était un peu endormie.
Combien de personnes travaillent avec ou pour Reef Conservation ?
Nous avons une dizaine de personnes employées à plein-temps, des biologistes, des formateurs, entre autres, et sept membres actifs du comité, qui sont tous des volontaires.
Par rapport à l’environnement, qu’est-ce que l’on oublie pour le protéger actuellement ?
Il faut que dans notre vie de tous les jours, on fasse plus attention. Tout ce qui est sur terre finit immanquablement dans la mer. Les rivières sont de gros vecteurs de pollution ; elles transportent tout ce qui est solide et tout ce qui est liquide, comme les produits chimiques et les eaux usées. Cela a un impact sur l’écosystème marin. Et à Maurice, l’on ne s’occupe pas suffisamment des rivières.
La mentalité pose problème à Maurice. Qu’est-ce qui vous empêche de travailler ?
La préservation de l’environnement marin est souvent à la traîne, ce n’est pas forcément une priorité pour les Mauriciens. C’est plus l’éducation, la misère qui sont prioritaires, et c’est normal. Mais Maurice étant un petit État insulaire, avec le réchauffement climatique, tous les Mauriciens doivent se rendre compte que l’on est à risque aussi bien économiquement, car avec des plages qui disparaissent, c’est le tourisme qui est en danger et la pêche également.
Il faut plus de communication pour changer les mentalités. Puis, trop de Mauriciens n’ont jamais porté un masque et un tuba pour aller voir les fonds marins. C’est important. Il faut que les gens se rendent compte par eux-mêmes, touristes comme Mauriciens, de l’importance de la mer.
Au niveau des ressources, Reef Conservation a-t-elle rencontré des difficultés ?
Tout ce que l’on fait est gratuit, c’est vrai. Mais il y a eu des financements et nous avons heureusement des partenaires très fidèles.
Comment le travail de Reef Conservation est-il départagé ?
Aujourd’hui, le travail de Reef Conservation repose sur quatre piliers, l’éducation et la sensibilisation, ensuite le renforcement des capacités et la formation. Les deux derniers axes de travail se recoupent un peu mais la différence est qu’un certificat vient couronner la formation. Reef Conservation est reconnue par la Mauritius Qualifications Authority. Toute personne intéressée est formée comme guide de la mer, particulièrement des school leavers, par exemple. L’autre axe important est le travail avec les communautés du littoral. Il faut que celles-ci soient impliquées dans ce que nous faisons parce que notre travail est aussi fait pour les aider. Finalement, on s’occupe de la recherche et de la surveillance du lagon.
Vous êtes basé uniquement dans le Nord ?
Non, Reef Conservation ne se renferme pas sur elle-même et nous n’avons aucune difficulté à travailler avec d’autres ONG comme Lagon Bleu, la Mauritius Marine Conservation Society (MMCS), par exemple.
Chaque pôle a sa propre méthode de travail, en quelques mots quelle est l’implication de Reef Conservation au niveau de l’éducation ?
Pour ce qui est de l’éducation et de la sensibilisation, nous sommes aidés par l’hôtel Sensimar à Anse-la-Raie. La direction nous a permis d’aménager un aquarium de 4m50 et un coin laboratoire. Nous avons aussi accès à un wetland (terrain marécageux) et une plantation de mangrove dans le même coin. On y reçoit beaucoup d’écoles làbas pour un exercice de sensibilisation et cela nous sert aussi de laboratoire pour un suivi sur les coraux. Il y a, par ailleurs, le programme Club Mer tous les samedis. Ce qui, pendant six mois, permet aux élèves de comprendre la base de l’écosystème marin, d’apprendre les premiers secours. Un autre outil intéressant est le Bis Lamer.
Et la sensibilisation ?
On a aussi différents programmes en cours. Entre autres, on peut citer les répertoires du lagon. Dans la région de Bel-Ombre, on a travaillé avec trois hôtels pour créer des répertoires du lagon et du littoral, qui sont placés dans chaque chambre. Cela aide à sensibiliser les touristes pour qu’ils comprennent ce qu’il faut ou ce qu’il ne faut pas faire. Nous avons aussi un livret pour assurer la formation de volontaires par nos biologistes, qui leur apprennent toute la méthodologie. Ce qui nous aide en même temps à assurer la surveillance de lagon.
Vous mettez aussi l’accent sur le travail de concert avec les habitants. Pouvez-vous nous citer un exemple ?
Nous avons lancé, en 2009, un programme concernant les zones marines volontaires de conservation (VMVC). Le but est de travailler avec certaines régions en vue de permettre la création d’espaces où volontairement, une partie du lagon devient une zone de conservation pour l’aider à se régénérer. C’est un travail qui doit être fait avec la participation de ceux qui vivent de la mer dans ces régions, les pêcheurs et les skippers, par exemple. C’est un travail de longue haleine, et pour le moment nous avons établi deux sites, à Roches-Noires et à Anse-la- Raie. Les résultats sont probants. Ce qui est intéressant, par exemple, c’est qu’à Ansela- Raie, nous avons créé un sentier sous-marin. Que les nageurs peuvent suivre grâce à des balises installées au fond de l’eau. Cela leur donne la chance de voir la zone protégée sans l’endommager. Cela a aussi un volet pédagogique avec des informations sur l’écosystème, sur les balises au fond de l’eau. Des gens de la localité sont formés pour suivre le parcours, ce qui leur permet aussi d’en faire un gagne-pain.
Reef Conservation fait du travail de recherche, les VMVC servent-elles à cela aussi ?
Oui, cela nous permet d’assurer la surveillance des coraux, de poissons, des sédiments, entre autres. Les biologistes de l’équipe sont souvent dans l’eau.
D’un point de vue biologique, sur quoi travaille Reef Conservation pour le moment ?
Plusieurs programmes sont en cours dont, entre autres, un projet pilote sur lequel on travaille en vue d’éradiquer la couronne d’épine, qui ravage nos barrières de corail. C’est une technique qui vient d’Australie. Nous surveillons aussi le blanchissement des coraux pour voir s’ils arrivent à repartir après ces épisodes de blanchissement. On fait également un recensement des poissons endémiques. Reef Conservation est par ailleurs membre de la Western Indian Ocean Marine Association. Ce qui permet une ouverture sur la région, non pas pour implanter Reef Conservation dans toutes les îles à l’ouest de l’océan Indien mais surtout pour permettre un partage d’informations. L’objectif de Reef Conservation est d’avoir un rayonnement plus régional.
C’est quoi le futur pour Reef Conservation ?
Continuer sur notre lancée et encourager le soubresaut d’intérêt pour la protection de l’environnement marin au profit de la génération qui monte.
Eco-school pour plus d’écologie participative
Eco-school est un programme soutenu par la Foundation for Environmental Education (FEE), une association danoise. Reef Conservation, avec l’aide du ministère de l’Éducation, a lancé un projet pilote visant à délivrer des certifications dans plusieurs catégories. Ce programme, qui a le soutien de la Commission de l’océan Indien (COI), a déjà formé des enseignants et ce sont plus d’une centaine d’écoles à Maurice et à Rodrigues qui se sont joints à ce programme international qui offre des possibilités d’échange et permet aux écoles de mettre l’accent sur la pollution, tout en travaillant avec la communauté et les parents d’élèves.
Bis Lamer pour faciliter l’apprentissage

Sur route depuis septembre 2014, «Bis Lamer» est un camion reconverti en outil de sensibilisation. «Nous avons un excellent soutien du ministère de l’Éducation, qui laisse la porte ouverte pour que le bus se retrouve dans les écoles», explique François Rogers. «On voulait toucher au moins 12 000 élèves et on a réussi à en toucher pratiquement 18 000. On est plus que satisfaits.» Désormais, ce sont aussi des compagnies privées qui font appel à «Bis Lamer» pour des journées portes ouvertes. Le véhicule va là où il le peut, le samedi, sur la plage publique ou dans un centre commercial. À l’intérieur du bus tout est ludique. Il y a des posters, des jeux, des microscopes avec du plancton et du phytoplancton, des maquettes. Deux pédagogues sont à bord du bus et expliquent comment marche l’écosystème. «Depuis que le bus existe, on peut aller dans tout le pays pour faire de la sensibilisation», ajoute François Rogers. L’an dernier, ils avaient été très actifs dans la vulgarisation de l’arrêt de la pêche à l’ourite et aussi par rapport au changement climatique.
Bois bleu

Classification : vulnérable
Le bois bleu est un arbre touffu qui mesure environ cinq mètres de haut mais qui, normalement, peut atteindre jusqu’à 20 m s’il se développe dans un environnement ombragé. C’est un arbre à feuilles persistantes et attrayantes, d’un vert foncé brillant. L’écorce est lisse et gris blanchâtre avec de fines stries transversales sur les branches anciennes.
Les feuilles sont simples, alternées, vert foncé brillant au-dessus et plus sombres au-dessous, avec une marge lisse. L’arbre produit fréquemment des masses de minuscules fleurs, blanches et parfumées, portées par de petites grappes lâches. Les fruits sont de petites baies qui deviennent pourpres à noirâtres à maturité. Les fruits attirent les oiseaux frugivores et les fleurs attirent plusieurs insectes qui, à leur tour, attirent des oiseaux insectivores. Les oiseaux endémiques de Maurice, notamment le pigeon des Mares Neseonas mayeri et la grosse câteau verte Psittacula eques sont particulièrement friands des petits fruits du bois bleu et les fleurs sont très appréciées par le pic-pic Zosterops mauritianus.
À Maurice, le bois bleu pousse dans les forêts indigènes notamment à Brise Fer, Florin, Macchabé, Mare-Longue, Pétrin, Mt Cocotte, Plaine-Champagne, Les Mares, Gouly Père, Grand-Bassin, Le Morne, Guiby Peak, State Land Létard, Nicolière, Gaulettes-Serrées, Mare-d’Australia, Fayence, chaîne de montagne de Moka, Trois Mamelles, Mon-Loisir, Piton-du-Fouge, chaîne de Montagne Bambous, Mont-Vert, Corps-de-Garde et Mondrain. La population locale de bois bleu est estimée à moins de 1 000 individus. On rencontre également cette espèce en Afrique australe, et possiblement jusqu’au sous-continent indien.
Cette espèce, comme beaucoup d’autres espèces indigènes, est menacée par le déclin de son habitat et la prolifération de plantes envahissantes comme la goyave de Chine Psidium cattleianum, le privet Ligustrum robustum, l’arbre du voyageur Ravenala madagascariensis et le piquant loulou Rubus alceifolius, entre autres.
Dans les pépinières à l’étranger, le bois bleu est propagé par les semences, bien que la germination soit extrêmement lente. La graine prend environ six mois pour germer et les jeunes plantes ont une pousse lente. Cependant, ces arbres se développent beaucoup plus vite à mesure qu’ils deviennent plus grands et plus établis.
Avec des feuilles persistantes et des fruits non-charnus qui ne causent pas de désordre, ainsi qu’un système racinaire non invasif, qui n’endommage pas le pavage, ce petit arbre touffu est un excellent choix pour le jardin et est un arbre idéal à planter autour des zones pavées, près des piscines, à côté des bâtiments et qui peut être cultivé comme haie et aussi partout où on a besoin d’ombre tout au long de l’année.
Le bois bleu se trouve dans le parc national de Rivière-Noire. Ici, vous pouvez faire des ballades en pleine nature, tout en appréciant des plantes et animaux endémiques, et voir les travaux de conservation (ex. le pigeon des Mares, contrôle des plantes envahissantes, et replantation des plantes endémiques menacées).
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