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La Reine de Plaine-Verte : «Tous les avocats ont maintenant peur de la commission sur la drogue»
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La Reine de Plaine-Verte : «Tous les avocats ont maintenant peur de la commission sur la drogue»
Vous avez une sacrée réputation ! D’où vient votre sobriquet de Reine de Plaine-Verte ?
Je ne sais pas moi-même. Cela a commencé après l’arrestation de Gro Derek (NdlR, voir hors-texte). Certains disaient à qui voulait bien entendre que j’étais impliquée dans ce réseau et que j’en étais la reine. Mais la vérité a fini par triompher et on a vu que je n’avais rien à voir avec lui.
Mais votre époux est impliqué, lui ? C’est ce qu’il a dit devant la commission…
À l’époque, je n’étais pas à Maurice. Dès que je suis rentrée, je me suis mariée. Et cinq mois après, il a été arrêté. D’ailleurs, pendant notre mariage, j’ai passé deux mois en Italie aux côtés de ma mère car elle était souffrante. Il y a peut-être des choses qu’il m’a cachées sur son passé et je ne suis pas au courant de tout. S’il était dans le trafic de drogue ou pas, je ne sais pas. Lorsque je l’ai connu, il travaillait avec son frère dans leur poultry.
Siddick Islam a aussi dit que depuis qu’il est incarcéré, il passe par vous pour tous les paiements d’avocats…
Effectivement. Je suis sa femme et il me fait confiance. D’ailleurs, il avait son cousin Yusuf Abdool-Raman qui gérait son argent. Mais il est décédé. À chaque fois qu’il le voyait à la cour, mon époux lui demandait de me remettre de l’argent pour le paiement des avocats. Cela se passait comme ça et il y a même des témoins.
Et d’où sortait l’argent ?
Il a dit qu’il était dans le trafic auparavant. Peut-être que cela vient de là ? Finalement, cinq mois de mariage, ce n’est pas beaucoup. Il y a certaines choses qu’il ne m’a pas dites et que je n’ai pas eu le temps de demander. D’ailleurs, je n’étais pas au courant. Si bien que lorsqu’il a été arrêté, je suis tombée des nues. Mais je reste convaincue de son innocence cette fois-ci. Car même si j’ignorais son passé, lorsque j’étais avec lui, il ne tournait pas, ou plus, dans ce monde. Donc, il est impossible qu’il ait commandé de la drogue.
Et connaissez-vous Peroomal Veeren ?
Pas du tout. Je ne l’ai jamais vu ni entendu. D’ailleurs, le nom de mon mari et son nom sont cités dans les journaux mais jamais dans les mêmes cas. Peut-être qu’ils se connaissent en prison depuis que mon époux est incarcéré.
Et Raouf Gulbul ?
Je n’irai pas jusqu’à dire qu’ils sont amis, mais Raouf Gulbul a toujours été son avocat. Bon, déjà, tout le monde sait que pour aller le voir, il faut avoir un portefeuille garni. Sinon, impossible de se faire recevoir. Mais il n’a pas eu pitié de nous.
À l’époque, il y avait l’affaire sur la constitutionnalité de la sentence de 45 ans et, de ce fait, aucune sentence mandatory n’était entendue. Mais le cas de mon mari a été expédié en un an sans qu’il ne lève le petit doigt. J’ai l’impression qu’il a utilisé mon mari pour donner du travail à ses amis. D’où le panel d’avocats de renom, tous choisis par lui.
Il y avait qui d’autre sur ce panel ?
Je me souviens de Guy Ollivry. Ma belle-soeur avait dû vendre un terrain en un jour pour environ Rs 350 000 pour le payer pour aller défendre l’affaire à Londres devant le Privy Council. D’autres avocats de ce panel, dont Yousuf Mohamed, m’ont affirmé que tout ne s’était pas passé comme il devait.
Votre époux a aussi parlé d’un ancien ministre qui…
Ah… Rama Valayden. J’étais partie le voir moi-même. Il était au pouvoir. Nous avions une bonne relation. Il m’a donné de l’espoir, linn dir mwa mo pou fer ou bolom gagn bail. Je l’ai payé, mais jamais rien n’a été fait. D’ailleurs, ce n’est même pas un paiement, c’est un cadeau. Il n’a rien fait.
Mais c’était une habitude de payer les avocats pour ne rien faire ? Votre mari a aussi parlé de Roshi Bhadain…
Oui. Roshi Bhadain a dit qu’il n’a jamais défendu mon mari. Personne n’a jamais dit le contraire. Il a juste pris l’argent, sans plus.
En tout, mon mari a dû dépenser plus de Rs 25 millions en frais d’avocats.
Vous êtes toujours en contact avec ces avocats ?
Depuis que mon mari a décidé de déposer, je les ai contactés un à un. Personne n’a voulu me parler, encore moins aller voir mon mari. Il y en a 25. Pas un seul n’a levé le petit doigt. Tous les avocats ont maintenant peur de la commission. Je dirais que cette commission est une bénédiction. Au moins maintenant, on arrive à situer les responsabilités.
Il y a une possibilité que «cette bénédiction» vous convoque…
J’irai avec le plus grand plaisir. Je dirai la même chose que mon mari et répondrai aux questions. Je n’ai pas peur de dire la vérité.
À la sortie de la commission, vous avez demandé à votre époux s’il va vous appeler ? Vous lui parlez au téléphone ?
Il m’appelle de la cabine. Je sais, vous allez me parler des portables. Mais non, on ne s’est jamais parlé de cette manière. Et non, je ne sais pas comment il se les procure. Moi, je suis fouillée à chaque fois que je vais le voir. Et il ne sort quand même pas de la prison pour aller acheter ses téléphones au magasin. Comme il n’est en contact qu’avec les gardiens de prison, il faut poser les questions à qui de droit…
Travaillez-vous ou vivez-vous de ce qu’il vous a laissé ?
Depuis que Siddick est incarcéré, je vis chez ma famille. Nous sommes dans le catering, spécialisé dans le briyani. Puis, j’ai de la famille en Italie qui travaille aussi. En se serrant les coudes, nous arrivons à nous en sortir.
Arrêtée en 2013 dans l’affaire Gro Derek
<p>Nasera Vavra a été arrêtée le 27 mai 2013 après que son nom a été évoqué dans l’affaire Gro Derek. Elle a par la suite été libérée sous caution. Son arrestation faisait suite à la présence de son numéro parmi les contacts de l’imam Moossa Beehary, lui aussi arrêté dans le sillage du démantèlement du réseau.</p>
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