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Alessandro Chiara : La monnaie de sa pièce
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Alessandro Chiara : La monnaie de sa pièce
Exemple de persévérance. Alessandro Chiara fait du théâtre depuis l’âge de 15 ans. Après des passages dans Fami Pa Kontan 2 de Komiko, À gauche en sortant de l’ascenseur de Philippe Houbert et Daniel Mourgues, Marika est partie d’Alain Gordon Gentil, il veut monter la pièce qu’il a écrite, Bye Bye Youtube. Son Everest à lui, il en a déjà dégringolé. Ecorché mais pas découragé, il recommence l’ascension.
Alessandro Chiara refuse de prendre congé. Promis, juré, craché, Bye Bye Youtube, la pièce de théâtre qu’il a écrite finira bien par voir le jour. Ce projet, il le porte depuis un an. Tout part de la demande d’une tante, pour égayer l’anniversaire de son neveu, Shawn, un petit garçon atteint de leucémie. Nous sommes en juin 2016. Alessandro Chiara a fait des apparitions dans Fami Pa Kontan 2 des Komiko. Shawn est à la salle 14 de l’hôpital Candos, oú les patients sont à l’isolement. La tante insiste, Shawn est fan de Komiko, cela lui ferait plaisir si les comédiens lui faisaient un coucou. Alessandro voudra aller plus loin.
«Mettre un visage sur la voix». Il se renseigne sur la maladie, comprend qu’il s’agit de traitements lourds et onéreux avec des déplacements en Inde. Il se rend à l’hôpital en se demandant ce qu’il va bien pouvoir dire au «petit bonhomme». Malgré la vitre qui les sépare à l’hôpital – les visiteurs ne sont pas admis - le courant passe, ils échangent sourires et selfies. «Je me suis demandé comment parler d’une maladie grave aux enfants». Les répliques s’enchaînent, Bye Bye Youtube prend forme.
Vient l’étape cruciale de trouver les fonds pour monter la pièce, au bas mot, Rs 300 000. L’auteur mise sur la «dimension sociale» du projet. Les recettes seront reversées à Shawn. Alessandro Chiara fait le tour des grosses sociétés. Explique avec conviction que, «faire du social c’est bien, mais faire de la culture cela reste, parce qu’il y a une émotion plus forte». Il est reçu, écouté. «Après, cette personne doit convaincre sa hiérarchie. C’est là que cela coince. Je ne sais pas pourquoi».
Par contre, avec des particuliers, «Je suis entré, j’ai parlé 30 minutes et ils m’ont dit, «allez, combien t’as besoin ?» On m’a fait des chèques, tout de suite». Il récolte ainsi la moitié du budget auprès des mécènes. «Je me suis dit que le reste suivrait». Il démarre les répétitions. Mais à février 2017, l’autre moitié de l’argent reste introuvable.
«Avec les entreprises, j’ai compris qu’il faut avoir le bon timing, par rapport à l’année financière. J’ai fait la bêtise de m’y prendre six mois à l’avance. Il faut compter au moins un an». Faute de moyens, il sera forcé, d’«expliquer aux mécènes quelles dépenses j’avais faites. J’ai rendu le reste». Il adapte la pièce en créole qu’il donne à Miselaine Duval. «J’ai juste demandé qu’on donne les recettes d’une séance à Shawn».
Sur ce, le comédien Philippe Houbert et le metteur-en-scène Daniel Mourgues demandent à lire la pièce. «Ils m’ont encouragé à faire plus simple». Nouveau départ.
L’objectif est de terminer la réécriture ce mois-çi. Alessandro Chira qui vit des doublages et des apparitions dans des spots publicitaires affirme qu’il travaille sur sa pièce six heures par jour. Il se prépare à affronter «l’une des plus grosses difficultés» : trouver un enfant pour tenir le rôle principal de Bye Bye Youtube.
Photos : Sylvian Sebille
<h2>Louer une salle : un gouffre financier</h2>
<p>La plus grosse dépense pour monter une pièce : la location d’une salle. <em>«En général, dans le</em> <em>privé, c’est plus cher». </em>Si Alessandro Chiara ne souhaite pas donner les prix parce que, <em>«c’est confidentiel»</em>, en revanche, pour le théâtre Serge Constantin, géré par le ministère des Arts et de la Culture, c’est, <em>«Rs 4 000/heure en semaine et Rs 5</em> <em>000/heure le week-end»</em>. En comptant trois séances, à raison de cinq heures par jour, les répétitions, l’installation des décors, cela monte jusqu’à Rs 100 000 à Rs 125 000. <em>«On</em> <em>m’a dit pourquoi ne pas jouer ailleurs que dans un théâtre et</em> <em>sans décors ? Bye Bye Youtube c’est une pièce pour les enfants</em> <em>à partir de 8, 9 ans. Le visuel ça compte pour eux»</em>.</p>
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