Publicité
Roches-Noires: les squatteurs se plaignent de conditions de vie déplorables
Par
Partager cet article
Roches-Noires: les squatteurs se plaignent de conditions de vie déplorables
«Nos coeurs de mères saignent en voyant que des fois, nous ne pouvons même pas acheter de quoi manger pour nos enfants.» Telle est la lamentation de quelques-unes des femmes de squatteurs dans le petit village de Roches-Noires et que l’express a rencontrées.
Leur vie leur semble une lutte incessante, surtout que ces personnes disent ne pas savoir vers qui se tourner pour trouver l’aide qui les sortira enfin de leur misère. Elles se disent obligées de rester dans ces petites maisonnettes en tôle, car les terres sur lesquelles elles vivent ne leur appartenant pas, elles ne peuvent y faire construire des maisons «décentes». D’ailleurs, soulignent-elles, ceux qui avaient des moyens ont construit des maisons en brique mais ils ont été sommés par le gouvernement d’arrêter tous les travaux. Ce sont une trentaine de familles au total, dans la même situation de dénuement extrême et dans l’incompréhension totale par rapport à leur devenir. «Nous avons conscience que tout n’est pas gratuit et que si nous voulons quelque chose, il faut payer», déclare avec tristesse Mooktadevi Dotah, une des squatteuses. Toutefois, selon ses dires, les procédures à suivre ne sont pas claires.
Elle estime que jamais un officiel du gouvernement ou du conseil de district n’est venu dans le quartier pour leur expliquer quoi que ce soit. «Heureusement cependant, nous n’avons jamais eu des menaces, ni n’est-on venu nous dire qu’il faudrait évacuer les lieux, comme cela a été le cas dans d’autres endroits», précise-t-elle. Chez les Rajnauth, c’est la même dure réalité. Même si la famille a accès à l’eau courante. Pour vivre, ils élèvent quelques bestiaux, des poules, des chèvres et des lapins. Se trouver là n’est pas un choix, mais c’est par obligation, tiennent-ils à souligner. «La vie n’a pas toujours été facile. Je n’ai pas de travail fixe. Des fois, j’arrive à travailler sur les camions ou comme maçon», raconte le père de famille. Leur domicile se transforme en passoire à chaque averse, car les feuilles de tôle, qui font office de toit, sont percées. «Li vremen pa fasil», dit avec tristesse Oumatee Rajnauth. La famille ne peut bouger parce que personne ne veut ou ne peut lui tendre la main. «On ne choisit pas d’être pauvre, ce sont les circonstances de la vie qui nous poussent à être là où nous sommes.» D’ailleurs, précise-t-elle, cela fait 22 ans qu’elle vit dans des telles conditions.
Étiquetés
Les habitants expliquent qu’ils peinent à trouver du travail. Ils sont étiquetés squatteurs, déplorent-ils. Ils passent toutes leurs journées assis à ne rien faire. Certains, comme Madoo Ramchunder, partent à la plage pour pêcher, histoire de ramener au moins un kari pour le dîner. «Dé fwa gagné dé fwa pa gagn nanyé. Ki pou fer ? Lavi la ki koumsa», avance-t-il. Ce vieil homme est plongé dans la misère à Roches-Noires depuis 27 ans. «Dan mo vié zour, difisil pou kapav al lwe enn lakaz». Déjà que la pension de retraite ne lui suffit pas pour subvenir à ses besoins, souligne-t-il.
Les enfants ne sont pas épargnés non plus.«Mes enfants sont au collège et des fois, nous n’arrivons pas à payer leurs matériels scolaires», déplore Mooktadevi Dotah. D’ajouter qu’elle ne sait plus à quel saint se vouer pour payer les frais d’université de son aîné l’an prochain.
D’autres squatteuses connaissent d’ailleurs les mêmes problèmes. Une d’elles habite seule avec ses trois enfants en bas âge. Ce qui l’empêche de travailler. C’est avec les larmes aux yeux qu’elle explique que des fois, elle doit faire appel aux voisins pour nourrir ses petits. «Mes voisins aussi sont très modestes, je ne peux pas le faire à chaque fois, cela me brise le coeur», explique-t-elle.
Dossier sensible
<p>Sollicité pour une réaction, le conseiller du village de Roches-Noires, Bhooneshwarsing Arjoon, explique que c’est un dossier sensible. <em>«Il y a plusieurs endroits à Roches-Noires qui sont considérés comme des poches de pauvreté extrême»</em>, avance-t-il. Toutefois, la plupart de ces squatteurs ont déjà reçu une somme d’argent du gouvernement pour quitter les lieux, mais ils n’ont jamais bougé pour faire avancer les choses. <em>«Une petite poignée est partie et c’est déjà çà, mais en ce qui concerne ceux qui sont restés, j’estime qu’ils ne veulent pas sortir de cette pauvreté»</em>, affirme Bhooneshwarsing Arjoon. D’ajouter que, de son côté, il a, à plusieurs reprises, essayé de leur donner un petit coup de pouce. <em>«Nous leur avons conseillé d’entamer des démarches pour obtenir une maison de la NHDC. Mais comme ils ne font rien, nous ne pouvons faire davantage pour eux»</em>, a-t-il déclaré.<br />
</p>
Publicité
Les plus récents