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Contrôle antidopage: conflit d’intérêts entre le Mauritius Turf Club et Quantilab ?

12 juillet 2017, 22:00

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Contrôle antidopage: conflit d’intérêts entre le Mauritius Turf Club et Quantilab ?

Le monde hippique est en ébullition. Depuis l’éclatement de l’affaire Gameloft (premier cheval à être testé positif au Human Recombinant Erythropoietin) en 2016, il a été secoué par plusieurs scandales. Résultat des courses : le Mauritius Turf Club (MTC) est sous le feu des projecteurs. Son lien avec Quantilab, qui effectue des analyses pour les courses hippiques, suscite des interrogations. Ce, étant donné que le MTC détient 30 % des actions à ce laboratoire. Et Benoît Halbwachs et Didier Merven, directeur du club et propriétaire de chevaux respectivement, en sont les actionnaires. D’aucuns se demandent s’il n’y a pas là conflit d’intérêts.

Une source proche du milieu hippique se demande si «un laboratoire qui effectue des analyses sur des jockeys et des chevaux enregistrés dans un club ne devrait pas être complètement indépendant de ce club». Ce que l’on craint : une ingérence du MTC dans les procédures d’analyse de Quantilab.

De plus, précise-t-on, le club injecte entre Rs 19 millions et Rs 20 millions dans Quantilab chaque année. «Les échantillons sont codés par soucis d’indépendance. Mais c’est le MTC qui est en possession de ces codes. Comment un système de codes peut-il être efficace si celui qui les détient est partie prenante du club ? S’il y a un test positif et que le MTC détient 30 % d’actions du laboratoire, peut-il décider de ne pas divulguer ce résultat?», s’interroge-t-on.

Par ailleurs, deux actionnaires du laboratoire font tache. Didier Merven, propriétaire de chevaux dans l’écurie Maingard, détient 10 % des actions de Quantilab. Une source du monde des courses hippiques se demande si tout cela est «éthique». «Il détient une partie de la compagnie. Qu’est-ce que cela implique pour ses chevaux qui prennent part aux courses ?» L’express a tenté d’avoir une réaction de l’actionnaire, mais il nous revient que ce dernier n’est pas au pays actuellement.

Pour sa part, Me Yousuf Mohamed, qui a déjà représenté le MTC en cour, explique que c’est «against all ethics». Il souligne que «le laboratoire doit être indépendant. Après tout, c’est Quantilab qui décide si un cheval a été dopé ou pas…» D’ajouter que «things must not only be fair, they must be seen to be fair».

C’est, cependant, un autre son de cloche du côté de Clive Auffray, ancien directeur de la Gambling Regulatory Authority. Pour lui, un actionnaire de Quantilab peut être propriétaire de cheval s’il n’est pas impliqué dans la gestion du laboratoire ou de la procédure d’analyses.

Accréditation

D’ailleurs, au MTC, on est catégorique. «Au club, que ce soit le directeur ou ses représentants siégeant au board de Quantilab, on n’entre pas dans la gestion ou les analyses qui y sont effectuées», martèle une source. Celle-ci reconnaît toutefois que cela peut projeter une mauvaise image selon laquelle il y aurait conflit d’intérêts. Mais elle avance que plusieurs clubs hippiques à travers le monde ont également leur propre laboratoire.

Quant à Bertrand Baudot, Managing Director de Quantilab, il évoque l’accréditation ISO 17025. «Les Norvégiens ont passé le laboratoire au crible pour vérifier s’il y a conflit d’intérêts. Nous avons obtenu l’accréditation en 2008 après plusieurs examens. Depuis, nous avons refait ces examens quatre fois pour le renouvellement de l’accréditation», affirme-t-il.

Que signifie concrètement cette accréditation ? «Le conseil d’administration de Quantilab ne décide que des finances. Didier Merven et Benoît Halbwachs n’ont pas leur mot à dire en ce qui concerne la gestion et les analyses. Dans ces cas, c’est moi qui décide et pas eux», fait comprendre Bertrand Baudot. D’ailleurs, soutient-il, les échantillons arrivent codés et personne au laboratoire ne sait d’où ils proviennent.


Deux échantillons positifs depuis janvier

<p>Entre 200 et 300. C&rsquo;est le nombre d&rsquo;échantillons qu&rsquo;envoie le MTC pour être analysés chaque année. Depuis le début de cette année, seuls deux échantillons ont été trouvés positifs à des substances illicites, selon une source au club. Et, en moyenne, combien sont positifs par an ? <em>&laquo;Moins de 1 % des échantillons des chevaux mauriciens&raquo;</em>, soutient Bertrand Baudot. Selon lui, ce chiffre est tout à fait dans les normes.</p>

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	<h3><br />
		Il était autrefois le Mauritius Turf Club Laboratory</h3>

	<p>Avant de devenir Quantilab, le laboratoire était une entité opérant sous l&rsquo;égide du MTC. Il était ainsi le <em>Mauritius Turf Club Laboratory</em> (MTCL). <em>&laquo;C&rsquo;est courant de voir des clubs avec leur propre laboratoire. Par exemple à Hong Kong, où le laboratoire est entièrement sous le Turf Club&raquo;</em>, soutient une source du MTC. À l&rsquo;époque, le laboratoire n&rsquo;avait pas beaucoup de moyens. De ce fait, le MTCL a été privatisé. Le but : <em>&laquo;Pour que le laboratoire soit reconnu à travers le monde&raquo;</em>, soutient-on au MTC. Pari réussi, semble-til. Aujourd&rsquo;hui, Quantilab fait partie d&rsquo;une grande chaîne de laboratoires équins à travers le monde. <em>&laquo;Nous collaborons avec dix autres grands laboratoires, nous réanalysons leurs tests positifs. Souvent, nous sommes la deuxième ou troisième option lorsque l&rsquo;on a besoin d&rsquo;une deuxième opinion sur les analyses&raquo;</em>, remarque Bertrand Baudot.<br />
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