Un document déposé à l’Assemblée nationale par le Tourisme détaille les dépenses du Festival international kreol. Le budget est de Rs 20,9 M. Une somme qui suscite des interrogations.

Impayés : l’État ne paie pas ses institutions

Deux impayés sont au sommaire des dépenses du Festival international kreol (FIK) 2016. Ils ont trait aux factures de deux institutions publiques. L’une, de Rs 730 000, concerne la Mauritius Broadcasting Corporation pour des spots télé (Rs 650 000) et des publicités (Rs 80 000). L’organisateur du festival doit aussi Rs 12 800 à la Mauritius Film Development Corporation pour des encarts publicitaires dans la presse.

 Sécurité : une seule société pour tout le festival

 C’est la société DL Security Force Ltd qui a raflé le contrat pour tout le festival. Ses employés étaient présents sur les neuf manifestations de l’édition 2016. Au total, cette entreprise a obtenu Rs 2,3 millions.

Cachet d’artistes : Désiré François a la cote

 Le cachet de l’artiste est-il directement proportionnel à sa notoriété ? Pour l’All Night Concert, l’an dernier, l’artiste le mieux payé était Désiré François avec une enveloppe de Rs 75 000. 2016 était, pour lui, l’année de Dipin griye. Il est talonné par Zulu et Alain Ramanisum avec Rs 60 000 chacun.

Le cachet du musicien et producteur Jean Luc Clair était de Rs 50 000. Suivent Mr Love, Linzy Bacbotte, Bruno Raya et Mr Snyp avec Rs 45 000 chacun. L’enveloppe de Mario Justin et de Nancy Dérougère était de Rs 35 000 pour chacun. Pour le ministère du Tourisme, ils sont au même niveau que Borghini Naidu, plus connu comme Boyzini, et Jasmine Toulouse.

Les artistes Blakkayo, Hans Nayna et Louis Wilson Félix ont, eux, touché Rs 30 000. Le budget pour les artistes locaux, pour l’All Night Concert est de Rs 1,1 million. En tout, les performers qui sont passés sur toutes les scènes du festival – sware afrikin, festival culinaire et régate, concert de Trou-d’Eau-Douce etc. – se partagent Rs 1,9 million.

La plus grosse dépense : l’«All Night Concert»

C’est l’All Night Concert qui constitue – de loin – la plus grosse dépense du FIK. À elle seule, cette manifestation mobilise la moitié des ressources financières de l’édition 2016. Une nuit de chansons a coûté Rs 10,2 millions, alors que le budget total du festival était de Rs 20,9 millions.

Suivent dans l’ordre la régate et le festival culinaire qui ont coûté Rs 1,7 million, le concert de Trou-d’Eau-Douce à Rs 1,3 million et la sware afrikin à La Citadelle à Rs 1,3 million.

Dictée : le mot le plus long

 Montant total des dépenses pour la dikte kreol : Rs 93 000. Dont Rs 9 000 pour les rafraîchissements. Pas de détails pour le reste.

Service traiteur, item financièrement gourmand

 Le service traiteur est une dépense majeure des diverses manifestations qui ponctuent le Festival kreol. Si plusieurs prestataires se partagent les contrats, c’est Marie Ange Edouard qui se taille la part du lion. Pour l’All Night Concert, elle a fourni pour Rs 315 000 en «food and refreshment for artists and VIP». Le même soir, pour le même événement, elle fournira également pour Rs 45 000 d’«additionnal food and refreshments».

Pour la sware afrikin à La Citadelle, le 23 novembre 2016, on relève l’item «refund for purchase of additionnal beer cans and ice» pour une valeur de Rs 7 250 au nom d’Arnaud Poinoosawmy. Pour la même soirée, la facture pour l’item «achat de boissons» au supermarché City Way s’élevait à Rs 43 375.

Autre item intrigant pour cette soirée africaine à La Citadelle, le «lunch Miss Tutu» fourni par l’Exil Ltée pour Rs 4 250. Il ressort qu’il s’agit d’un membre de la délégation ghanéenne qui était invité au festival. Ce déjeuner s’ajoute aux Rs 150 000 payées à Ed Grill Resto pour «supply food & refreshments» et les Rs 13 500 payées au même fournisseur pour «additionnal catering service».

Sanitaires : besoin incontournable

 Qui dit concerts en plein air dit location de toilettes mobiles. Voilà encore un item qui pèse de tout son poids dans le budget. Surtout quand il faut des toilettes additionnelles à chaque fois. Faites le compte. Pour l’All Night Concert, la facture est de Rs 165 500, plus les toilettes additionnelles pour Rs 25 200. Pour le concert Homaz Kaya à Roche-Bois, c’était Rs 34 000 pour les toilettes et Rs 23 460 pour les aménagements additionnels. La facture est de Rs 86 250 pour le bal rann zariko au Caudan et Rs 74 750 pour les «additionnal mobile toilets».

Pour le concert de Trou d’Eau-Douce, la location des aménagements est de Rs 165 485, plus Rs 23 460 pour les toilettes additionnelles. La facture est de Rs 54 000 pour la location des toilettes, pour le festival culinaire à Mahébourg.

Les mystères de l’item «others»

 L’item «others» est détaillé dans le document dé- posé au Parlement. Là où il devient intéressant, c’est quand la facture d’«others» est équivalente à la facture de tous les autres items réunis. Comme dans le cas d’All Night Concert. L’item «others» est de Rs 907 247. Outre les tee-shirts et bracelets, il comprend des consultancy fee. Pour qui ? Le document ne le spécifie pas. Parmi les autres «others», le renouvellement d’un nom de domaine, celui de Tidal Waves, pour Rs 156 450. En tout, les «others» pour tout le Festival kreol font Rs 5,5 millions.