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L’époux de Janice Farman: «Je ne pardonnerai jamais à ses agresseurs»

16 juillet 2017, 12:07

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L’époux de Janice Farman: «Je ne pardonnerai jamais à ses agresseurs»

Il est peut-être baraqué comme une armoire à glace, mais Jean Baptiste Moutou a eu du mal à contenir ses émotions. Dans cette interview qu’il nous accorde, l’époux de Janice Farman parle à cœur ouvert de sa femme, du courage de son fils, et promet de ne pas pardonner aux meurtriers.

Cela fait neuf jours depuis que Janice a été tuée. Dans quel état d’esprit êtes-vous? 
Ce qui est arrivé est très triste et c’est très difficile. C’est la dernière chose que j’aurais imaginée.

Comment avez-vous appris que Janice a été tuée ?
À partir de huit heures le vendredi matin, des amis ont commencé à m’appeler pour me dire que la victime du meurtre d’Albion c’était Janice. Je conduisais pour aller travailler et je n’arrivais pas à le croire. J’ai essayé de me calmer, j’ai appelé la police, et on m’a demandé de venir. Là-bas, je leur ai montré les documents qui démontrent que Janice est mon épouse.

Vous êtes marié à Janice mais ne vivez pas avec elle ?
C’est exact. J’ai vécu pendant sept ans avec Janice. Jusqu’à sa mort, nous avions une excellente relation. Nous nous rencontrons souvent, on se parle au téléphone presque tous les jours, on sort. Nous sommes toujours légalement mariés. C’est pour des raisons professionnelles que j’ai décidé d’aller vivre ailleurs. Janice et moi vivions ensemble à Rivière-Noire. Nous avons investi ensemble dans une compagnie de construction et la majorité de nos clients sont dans l’Est. Janice, elle, aimait la côte ouest, et c’était pratique pour elle aussi, puisqu’elle travaillait à Quatre-Bornes. Nous ne nous sommes pas quittés après des disputes ou quoi que ce soit. 

Pourquoi a-t-elle déménagé de Rivière-Noire à Albion ?
Elle m’en a fait part il y a quelque temps quand on s’est rencontrés à Quatre-Bornes. J’étais sur le point de me rendre en Chine. Elle m’a dit qu’elle emmnage à Albion. Je lui ai demandé «pourquoi». Elle m’a dit qu’elle aimait cette plage. Je n’ai pas posé plus de questions. C’était sa décision.

Quand je suis rentré de Chine, on s’est parlé au téléphone et elle m’a dit que sa voiture a été vandalisée et son ordinateur portable volé. On a fait ce qu’il fallait : une déposition, une réclamation à la compagnie d’assurances, et faire réparer le véhicule. A partir de là, on ne s’est pas rencontrés. On s’est parlé au téléphone la veille du drame.

Vous avez parlé de quoi ?
On a parlé de nos enfants. J’ai deux autres enfants d’une précédente relation. Ils viennent de venir à Maurice de Belgique où ils vivent. Janice et moi avions planifié une sortie pour le samedi suivant, avec les enfants. Et puis elle m’a aussi dit qu’elle voulait rendre visite à ses parents en Ecosse. Ils sont malades. Elle voulait y passer 3 à 4 semaines. Elle m’aurait laissé son fils.

Donc il n’a jamais été question qu’elle reparte définitivement en Ecosse ?
Non, bien-sûr que non. On m’a mal compris. Elle aime Maurice. Elle disait vouloir vivre ici éternellement. Elle n’allait pas quitter définitivement cette île.

Vous connaissez ceux qui ont été arrêtés ?
Non. Je ne savais même pas que Janice les connaissait. C’est seulement après la tragédie que j’ai vu que l’un d’eux était ami sur Facebook avec Janice.

Les voisins disent que Janice les connaissait bien et que les trois avaient l’habitude de prendre un verre chez elle. Elle était du genre à faire confiance rapidement ?
Oui je pense. Elle aimait l’amitié. Elle était joviale et elle aimait faire la fête comme tout le monde. Mais elle ne m’avait jamais dit qu’elle avait des amis qui venaient la voir ou qui venaient prendre un verre. Si les voisins ont raison, je ne le savais pas. En fait je ne suis jamais allé dans sa maison à Albion. J’y suis allé pour la première fois avec les policiers après le meurtre.

Comment va le fils de Janice ?
La Child Development Unit ne m’a pas autorisé à le voir. Je suis très triste et très déçu par l’attitude des autorités. Elles auraient pu au moins me permettre de le rencontrer. J’ai vécu sept ans avec lui. On s’aime comme père et fils. Je pense qu’il me fait plus confiance que n’importe quel psychologue de la CDU. La CDU m’a même demandé d’emmener des vêtements pour lui. Je l’ai fait, mais on ne m’a pas laissé entrer. Cet enfant a besoin d’être réconforté. Et si ce n’est pas Janice, c’est moi, qui suis le mieux placé pour le faire.

Il a joué un rôle crucial pour résoudre le meurtre. Il a été celui qui a appelé l’amie de Janice. Puis il a dit qu’il a cru reconnaître la voix d’un des cambrioleurs. Dans quel état d’esprit est-il selon vous ?
Il doit être traumatisé. Cette tragédie est maintenant éternellement gravée dans nos mémoires. Personne n’oublie des choses comme ça. Il a démontré tellement de courage pour un garçon de dix ans. Je suis si fier de lui et je suis sûr que Janice, de là où elle est, est aussi fière de lui. Et c’est réciproque. Son fils et moi, n’allons jamais l’oublier. Ses funérailles auront lieu ici comme elle l’a toujours souhaité. Elle m’a dit une fois qu’elle voulait être enterrée près de la mer. Elle aimait la mer. Elle aimait les pique-niques avec la famille, regarder le soleil se coucher après une baignade. Nous étions une famille comme toutes les autres. Nous aimions passer du temps ensemble.

Vous regrettez cette séparation qui a eu lieu, si je comprends bien, pour des raisons pratiques ?
Oui bien-sûr. Si j’étais là, je l’aurais protégée. Cela ne serait jamais arrivé. Tout ce que je veux maintenant c’est lui rendre de nobles funérailles. La police ne me l’a pas encore permis, le corps est toujours en leur possession, et ça commence à être long maintenant.

Que diriez-vous aux meurtriers de Janice ?
(Long silence). J’espère qu’ils regrettent ce qu'ils ont fait. C’est très lâche de leur part. Ils auraient pu partir avec le butin sans la tuer. 

Vous pensez pouvoir pardonner un jour ?
Jamais ! Jamais je ne leur pardonnerai pour ce qu’ils ont fait à ma famille.