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Chagos: Maurice ne cédera pas aux «menaces» des Britanniques
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Chagos: Maurice ne cédera pas aux «menaces» des Britanniques
«La souveraineté n’a pas de prix», indique-t-on au bureau du ministre de la Défense, sir Anerood Jugnauth. Cependant, l’on fait bien comprendre que les propos des Britanniques sont bel et bien perçus comme des menaces. Dans l’édition de l’express du samedi 24 juin, le Foreign Office britannique laissait entendre que les relations Maurice–Grande-Bretagne seraient réévaluées.
«The United Kingdom has enjoyed a constructive relationship with Mauritius on a range of issues. We will of course take stock of relations following the UN- GA (NdlR, United Nations General Assembly) debate. We have always been very clear that this should be a matter for the UK and Mauritius to resolve ourselves.» C’est en ces termes que s’est exprimé Liz Harwood, Senior Press Officer.
Au sein de la délégation mauricienne qui s’est rendue à New York, même si elle n’étonne pas, cette remarque fait jaser. Elle est d’ailleurs considérée comme une «menace à peine voilée». Mais la délégation mauricienne ne cédera pas pour autant. En effet, soutient-on, cela ne découragera Maurice en aucun cas dans sa démarche de demander un avis consultatif à la Cour internationale de justice (CIJ).
Arvin Boolell, ancien ministre des Affaires étrangères, affirme, lui, qu’il ne faudrait pas lire trop vite entre les lignes. «Même les plus fins diplomates réagissent parfois à chaud.» Selon lui, cela a été la toute première réaction après le débat de l’Organisation des Nations unies.
L’ancien secrétaire aux Affaires étrangères, Vijay Makhan, estime que cette déclaration est une honte. «Nous sommes des pays amis. Nous travaillons ensemble depuis longtemps. Cela fait des lustres que Maurice essaie de participer à des discussions bilatérales et cela ne marche pas. Cela ne justifie pas une menace, ce n’est pas comme cela qu’on traite les amis.»
Ce n’est pas la première fois que le Royaume-Uni tente de faire peur à Maurice. En juin 2016, ce pays et les États-Unis ont émis un communiqué conjoint dans lequel ils expliquaient qu’une éventuelle demande d’avis consultatif à la CIJ pourrait porter atteinte aux relations bilatérales entre Maurice et le Royaume-Uni.
Cette fois-ci, le bureau du ministère de la Défense pense que la réaction a été accentuée par le peu de votes recueillis par le Royaume-Uni lors de la réunion plénière des Nations unies du 22 juin. «Nous nous attendions à ce que la France ainsi que l’Allemagne soutiennent le Royaume-Uni. C’est un gros coup pour le Royaume-Uni.» Les diplomates et parties prenantes du secteur rejoignent ces propos. «Au total, 94 États ont voté pour la motion, c’est énorme», soutient un diplomate. Pour lui, cependant, cela n’empêche pas que la menace soit choquante. «Après tout, on ne demande à la CIJ qu’une clarification de nos droits.»
Quels sont les enjeux d’un éventuel boycott du Royaume-Uni ? «Surtout l’exportation. Mais nous avons aussi beaucoup d’étudiants mauriciens en Angleterre», laisse entendre une source de la Défense. En effet, une grosse part de notre marché textile est exportée vers la Grande-Bretagne.
Arvin Boolell précise qu’il y a des secteurs dans lesquels il ne faut pas avoir peur. «Beaucoup d’investisseurs anglais viennent à Maurice. Nous ne les perdrons pas à cause de cela puisque les investisseurs vont là où le climat est propice.» Le pragmatisme économique pourrait avoir raison du réalisme diplomatique.
À la MBC : SAJ fustige l’opposition
<p> Il est rentré de New York hier matin. Lors d’une rencontre avec les ministres, sir Anerood Jugnauth s’est adressé à la MBC. Pendant son intervention, le ministre mentor n’a pas manqué d’égratigner l’opposition. «<em>Éna ti dir ki 10 vot mem nou pa ti pou gagné. Ou ankor éna ti dir ki ti bizin amenn bann lopozision osi ladan. Monn les zot kozé mwa</em>», a-t-il soutenu à la télévision nationale. Malgré lesdites tentatives de découragement de l’opposition, SAJ explique qu’il a voulu faire preuve de conviction et de détermination. Pendant son intervention, sir Anerood Jugnauth a expliqué, en outre, que le nombre de votes recueillis est surprenant mais est aussi le fruit d’un lobbying laborieux. <em>«Le Royaume-Uni et l’Amérique ont fait pression à New York sur les autres États présents. Mais nous nous en sommes sortis», </em>se félicite-t-il.</p>
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<h2>28 et 29 juin : autres rendez-vous pour les chagossiens</h2>
<p>Après New York, Olivier Bancoult est maintenant à Londres. Les 28 et 29 juin, la Cour suprême du Royaume-Uni évaluera la <em>«Marine Protected Area</em>» réclamée par les Britanniques en avril 2010. Un jugement dans cette affaire n’est cependant pas attendu tout de suite.</p>
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