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Nilkant Summah: le marchand de poisson sounouk et d’ourit sek a la pêche

15 juillet 2017, 20:31

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Nilkant Summah: le marchand de poisson sounouk et d’ourit sek a la pêche

Au marché de Rose-Hill, c’est le souk. En ce vendredi, un air de week-end flotte dans l’air. Un parfum de snoek aussi. Les nageoires curieuses nous guident jusqu’à une échoppe, sorte de boutique-tabagie-épicerie, où l’on vend de tout, où les boîtes de conserve sont serrées comme des sardines. Au milieu des ourit sek, des bomli avec ou sans tête et des poissons bien salés, un homme pur sucre. Rencontre tout ouïe dehors.

Nilkant Summah rame depuis qu’il a 12 ans. Les tempêtes ne lui ont jamais fait peur. «Mo pou gagn 60 an septam la.» L’école, il n’y est presque pas allé. «Mo papa inn met mwa lékol an mars ek an avril linn mor. Sa lepok-la, ti kout Rs 10. Fami pann kapav payé.» Son éducation, c’est la vie qui l’a faite.

Pour s’en sortir, Nilkant s’est mis à travailler. Et travailler. Et encore travailler. «Ti pé vann légim, saryé légim tousala.» En 1976-77, alors que la sécheresse terrasse le pays, il est obligé d’explorer d’autres champs. Il se jette à l’eau et prend alors de l’emploi comme vendeur dans l’échoppe. «Monn travay ek trwa zénérasion propriéter.» Nilkant, lui, a une sirène, mais pas de gamin. L’homme a gardé son âme d’enfant, vit au jour le jour et est content d’avoir trouvé sa voie.

Devant lui, des snoek de toutes les tailles. Derrière, de beaux spécimens d’ourit sek. À côté, des sévret. Sek, bien entendu. «Nou vann tou isi. Zépis tousala, bwat konserv, bwat zalimet. Nou kliyan sé plis ti dimounn, parski isi, ou kapav asté par kar ou démi-kar. Dan sipermarsé pa gagné sa.» Parmi eux, il y a également des touristes, ceux qui peuvent se permettre d’acheter de l’ourite séchée à Rs 600 la livre.

Dans son bocal, parmi ses mollusques empaillés, qui semblent être passés sous un rouleau compresseur, Nilkant Summah est à l’aise. Il sourit souvent, distribue quelques blagues, sort peu à peu de sa coquille, même s’il semble être de nature plutôt timide. «Nou vann Nandanee ousi», lâche-t-il, en ricanant. «Nou asté ek bann distribiter sa.»

Ses journées démarrent à 8 h 15, et se terminent à 17 h 15. Sauf les dimanches, où il raccroche le tablier à midi. Son salaire ? Rs 7 000, à peu près, parfois un peu plus, si les ventes sont bonnes. Et puis, quand il n’est pas avec ses ourit sek, il va voir les chevaux, car il aime bien les courses hippiques. «Mo kontan football ousi ek get fim indien.» Son acteur préféré : Amitabh Bachchan. «Lépok lontan ti enn lot. Aster, bann zénes-la… Ou koné ou.»

Des plans pour l’avenir ? Continuer à mener sa petite barque. Et faire en sorte de rester loin des arêtes.