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Commission drogue: retour sur les révélations de l’avocate Tisha Shamloll
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Commission drogue: retour sur les révélations de l’avocate Tisha Shamloll
Qu’a dit Me Tisha Shamloll à la commission d’enquête sur la drogue, le mercredi 5 juillet ? Selon nos recoupements d’informations, l’avocate a évoqué sa relation avec Me Raouf Gulbul, tant sur le plan professionnel que personnel. Voici ce que l’express a pu obtenir sur ces confidences…
«Me Gulbul est un menteur. Je vais prouver à la commission que, non seulement j’ai été son junior, mais qu’on a aussi partagé une relation personnelle.» C’est ce qu’a affirmé Tisha Shamloll lors de son audition devant la commission d’enquête sur la drogue, mercredi. L’avocate commentait les propos tenus par Me Raouf Gulbul dans la presse. Ce dernier avait affirmé qu'elle n’a jamais été son junior et qu’ils n’avaient jamais travaillé ensemble. Or, confie la jeune femme, «lire ses mensonges dans la presse ne font pas que me blesser et démontre sa malhonnêteté».
Pour soutenir ses dires, Me Tisha Shamloll donnera quelques exemples, dont le cas où elle a représenté Fazal Hussein, un client de Me Raouf Gulbul, aux côtés du principal concerné en Cour suprême. L’avocate va plus loin en indiquant avoir rendu visite au condamné à la prison sur ordre de son senior. Ou encore d’affirmer que «d’autres juniors et moi avions eu des instructions pour le représenter lorsque Sada Curpen n’avait pas respecté sa condition de caution».
Honneur
Mais pourquoi ces confidences ? «Pourquoi dire que je n’ai jamais travaillé avec lui ? Me Gulbul est un menteur. Cela me fait de la peine de devoir dévoiler des messages de nature personnelle mais ses mensonges ne me laissent pas le choix. Je dois défendre mon honneur», a confié Me Tisha Shamloll à l’ex-chef juge Paul Lam Shang Leen. Et d’affirmer qu’«il y a d’autres messages que j’ai décidé de ne pas divulguer pour ne pas embarrasser la famille Gulbul. Elle n’a rien faire dans toute cette histoire, elle est innocente». Des messages qui, toutefois, ont été remis comme preuves à la commission.
L’avocate a, dans la foulée, affirmé que l’homme de loi et elle partageait une relation plus que professionnelle. «S’il ne se passait rien entre nous, de quel droit dispose-t-il pour me poser des questions d’ordre privé ? De me dicter à qui je peux adresser la parole ou rencontrer, de me dire quoi porter, de trouver du temps pour lui accorder ou encore de faire des déplacements à l’étranger avec lui ?»
Suggestions perverses
Toutefois dans la profession, explique-t-elle, les bruits couraient selon lesquelles Me Gulbul avait mis fin à notre relation. Car j’étais trop proche de Peroomal Veeren. Or, affirme, l’avocate, il s’agit d’une «ruse pour le protéger et protéger sa relation par rapport à Peroomal Veeren. La vraie raison pour laquelle j’ai mis fin à notre relation, c’est parce qu’il était trop obsédé par moi. Il était jaloux. Jaloux d’une relation sérieuse que j’avais entamée avec quelqu’un d’autre. D’ailleurs, il n'a pas accepté le fait que je ne succombais pas à ses suggestions perverses. Il avait commencé à me dire des choses obscènes, dégoûtantes voire menaçantes. Et bien que je n’approuvais pas cela, il ne s’arrêtait pas.»
«Aujourd’hui, en y réfléchissant mieux, je me rends compte que j’ai été utilisée par Me Gulbul. Je suis fâchée contre moi-même et dégoûtée qu’il s’est permis de se servir de moi», a ajouté l’avocate. Toutefois, affirme-t-elle, «il est trop facile pour moi de venir ici et dire que j’ai été naïve. La vérité, c’est que j’aurais dû me méfier de lui.»
Autre révélation de Me Tisha Shamloll : sa famille a grandement souffert de toute cette affaire. «Des insinuations ont été faites à mon encontre, on disait des faussetés à mon sujet. Mais je suis soulagée de pouvoir donner ma version des faits. J’espère que cela servira de leçon aux autres surtout aux jeunes juniors pour qu’ils ne se laissent pas facilement berner», a fait ressortir l’avocate.
Tâches confiées par Me Raouf Gulbul
L’avocate s’est également attardée sur les différentes tâches que lui avait confiées son senior. «Sada Curpen était celui qui avait consulté Me Gulbul pour défendre Fazal Hussein car ce dernier n’avait pas de la famille à Maurice. En ma présence, Sada Curpen a payé Rs 200 000 à Me Gulbul, dont Rs 25 000 me sont revenues. Quelque temps après, à son bureau, Me Gulbul m’a remis la somme de Rs 5 000 et m’a demandé de la verser sur le compte en banque de Fazal Hussein qui était en prison. Lorsque j’ai demandé à mon senior si cela était permis, il m’a assuré que oui. J’ai, alors, versé de l’argent sur le compte de Fazal Hussein à cinq reprises.»
Un client de longue date
En février 2016, poursuit l’avocate, «j’ai reçu un appel d’une personne qui se présentait comme Peroomal Veeren. Elle m’a dit qu’elle appelait sur ordre de Me Gulbul, qu’il était son client, et qu’il m’appelait de la prison. Il m’a demandé de venir le voir à la prison pour 'some work'». L’avocate a aussi confié à la commission qu’elle a rendu visite au prisonnier car elle savait que ce dernier allait la rappeler, étant donné qu’elle lui avait donné son numéro de portable. «Me Gulbul m’a dit de rester en contact avec Peeroomal Veeren car il était un client important et qu’ils se connaissaient depuis longtemps. Que ce dernier le rémunérait grassement et qu’il lui ramenait des clients qui payaient aussi bien aussi. Il m’a, toutefois, demandé de garder le silence à ce sujet… Peroomal Veeren m’appelait souvent», a-t-elle expliqué.
Elle a aussi confié à la commission que son senior avait «insisté» qu’elle aille rencontrer le passeur français Yohan Placais. Cela, même si elle ne l’a jamais représenté. Quant aux visites de Me Gulbul à La Réunion, Me Tisha Shamloll explique que ce dernier lui disait qu’il «devait effectuer d’importants appels téléphoniques et que c’était trop risquer de le faire de Maurice.»
Lors de son audition, Me Tisha Shamloll a tenu à préciser qu’elle n’est pas 'filthy rich'. «Je ne suis ni propriétaire de plusieurs voitures et maisons, ni j’ai un style de vie grandiose. Je n’ai jamais utilisé de prête-nom non plus, et je ne détiens aucune action ni d’aucun intérêt financier dans quelconque bien immobilier.» L’avocate a aussi détaillé ses sources de financement pour l’achat de la voiture qu’elle utilise actuellement. Une BMW, qui affirme-t-elle, a été financée par les membres de la famille et par ses propres épargnes. Elle l’a achetée après avoir vendu son ancienne voiture, une Toyota Vitz que lui avaient acheté ses parents en 2013.
<p><strong>Me Gulbul : «Je demanderai à la contre-interroger»</strong></p>
<p>L’audition de l’avocate Tisha Shamloll ne s’arrêtera pas là. Dans l’édition du 6 juillet, après ses allégations contre Me Raouf Gulbul, ce dernier a confié à l’express qu’il envisage d’envoyer une correspondance à la commission d’enquête sur la drogue. Cela, afin d’avoir le droit de la contre-interroger. «C’est à travers la presse que j’ai appris ce qui s’est déroulé. Ma première réaction serait de demander à la commission une copie de la transcription. Après cela, je vais écrire à la Commission, demandant le droit de contre-interroger la dame», dit Me Gulbul. Pour lui, c’est non seulement un droit constitutionnel de chaque individu mais c’est un moyen de tester la véracité d’une personne qui a fait une déclaration ou des allégations contre autrui. «C’est mon droit le plus absolu et constitutionnel de mener ce contre-interrogatoire. Sinon, n’importe qui peut faire des allégations et on va accepter ses dires sans vérification.» Or, commentant sur le fait que Me Tisha Shamloll persiste et signe disant qu’elle a été sa junior, Me Raouf Gulbul a tenu à apporter des précisions. «C’est vrai qu’elle n’a pas fait son pupillage chez moi et elle n’a jamais été junior dans mon étude. Elle a travaillé chez Roubina Jadoo mais pas chez moi», réitère-til. Ajoutant «li ti asisté é paret avek mwa, dan bann kez kom junior kar sé enn mwayen de tou junior pou apran pu fer enn prosé, clarifie Me Gulbul. Jamais elle n’a été rattachée comme junior à mon étude.»</p>
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