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Michel Thèze: «Il y a un cap à franchir mais je pense que nous sommes sur la bonne voie»

5 juillet 2017, 10:09

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Michel Thèze: «Il y a un cap à franchir mais je pense que nous sommes sur la bonne voie»

Appelé à prendre le poste de Directeur Technique National (DTN) du cyclisme mauricien depuis mars, Michel Thèze a déjà mis en branle son plan de travail. Son objectif majeur est de préparer nos cyclistes en vue des prochains Jeux des iles de l’océan Indien (JIOI) prévus en 2019 à Maurice. Mais il voit au-delà de cette compétition. Son but : voir les Mauriciens devenir compétitifs sur le continent africain. 

Vous avez dit peu après votre arrivée que le niveau du cyclisme mauricien était moyen. A-t-il progressé depuis ?
Je l’espère en tout cas ! Je n’ai pas encore de preuves concrètes pour pouvoir l’affirmer et je pense aussi qu’il y a encore beaucoup de travail à faire. Comme je le dis toujours, il faut des mois voire des années de travail pour produire un bon coureur.

Que lui manque-t-il pour qu’il progresse davantage ?
A mon avis, il est essentiel qu’un coureur soit persévérant. Ce que je note c’est que certains coureurs qui se trouvent juste en-dessous des meilleurs manquent de persévérance et de précision à l’entrainement. Ils doivent progresser dans leur méthode d’entrainement. Le vélo c’est dur mais il faut arriver à prendre plaisir à s’entrainer. Puis, en course, on n’attaque pas à tout vent sinon on s’use. Il y a un cap à franchir mais je pense que nous sommes sur la bonne voie.

Il y a certains coureurs qui ont bien progressé depuis qu’ils s’entrainent avec vous…
Oui à l’instar de Dylan Redy. Il a bien suivi les conseils et il a progressé. C’est un garçon qui est très à l’écoute, l’un des plus réceptifs…

La Fédération mauricienne de Cyclisme (FMC) met beaucoup l’accent sur la formation avec l’ouverture de deux académies. Quand peut-on s’attendre à voir les fruits de cette démarche ?
Il faut être patient. Les académies ont été lancées avant mon arrivée à Maurice et moi ma priorité c’était plus préparer la présélection. Mais il est important d’emmener plus de licenciés. Prendre des jeunes comme ça va permettre de leur donner un bagage technique. Et puis, cela peut former le jeune dans sa globalité. Développer son agilité, lui faire apprendre le code de la route. Ce sera également bénéfique dans le domaine scolaire. Ils apprendront à calculer une moyenne de vitesse. Il y aura le développement physique. Il s’agira de mieux structurer ces académies avec le temps. C’est un travail à long terme mais je crois que d’ici deux ans, les premiers résultats seront palpables.

Quels sont les autres projets qui seront mis en place pour permettre au cyclisme mauricien de monter en gamme ?
J’ai présenté à la fédération et au ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) un plan d’action qui s’étale sur deux ans, c’est-à-dire jusqu’aux Jeux des iles de l’océan Indien (JIOI) prévus en 2019. J’ai divisé ces deux années en trois périodes de huit mois chacune. La première débute en juillet 2017 (ndlr : ce mois-ci) avec le stage en France. Ce sera une période d’évaluation qui me permettra de voir quelles sont les lacunes. Les entrainements communs sont importants. Nous avons un manque d’effectif en élite et il faut au moins doubler le nombre actuel pour avoir 10 à 12 éléments de niveau semblable.

C’est pour cela que l’on fait travailler les juniors et il y en a quelques-uns qui marchent bien. Il faut commencer à faire un réel suivi médical et utiliser des éléments comme des compteurs de puissance si possible. Il faut donner la chance à nos coureurs de progresser et c’est dans cette optique que nous irons au Tour de La Réunion et qu’ensuite nous enchainerons avec le Tour de Maurice. Après ces deux événements, on fera une petite pause. On reprendra ensuite pour aller sur le Tour du Rwanda en novembre. Ce sera un moyen de se tester et de se positionner sur le plan africain. Ce Tour est d’autant plus important que les Championnats d’Afrique sur route s’y tiendront en février de l’année prochaine. Il faudra faire preuve de sérieux à l’entrainement en décembre pour être compétitif à ces championnats. J’espère qu’en janvier 2018, on pourra être invité à la Tropicale Amissa Bongo qui est une des courses les plus compétitives sur le continent. Et ensuite, il y aura les Jeux du Commonwealth en Australie ou il s’agira de se hisser le plus haut possible.

Pour ce qui est de la deuxième période de huit mois, on travaillera en fonction de l’évolution des coureurs et leur disponibilité. Si les choses se passent bien et avec l’aide du sponsor, le Groupe MCB, on fera des sorties sur l’Afrique. Si le niveau des coureurs s’est amélioré à la fin de cette deuxième période, on pourra préparer les JIOI en toute sérénité.

D’ailleurs, la dernière période de huit mois sera consacrée à une préparation spécifique pour arriver en forme aux Jeux.

Justement, vous avez parlé du stage en France (ndlr : l’interview a été réalisée avant le départ de la sélection). Quels sont les objectifs que vous avez fixés pour les cinq coureurs retenus (Yannick Lincoln, Gregory et Christopher Lagane, Fidzerald Rabaye et Alexandre Mayer) ?
Lors de la première partie du stage, on va plus faire des courses que s’entrainer. Je vais évaluer le niveau de chacun des coureurs et parfaire l’entrainement lors de la période entre le 16 et le 26 juillet quand il n’y aura pas de courses prévues. Je serais particulièrement attentif au comportement des coureurs lors de la course du 26 juillet, le Grand Prix d’Availles-Limouzine. Ce sera la seule course de niveau élite-nationale à laquelle les coureurs prendront part. S’ils tiennent bien le coup, ce sera un très bon signe.

D’autre part, vous avez encouragé Aurélie Halbwachs-Lincoln à s’aligner aux Championnats du Monde en septembre en Norvège. Qu’attendez-vous de cette participation ?
Aurélie a la trentaine. Avec les titres africains qu’elle a décrochés cette année, elle le mérite. Si elle ne va pas aux Mondiaux cette année, on va laisser passer l’occasion. Par respect pour ce qu’elle a accompli, il fallait lui offrir cette opportunité. Ici à Maurice, elle est isolée et il faut lui trouver le bon cheminement pour qu’elle arrive aux Mondiaux dans la meilleure forme possible. Elle est motivée en tout cas. Sa participation au Tour de République Tchèque (6 au 9 juillet) lui permettra de se situer. Puis, il est envisagé qu’elle fasse aussi le Tour de l’Ardèche mais aussi un stage au Centre Mondial de Cyclisme à Aigle en Suisse. Le niveau féminin est très élevé et Aurélie doit encore progresser. Si aux Mondiaux, elle se classe parmi les 20 premières, ce sera un résultat très honorable.

Souhaitez-vous étendre votre association avec le cyclisme mauricien au-delà de la durée annoncée au départ ?
En fait, je suis venu à Maurice seulement pour y passer 5 ou 6 mois le temps d’effectuer une évaluation de la situation et proposer un plan de travail. Mais cette période est déjà pratiquement écoulée mais cela ne me dérange pas du tout de prolonger mon association avec le cyclisme mauricien jusqu’à qu’un nouveau DTN soit embauché.

La FMC vous a demandé de lui suggérer un candidat pour vous succéder. Avez-vous identifié l’oiseau rare ?
Pour être honnête, je n’ai pas vraiment eu le temps d’y penser et d’en discuter avec les membres de la fédération. Il y a bien sur des jeunes entraineurs que je connais mais il faudra, à un moment donné, s’asseoir autour d’une table et en discuter avec la fédération. On reparlera du profil qui conviendra le mieux au cyclisme mauricien et on passera en revue les CV de ceux qui avaient postulé et voir s’ils sont encore disponibles. L’idéal ce serait que ce soit un entraineur qui ait, comme moi, une connaissance du cyclisme africain. Mais je tiens à rassurer tout le monde, je ne partirais pas sans qu’un nouveau DTN ait été trouvé…

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