Il s’adonnait à sa passion : le jardinage. Lorsqu’un motoculteur lui a arraché une partie du pied droit. C’était le 3 septembre 2013… Curtis Malbrook, qui exerçait le métier d’ambulancier, a alors dû être amputé. Mais ce n’est pas ce qui a arrêté ce battant.

«J’ai mal utilisé la machine. J’ai fauté, l’accident est arrivé», lâche d’emblée cet habitant de Petite-Rivière. Quelques regrets, il en a certes. Mais ce n’est pas pour autant qu’il a baissé les bras.

À un moment donné, Curtis a voulu essayer une prothèse. C’est là qu’il a développé une passion pour la fabrication de ces «choses» qui peuvent changer des vies. Il se rend en Inde pour se perfectionner. «L’apprentissage n’est pas chose facile au départ. Mais on finit par apprendre, par maîtriser le processus de fabrication.»

Une fois qu’il avait tous les outils en main, Curtis a fabriqué lui-même sa prothèse. C’était en 2015. Le prof indien lui avait alors dit ceci : «Tu es prêt maintenant. Tu peux les fabriquer…»

Le plus dur, en fait, c’est le temps d’adaptation, la rééducation. Il faut apprendre à s’appuyer sur un corps étranger, en quelque sorte. Pour cela, il faut être fort mentalement, souligne l’homme âgé de 40 ans. Et, à aucun moment, ce père d’un garçonnet de 5 ans ne s’est apitoyé sur son sort. «Quand j’ai réussi à fabriquer ma propre prothèse et que j’ai commencé à l’utiliser, j’avais mal. Mais aujourd’hui, ça va. J’arrive à conduire, à tout faire. Je mène une vie normale.»

Pour le coup, il a voulu aider les autres. Aujourd’hui, l’ancien ambulancier est prothésiste. Des «appareils» de remplacement, il en a façonné une quarantaine à ce jour. Histoire de faire en sorte que, comme lui, d’autres personnes amputées retrouvent leur indépendance.