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Lilia Poustovoytova: la musique au bout des doigts
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Lilia Poustovoytova: la musique au bout des doigts
Lilia Poustovoytova est née pianiste, même si elle ne le réalisera que beaucoup plus tard. Perfectionniste, elle vise l’excellence et transmet son art aux passionnés de musique.
C’est au Conservatoire Frédéric Chopin à Sodnac, Quatre-Bornes, que la virtuose nous a chaleureusement accueillis pour nous raconter sa passion pour la musique. Née dans une famille où la musique n’a aucun secret, Lilia a été dès sa tendre enfance fascinée par le piano. Son père jouait du violoncelle et son frère du piano ; les notes de piano résonnaient ainsi au plus profond d’elle depuis toute petite. D’origine russe, c’est à Maurice qu’elle enseigne le piano depuis déjà 29 ans. Son aventure musicale a été parsemée de hauts et de bas, mais elle est heureuse de pouvoir toujours partager son savoir-faire musical avec des passionnés.
C’est à l’âge de quatre ans que Lilia se met au piano, bien que l’imposant instrument lui fasse un peu peur au départ. Même si entre la musique et elle, c’est le début d’une belle histoire d’amour et d’amitié, jouer est une autre paire de manches. Curieuse, elle va très vite dominer cette frayeur et se mettre au piano, malgré un refus initial de sa mère, qui aurait préféré que sa fille fasse du ballet. En utilisant les méthodes de son frère au piano, elle s’initie à la musique ; elle ne tardera pas à impressionner. C’est une amie de ses parents, qui était professeur dans une école pour enfants surdoués, qui l’a vue jouer un jour, qui persuade ses parents de l’inscrire dans une école de musique. Passionnée, Lilia passe beaucoup de temps à pratiquer et elle commence même à improviser dès l’âge de six ans, alors que son frère, malgré d’excellentes aptitudes musicales, a déjà abandonné.
Timide et introvertie, Lilia avoue qu’elle s’exprime mieux à travers son instrument car son véritable univers à elle, c’est le piano. Enfant prodige, à l’âge de huit ans, elle avait ses compositions recueil et composition pour les enfants qui étaient déjà éditées. Toutefois, jusqu’à ses six ans, la musique est chose naturelle et elle joue sans faire d’effort au piano, mais elle va très vite désenchanter. Même si elle est douée, la pratique du piano ne se limite pas à sa seule brillance; l’aspect physique a toute son importance, car il faut développer l’endurance comme un sportif et la dextérité, et passer des heures avec son instrument. Lilia accepte difficilement cette exigence et songe à tout abandonner.
Dean et Lilia sur un même tempo
Soutenue par ses parents et son prof, elle surmonte cette étape difficile et poursuit sa passion avec éclat. À quatorze ans, la décision de porter son choix sur une formation professionnelle musicale n’a pas été difficile. Inscrite au collège des arts pour quatre ans d’études, elle décroche son Bachelor in music et entreprend des études supérieures. Parallèlement, elle se consacre à une spécialisation en musicologie et la rééducation des mauvaises habitudes des pianistes, car elle-même est passée par là au début. D’ailleurs, souligne-telle, une mauvaise posture des mains au piano peut engendrer des sérieux problèmes de santé. Elle se dit privilégiée d’être passée par les méthodes d’enseignement et d’avoir bénéficié des techniques de l’école russe qui est très recherchée dans le monde.
À son arrivée à Maurice, l’enseignement musical était encore à un stade embryonnaire. Après avoir rencontré Dean Nookadu pianiste et enseignant, les deux virtuoses qui partagent la même passion pour la musique concrétisent leur vision commune en lançant une école de musique. L’objectif est d’avoir non seulement au pays, mais aussi au niveau international des musiciens de haut niveau. «J’ai été impressionnée par les aptitudes des musiciens d’ici, des autodidactes, sans maîtrise de technique ou de lecture de partition», souligne-t-elle. Elle se dit heureuse avec son collaborateur d’avoir mis sur pied cet espace musical, avec au départ seulement l’enseignement du piano. Par la suite, d’autres instruments sont venus s’y greffer.
Lilia Poustovoytova est cofondatrice du Conservatoire Frédéric Chopin, qui existe depuis 17 ans. Cette école privilégie la qualité, avec une structure flexible capable de s’adapter aux besoins de chaque élève. Au fil des années, cette école est devenue une référence à Maurice et sur le plan régional. D’ailleurs, plusieurs des élèves ont remporté des concours et nombreux sont ceux qui poursuivent leur carrière musicale aux quatre coins du monde, et qui font la fierté du conservatoire. Les études musicales sont les plus longues car elles s’étendent sur seize années. «Les intonations musicales sont un langage codé qui exprime toutes les émotions humaines», laisse-telle échapper.
Fêter la musique et respecter les musiciens
Apprendre et découvrir de nouvelles choses nourrissent la curiosité de Lilia. Elle qui aime être entourée des gens, ressent souvent le besoin d’être seule pour se ressourcer. Elle aime observer et écouter, des qualités indispensables, dit-elle, pour un bon musicien. «J’aime la nuit, car le moment est propice pour moi pour la création», avoue-t-elle.
Petite, elle s’intéressait au cheval, souhaitait faire de l’escrime et vouait une passion aux animaux elle voulait être vétérinaire, mais la musique l’a conquise. D’ailleurs jusqu’aujourd’hui, elle s’attache aux animaux et communique très bien avec les chiens. Elle pratique le dressage de chiens de race et est aussi juge lors de concours canins. Lilia n’aime pas rester à ne rien faire ; elle aime toujours apprendre, créer et découvrir. Elle est aussi peintre et se passionne pour la décoration intérieure.
Artiste professionnelle, Lilia s’associe au cri du coeur des artistes et trouve inconcevable que les droits d’auteur ne sont pas respectés. Elle appelle au bons sens de chacun à respecter ces personnes qui font de leur passion leur métier. S’attardant sur la place de la musique dans notre système éducatif, elle dénote une volonté des institutions, mais déplore la méthode d’enseignement. Il faut, dit-elle, remettre les équipements nécessaires aux enseignants formés dans la filière musicale ; ils pourront par la suite offrir une culture musicale à nos enfants histoire, écoute musicale et laisser aux professionnels d’éducation musicale donner des cours d’instrument.
Nombreux disent qu’on est né musicien et on ne le devient pas. La virtuose reconnaît cependant que certains sont des enfants prodiges, comme c’est le cas dans d’autres domaines. Mais elle est convaincue que celui ou celle qui voue une passion pour la musique peut, avec les bonnes techniques et un travail assidu, devenir musicien. Fêter la musique et respecter les musiciens. C’est ainsi que Lilia interpelle chacun à l’occasion de la fête de la musique.
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