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Une première au Brésil, les tests du sida en vente dans les pharmacies

11 juillet 2017, 15:21

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Une première au Brésil, les tests du sida en vente dans les pharmacies

Le Brésil, pays jugé exemplaire pour sa politique de lutte contre la propagation du sida, a commencé à mettre en vente pour la première fois en pharmacie des tests de détection du virus VIH.

Les premiers tests sont arrivés depuis une semaine sur les étagères des pharmacies de l'Etat de Rio de Janeiro. Puis c'est au tour cette semaine des Etats de Sao Paulo et Espirito Santo, également dans le Sud-Est, avant l'ensemble du pays d'ici la fin du mois.

«L'auto-test», approuvé par les autorités sanitaires de l'Anvisa, permet à l'utilisateur de savoir s'il est porteur ou non du virus du sida, dans cet immense pays latino-américain de 200 millions d'habitants où la population est très réticente à se faire diagnostiquer.

Ainsi, au Brésil, près de 20% des porteurs du VIH ignorent leur séropositivité, soit quelque 150.000 personnes, sur un total d'environ 800.000 personnes contaminées.

Le Brésil devient donc le premier pays d'Amérique Latine et des Caraïbes à vendre en pharmacie ce test à faire soi-même. Une mesure déjà prise par plusieurs pays développés, notamment les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou la France.

Le Brésil est pionnier dans la lutte contre le sida et offre un traitement gratuit à quiconque est diagnostiqué séropositif.

Mis au point par la société brésilienne OrangeLife, le test «Action» fonctionne avec la collecte d'une goutte de sang qui, mélangée à un produit réactif, permet de révéler la présence d'anticorps signalant une exposition au virus du VIH. 

Le résultat est connu en 20 minutes, pour un produit vendu entre 60 et 70 reais -- soit entre 16 et 19 euros, un prix élevé au Brésil. Une barre et la personne est séronégative, deux barres elle est positive.

Pour ses concepteurs, le test est fiable à 99,9%, un taux supérieur à celui mené à partir de la salive commercialisé aux Etats-Unis.

Selon le directeur d'OrangeLife, l'Italien Marco Colovatti, le test est fabriqué dans une usine à Rio ayant une capacité de 100.000 unités par mois.

Diagnostiqués très tard

Pour tous les professionnels interrogés par l'AFP -- pharmaciens, médecins et fabricant -- ce test représente une avancée importante en terme de lutte contre le VIH. Plus le virus est dépisté tôt, mieux il se traite. 

Le problème est que beaucoup de Brésiliens ne font pas le test en hôpital, par pudeur ou peur d'être victimes de discrimination.

«L'intérêt du produit est que les gens vont pouvoir se tester dans un environnement où ils n'auront pas à partager ça avec qui que ce soit», explique à l'AFP le Dr Valdiléa Veloso, du laboratoire de recherche clinique du Sida, au sein de l'institut de recherche Fiocruz.

Au Brésil, l'épidémie affecte principalement des homosexuels, transsexuels, professionnels du sexe et usagers de drogues «et ces populations ont souvent de mauvaises expériences avec les services de santé», ajoute le médecin. Alors elles «évitent d'aller dans les services de soins, donc elles sont diagnostiquées très tard».

Les premières indications sur l'accueil des Brésiliens sont encourageantes. «Le premier jour, j'avais trois boîtes de test disponibles, elles ont toutes été vendues», raconte à l'AFP Ricardo Valdetaro, pharmacien à Copacabana.

«Le lendemain j'en ai commandé six, toutes vendues dans la journée aussi. Alors le jour suivant j'en ai commandées 12. J'ai compris que ce produit allait très bien marcher. Un client m'a expliqué qu'il achetait des tests pour les faire faire à des professionnelles du sexe».

Reste que le diagnostic d'une séropositivité peut être difficile à accepter.

Si une personne «ne veut pas faire le test seule chez elle, elle pourra le faire ici, dans une salle de la pharmacie réservée pour recevoir des patients», dit le pharmacien de Copacabana.

Sur la boîte du produit, un numéro gratuit permet d'obtenir une assistance psychologique ainsi que des informations sur les traitements.

«A Curitiba (Sud-Est) des tests ont été envoyés à des volontaires, des milliers de gens ont participé et ont demandé un test à faire à la maison», dit le Dr Veloso. «Donc on voit bien qu'il ne faut pas avoir peur que les gens soient désespérés d'être seuls au moment du résultat».