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Foire de Quatre-Bornes: après la pluie, le beau temps

4 juillet 2017, 01:30

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Foire de Quatre-Bornes: après la pluie, le beau temps

Le parfum de l’ananas vous fait plonger dans un monde exotique, peuplé de couleurs vives. À Quatre-Bornes, les étals grouillent de divers produits, vêtements, ustensiles de cuisine, chaussures... La bonne humeur des marchands est communicative. Ils affichent tous un large sourire. Il faut dire qu’ils sont plutôt contents de leur nouveau marché. Il y a encore cinq mois, certains protestaient encore d’avoir été temporairement relogés sur le parking à l’arrière du marché…

Begam

Begam fait partie des pionniers de la foire de vêtements. «Mo ti pé travay lor rail mwa.» Son regard se fait distant. Elle se revoit à l’époque où le marché commençait à prendre forme. «Mes vêtements, je les vendais en les présentant aux clients. Sans étal, sans rien. Ils pendaient sur des cintres ou je les attrapais dans mes mains.» 

C’est à ce moment-là, raconte-t-elle, que l’on propose aux marchands de venir travailler les jeudis et les dimanches. «Mais beaucoup se sont montrés réticents. Surtout les marchands de légumes.» Mais Begam, son frère et son beau-frère sautent sur l’occasion, avec le soutien de deux autres hommes. N’en déplaise à certains… 

«La police devait nous aider. Nous avions reçu des menaces. Les autres marchands disaient que nous n’avions pas les permis requis pour venir travailler ici.» Les inspecteurs du marché ne seront toutefois pas de cet avis. «Ils nous ont fait comprendre qu’ils suivent les ordres du gouvernement et que nous avions le droit de travailler ici.» Ces premières semaines resteront à jamais gravées dans sa mémoire. 

Avec le soutien de sa famille, elle tient tête aux autres marchands mécontents. «Et cela dure depuis déjà vingt-six ans. Entre-temps, les relations avec les autres marchands se sont améliorées.»

Les jours de marché

Le marché de Quatre-Bornes est ouvert les mardis, jeudis, vendredis et dimanches pour les marchands de vêtements. Ceux qui vendent les légumes y sont présents les mercredis et samedis.

Néanmoins, elle se souvient encore de ses débuts, peu glorieux. «On avait rencontré beaucoup de difficultés. Les vêtements devenaient sales, l’eau n’arrangeait pas les affaires. L’emplacement n’était pas couvert comme il le fallait... Mo’nn bien pas mizer. A prézan mo bizin remersié bondié. Linn tann mo bann lapriyer. Nous avons une place propre pour travailler en toute quiétude.» 

«Nou népli dan nwar» 

Ce sentiment de paix, elle n’est pas la seule à le ressentir. «Il est vrai que ce n’est que la première phase. Mais nous sommes pleinement satisfaits», renchérit Reshmi Bhageerathee. «Tout est propre. On sent qu’il y a une organisation derrière le bon fonctionnement de ce nouveau marché.»

Reshmi

Elle travaille à la foire depuis plus de dix ans. «À présent, nous n’avons plus peur de la pluie. J’espère que les gens viendront encore plus souvent nous rendre visite.» 

Effectivement, le marché est constitué d’une nouvelle toiture en tôle et des lampadaires ont été installés afin d’aider les marchands. «Nou népli dan nwar», lance Abdoul en souriant. D’ajouter : «Nous pouvons tranquillement ranger nos affaires même à des heures indues.» 

Abdoul

Il espère que la propreté des lieux influencera aussi les gens à faire le déplacement. «Il y a même des drains pour évacuer les eaux accumulées.» Il souligne toutefois un petit bémol. «On ne nous laisse plus exposer nos produits devant les étals. Il faut les mettre un peu plus à l’intérieur. Mais bon, on ne va pas trop se plaindre…» 

Abdoul a, lui aussi, connu des hauts et des bas avec ce travail qu’il fait au bazar depuis une trentaine d’années. «Avant, nous n’avions aucune place pour nous abriter quand il pleuvait. Pa ti éna prélar. Les vêtements que nous vendions étaient trempés et nous devions les mettre à sécher à la maison. Jusqu’à tout récemment, nous prenions une feuille de papier et nous regardions dans quelle direction le vent souffle pour savoir s’il va pleuvoir ou pas… Ce sont des épisodes difficiles que nous avons vécus.» 

Satish

Satish, lui, espère que tous les marchands se respecteront les uns les autres. «Regardez mon étal. Hier, c’était le jour de la vente des légumes. Et les marchands ont sali l’étal. Il y a de la terre. Heureusement que je vends des objets en plastic.» Il faudrait songer à installer des robinets et des cuves pour que les marchands de légumes puissent laver leurs produits avant de les exposer, dit-il. «J’espère aussi que la municipalité nous donnera de grosses poubelles pour que nous puissions jeter les saletés et que nous continuions à garder le nouveau marché propre.» 

En tout cas, une visite au nouveau marché s’impose.