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Pédiatrie: manque cruel de spécialistes
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Pédiatrie: manque cruel de spécialistes
Le cas de la petite Amy Fanny, 4 ans, atteinte de leucémie, a interpellé tous les Mauriciens. Elle a dû se rendre à l’île sœur pour se faire soigner cette semaine. Des questions, dès lors : pourquoi de tels soins ne sont-ils pas disponibles chez nous ? Pourquoi sont-ils encore si nombreux à devoir se rendre à l’étranger pour espérer guérir ?
Le Dr Kevin Teeroovengadum, spécialiste en chirurgie pédiatrique, souhaite énumérer les points positifs d’abord. «Pour ce qui est du cancer, des chirurgies du système digestif ou des organes génitaux, on a les moyens de combattre ces maux à Maurice», précise-t-il.
Le docteur exerce actuellement dans le privé, mais pendant plus de sept ans, il a travaillé dans les hôpitaux. Mais même là-bas, il explique qu’il a réalisé plusieurs opérations avec les moyens disponibles. «J’ai procédé à une opération du côlon sans avoir à ouvrir l’enfant. Ou encore, une transplantation rénale sur un enfant de moins de 15 kg. On peut aller loin, même dans les hôpitaux», martèle-t-il.
N’empêche que certaines opérations délicates, des examens pointus et des soins requièrent un déplacement à l’étranger. Pourquoi ? À cause du «système», lâche le Dr Teeroovengadum. «Lorsque j’exerçais au sein du service public, je n’avais pas de soutien. Au moins 95 % du travail était administratif. Il fallait que j’obtienne tout par moi-même !» De plus, il estime qu’il est plus facile d’envoyer les enfants à l’étranger que de mettre en place des procédures adéquates.
Depuis qu’il est dans le privé, il a réalisé de nombreuses chirurgies de pointe aussi, dont une ablation partielle du foie sur un enfant de 10 mois atteint d’un cancer. Le Dr Kevin Teeroovengadum précise que les techniques utilisées pour opérer des enfants et des adultes sont totalement différentes, surtout que les maladies elles-mêmes sont différentes. Et le gros problème vient de là, en fait…
Un service digne de ce nom
À Maurice, il y a plusieurs pédiatres compétents. Mais l’on manque cruellement de sous-spécialités. De plus, rien n’est fait pour encourager les médecins à se spécialiser dans les domaines où il y a des lacunes.
Chez nous, le système hospitalier est «non universitaire» et de ce fait, il n’y a pas de recherches ni de publications quant aux avancées, y compris les techniques de pointe qu’il a lui-même utilisées. Ce manque de documentation ne donne pas envie aux autres médecins d’explorer des voies encore méconnues localement, dans le domaine de la chirurgie pédiatrique, notamment.
Ainsi, malgré toute la bonne volonté du monde, certains cas ne peuvent être traités à Maurice. Parmi, la leucémie. «On ne peut établir un diagnostic avancé de cette maladie chez nous. Le patient doit aller faire des analyses à l’étranger et revenir avec un protocole établi», fait valoir le médecin. Mais en cas de rechute, ou s’il faut une transplantation de moelle osseuse, le patient doit absolument se rendre à l’étranger, faute d’expertise mauricienne, encore une fois. «Il serait bien que les médecins s’orientent vers les spécialités requises, qui feront que nous aurons un service de pédiatrie digne de ce nom…»
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