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Tourisme: l’hôtellerie à l’avant-garde du développement durable
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Tourisme: l’hôtellerie à l’avant-garde du développement durable
Les hôteliers sont les pionniers dans le domaine de l’intégration du concept de durabilité dans leur modèle d’affaires. Comment s’y prennent-ils ?
Les tour-opérateurs donnent le ton
Que signifie développement durable dans le secteur hôtelier ? Nombreux sont les entreprises qui auraient souhaité obtenir une réponse précise de la part des autorités responsables définissant ce concept pour le pays. En l’absence d’une telle initiative gouvernementale, que regrette Jean Louis Pismont, président de l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’Île Maurice (AHRIM), les hôteliers se sont résolus à initier des plans d’action individuels, adaptant la formule à ce qu’ils estiment le plus opportun.
Leurs démarches ne sortent toutefois pas de nulle part. En effet, une charte de l’environnement pour le secteur a été développée depuis 2003. Cette initiative de l’AHRIM propose un modèle qui inclut un processus d’audit et d’engagement envers les valeurs du tourisme durable et écoresponsable. Ils sont 50 établissements hôteliers à s’y être engagés.
Ils sont aussi activement impliqués dans le Programme national d’efficacité énergétique (PNEE) avec Business Mauritius et le gouvernement.
Toutefois, depuis 2003 les priorités ont bien changé. Du coup, c’est vers les tour-opérateurs que se tournent les hôteliers pour définir leurs approches environnementales. Car les demandes des tour-opérateurs traduisent au final celles de la clientèle.
«Beaucoup de tour-opérateurs veulent s’associer à des établissements ayant des certifications internationales», explique Jean Louis Pismont. D’ailleurs, la moitié des hôteliers qui se sont formellement engagés dans une démarche de tourisme durable ont déjà atteint un niveau de certification internationale. Les labels dans ce domaine sont nombreux: Green Globe, EarthCheck, Travelife et Green Key. Certains sont même allés jusqu’à l’adoption du Global Reporting, à l’instar du groupe Lux*.
La démarche de certification est le plus souvent une initiative personnelle de groupes hôteliers qui se limite aux seuls établissements de ces groupes. Ils s’appuient à cet effet sur leurs équipes internes et sur les services de consultants dont ils assument eux-mêmes les coûts.
Cette approche s’avère toutefois hors de portée des petits hôtels qui ne peuvent en assumer à eux seuls les frais. Dès lors, ils ont choisi de se regrouper afin d’aborder ensemble les divers aspects de la gestion du tourisme durable.
Plateforme commune
«Greening the Mauritian Tourism Industry.» C’est le nom du projet dans lequel se sont engagés les membres de l’Association des Hôtels de Charme, qui regroupe les petits hôteliers, depuis bientôt deux ans. Regroupant 30 établissements hôteliers à Maurice et à Rodrigues, ce projet est financé par l’Union européenne et les Nations unies à travers le programme d’accompagnement et de financement Switch Africa Green. Ils bénéficient d’une subvention de 250 000 dollars (environ Rs 9 millions).
Le projet se décline en trois phases. Dans un premier temps, il vise à évaluer l’écart entre ce qui existe et ce qu’il faudrait mettre en œuvre pour assurer la durabilité. Puis il s’agit de doter ces établissements de capacité d’action et ensuite de les aider à communiquer sur ces initiatives afin d’en tirer un avantage auprès de leurs clientèles respectives.
Si les bénéficiaires sont à présent bien impliqués dans le projet, amener les petits et moyens hôtels à adopter des pratiques vertes n’a pas été une mince affaire, explique le responsable du projetAvinash Venkama. Certains ont déjà pris les devants en réduisant leur consommation d’électricité et d’eau. Ce qui ne suffit pas. Il leur faudrait en savoir davantage sur le développe- ment durable, savoir comment calculer leur empreinte de carbone, tenir un système de compostage, inclure la communauté dans les projets de l’hôtel, ou promouvoir la conservation et la biodiversité, entre autres.
«Il faut aussi se rendre compte que, pour la plupart des petits hôtels, la priorité reste la rentabilité et le maintien du cashflow», explique notre interlocuteur. Ces hôtels se concentrent donc surtout sur les opérations sans pour autant s’appuyer sur une stratégie d’ensemble pour le développement de l’établissement, dit-il.
Le projet de l’association est aussi de partager avec les établissements des informations au sujet des multiples facilités de financement qui existent pour des investissements dans des infrastructures écologiques, telles que l’installation de plaques photovoltaïques. Une série d’ateliers de formation est d’ailleurs en cours pour combler ces lacunes. Le prochain aura lieu demain sous la thématique de la gestion des déchets.
Le projet «Greening the Mauritian Tourism Industry» ne s’adresse pas uniquement aux hôteliers mais également à toutes les parties prenantes qui gravitent autour des hôtels, à l’instar des fournisseurs de services, les taxis ou encore les maraîchers explique Avinash Venkama. «Nous comptons former cinq fournisseurs de services par hôtel sur ce qui relève des pratiques de consommation durables», souligne le responsable du projet. La finalité du projet est de réunir les 30 hôtels bénéficiaires sur une plateforme commune et les présenter comme des «Eco hôtels», explique Avinash Venkama.
La clientèle de ces petits hôtels est-elle, comme les tour-opérateurs, sensible à cette démarche ? «Pas tout à fait», avance Avinash Venakama, «c’est une clientèle différente de celle qui fréquente les grands hôtels». L’objectif, pour l’heure, est donc de travailler sur l’offre, ce qui devrait à terme avoir une incidence sur la clientèle, dit-il.
Revoir l’Environment Protection Fee
Un problème demeure : la politique fiscale. L’AHRIM demande en effet que le gouvernement revoie l’Environnement Protection Fee (EPF), en vigueur depuis 2002. Les hôteliers versent une taxe de 0,85 % de leur chiffre d’affaires mensuel, une taxe dont le taux varie en fonction des secteurs d’activités et qui pèse plus lourdement sur les entreprises du secteur touristique. Les montants ainsi collectés sont versés au Consolidated Fund du gouvernement. S’il est prévu que ces fonds financent des projets environnementaux à l’échelle nationale, nul ne sait vraiment comment ils sont gérés et utilisés, explique le président de l’AHRIM. Raison pour laquelle l’association demande que les opérateurs soient impliqués dans la gestion de ces fonds, pour en faire une utilisation plus effective et transparente. Du reste, l’AHRIM exhorte le gouvernement à adopter une stratégie nationale pour le développement durable, le président ayant même plaidé pour «une politique de développement durable et complète» pour le pays.
Vishnee Payen, Sustainability & CSR Manager du groupe LUX
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<p><strong>Quelle est la stratégie de développement durable du groupe LUX* à Maurice et dans l’océan Indien? </strong></p>
<p>Notre stratégie consiste à nous aligner sur les attentes de nos parties prenantes et de créer de la valeur pour eux. Cela implique aussi un alignement de nos objectifs locaux sur des normes internationales. Le monde tend de plus en plus vers la réduction de l’empreinte carbone et LUX* Resorts & Hotels n’y échappe pas.</p>
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<p><strong>Comment réagit la clientèle face à vos efforts ? </strong></p>
<p>La clientèle est intelligente et vient des pays développés. Elle s’attend à un niveau de responsabilité des opérateurs touristiques. Elle a des valeurs morales et n’accepte pas de passer des vacances de luxe au détriment de l’environnement et des habitants. Les tour-opérateurs reçoivent beaucoup de pressions de la part des clients. Ils sont donc amenés à choisir des hôtels responsables.</p>
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