Publicité

Bashir Khodabux: «On a ignoré l’aspect humain dans l’affaire BAI»

8 juillet 2017, 17:52

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Bashir Khodabux: «On a ignoré l’aspect humain dans l’affaire BAI»

Depuis début 2015, il a repris ses visites dans les quartiers de la circonscription no 3 (Port-Louis est – Port-Louis maritime). L’ancien parlementaire rencontre régulièrement ses amis de Plaine-Verte et de Roche-Bois. Évidemment, pour parler politique.

L’ex-ministre de l’Environnement est résolument ancré dans le camp travailliste. D’ailleurs, il consacre une partie de son temps à l’animation du journal en ligne advance.mu. La situation sociopolitique interpelle Bashir Khodabux. L’ex-parlementaire estime que les scandales et les cas de favoritisme rapportés dans la presse suscitent la colère de la population.

Aujourd’hui, les perspectives d’avenir ne sont pas prometteuses pour les jeunes, estime l’ancien militant devenu travailliste. «Les projets du gouvernement ne sont pas créateurs d’emplois. Des centaines de diplômés sont en attente d’un travail. Il y a beaucoup de frustration.»

Le pédagogue se prononce sur la réforme du système éducatif, «Le Nine-Year Schooling n’apporte aucune solution aux problèmes. Au contraire, les enfants seront sous pression en permanence : à un moment pour obtenir un bon collège régional, plus tard à l’examen national de Form III et ensuite aux épreuves de fin d’études.»

Bashir Khodabux regrette la manière de procéder du gouvernement pour régler des problèmes. Il mentionne en particulier deux dossiers : «On a complètement ignoré l’aspect humain dans l’affaire BAI et la gestion du dossier des marchands ambulants.»

C’est en 1973 que Bashir Khodabux rentre à Maurice après avoir décroché son postgraduate en pédagogie de l’université de Belfast. Il revient avec les idées contestataires et l’envie d’engagement qui ont marqué l’Irlande du Nord de l’époque. Bashir Khodabux reprend son poste au collège Bhujoharry où il enseignait avant son séjour dans l’hémisphère nord. Parallèlement, il anime des réunions de sensibilisation politique dans la région port-louisienne.

Surviennent 1975 et la grève des étudiants. Dans la foulée, les enseignants aussi s’organisent. Des litiges sont déclarés dans des établissements privés du secondaire. Certains patrons réagissent en procédant à des licenciements. 30 employés du collège Bhujoharry sont remerciés, dont Bashir Khodabux et Lindsey Collen.

Aux élections de 1976, la circonscription no 3 envoie aux oubliettes des anciens comme sir Abdool Razack Mohamed et choisit trois jeunes députés : Bashir Khodabux, élu en tête de liste, Cassam Uteem et Osman Gendoo. C’est le point de départ d’une carrière qui mènera l’habitant de la rue Lenepveu, de la Plaine-Verte, à la première magistrature de la capitale et au Conseil des ministres. Il passera également par la prison de Beau-Bassin avec d’autres députés et conseillers municipaux pour avoir participé à une manifestation contre l’augmentation du ticket d’autobus.

Bashir Khodabux garde de très bons souvenirs de ses deux mandats en tant que lord-maire. Il est satisfait de ce qu’il a pu accomplir. «Dans le milieu des années 80, la drogue faisait des ravages dans des quartiers de Port-Louis», se rappelle-t-il. «Il fallait travailler, non seulement à la répression du trafic, mais aussi à la réhabilitation des toxicomanes et à la prévention auprès des jeunes.» Avec Cassam Uteem, Osman Gendoo et des volontaires comme Samioullah Lauthan, un travail de fond est entrepris. Il aboutit à la création du Centre Idrice Goomany en 1986.

L’approche adoptée par cet ancien lordmaire pour combattre le fléau de la drogue émanait d’une réflexion globale. «Nous avions créé des structures comme le Klib Zenfans Port-Louis, les écoles de sport, les associations féminines et les clubs de 3e âge qui rapprochaient jeunes et aînés.» Bashir Khodabux explique qu’en s’adonnant à des activités au sein de ces groupes, les Port-louisiens s’ouvraient aux autres, se solidarisaient et partageaient leur quotidien. Les valeurs se transmettaient et les familles étaient unies.

Bashir Khodabux se désole de constater que l’abnégation et le sens de service à la communauté, qui caractérisaient les politiciens d’antan, ont tendance à disparaître. Aujourd’hui, dit-il, il semblerait que la réalisation d’une carrière réussie serait la priorité de certains jeunes politiques.

Et c’est pour continuer à se battre afin de faire valoir sa conception de la politique qu’à 73 ans, Bashir Khodabux reste actif et se fait un devoir d’être sur le terrain régulièrement.

Son parcours

1976, 82, 83, 87, 91 – Élu député MMM dans la circonscription Port-Louis est – Port-Louis maritime
1977,82, 85, 88 – Élu conseiller municipal MMM
1983, 84 – Lord-maire de Port-Louis
1992 – Nommé ministre de l’Environnement
1993 – Exclu du MMM et parmi les fondateurs du parti Renouveau militant mauricien
1995 – Candidat battu dans la circonscription no 10 (Montagne-Blanche –GRSE)
1996 – Intègre le MSM
1998 – Se met en retrait de la politique
2003 – Se rapproche du Parti travailliste
2011 – 2014 - Directeur général de la National Housing Development Corporation