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Clément Siatous: dessine-moi les Chagos

28 juin 2017, 01:34

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Clément Siatous: dessine-moi les Chagos

Ses peintures dépeignent de lointains souvenirs. Des moments heureux de sa vie passée sur les chagos. De peros banhos à diego garcia, en passant par son île natale, diamant, clément siatous décrit ses moments de bonheur à travers ses toiles. Il envisage d’exposer ses œuvres dans les prochains trois mois…

Plages blanches, mers turquoise, palmiers à perte de vue, gens souriants… Ce sont les images peintes par Clément Siatous. «Je veux juste que les gens découvrent la beauté des Chagos. Ce sont des souvenirs. Des blessures aussi», dit ce Chagossien, âgé de plus d’une soixantaine d’années – il ne veut pas révéler son âge. Clément Siatous est né sur l’île Diamant. «C’est une île qui fait partie de l’archipel des Chagos.» Il y passera son enfance, jusqu’à ce que ses parents décident de bouger vers les Chagos. Mais, avec l’indépendance obtenue en 1968, il se voit contraint de quitter son pays pour venir habiter à Maurice. «J’étais alors âgé de 13 ans.» 

La transition sera difficile. L’adaptation aussi. Clément Siatous se tourne vers la peinture. Les œuvres de cet autodidacte naissent de ses souvenirs. «Je peins sur les toiles avec de l’huile. J’essaie de montrer la beauté de mon île.» 

Ses œuvres ont été exposées en Amérique. «Paula Norton a exposé pas moins de 16 de mes tableaux. Elle voulait faire découvrir aux gens les Chagos à travers mes dessins.» Certains ont même été utilisés afin de sensibiliser les membres de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies sur le sort des Chagossiens. «Plusieurs journalistes africains m’ont interviewé sur mon travail.» 

Clément Siatous n’est pas peu fier d’être le seul artiste peintre des Chagos à exposer ses œuvres à travers le monde. «Je veux juste que les gens découvrent la beauté des Chagos. On nous a déracinés de notre pays. On y était heureux.» 

Il confie qu’il y a fait une visite éclair ces dernières années. «Les îles ne possèdent presque plus d’habitations. Il y a plus de ruines que de bâtisses encore en état.» Mais ce qu’il trouve le plus dur à encaisser, ce sont les différents yachts qui séjournent dans les baies des différentes petites îles. «Il y a beaucoup de gens qui veulent y passer un moment agréable. Ils peuvent bien vivre de la pêche, ces eaux sont poissonneuses. Et de ce que j’ai pu voir, ces gens sont de différentes nationalités.» 

Eaux poissoneuses

Le souhait de Clément Siatous : retrouver son île. Il est même prêt à relever un défi de taille. «Donnez-moi une allumette et un couteau. Je vous assure que je pourrais vivre pendant 20 jours aux Chagos !» lance-til avec le plus grand sérieux. N’importe qui, insiste-t-il, peut vivre sur une des îles de l’archipel. Après tout, «les eaux regorgent de poissons…». 

Mais, poursuit-il, il faudra faire un grand nettoyage. «Les crabes ont investi les plages. La moisissure est partout. Mais avec un groupe motivé pour nettoyer les îles à fond, on peut aller y vivre sans aucun problème.» 

Et lorsqu’il sera sur place, ce n’est pas de ses souvenirs qu’il tirera l’inspiration, mais du paysage…