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Téléphones portables en prison: magouilles et compagnie

20 juillet 2017, 21:05

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Téléphones portables en prison: magouilles et compagnie

Les détenus regorgent d’astuces pour introduire des portables derrière les murs de la prison… En les envoyant au-dessus des murs, en les dissimulant dans leurs parties intimes ou en payant les employés et cadres des pénitenciers. Un gardien de prison peut, d’ailleurs, se faire plusieurs milliers de roupies pour la livraison d’un portable.

Ces dernières semaines, la commission d’enquête sur la drogue a mis en exergue la banalité de l’utilisation de téléphones mobiles à l’intérieur de la prison. Notamment en exposant les appels que les détenus ont passés à leurs avocats se trouvant à l’extérieur. Comment ces cellulaires passent-ils les fouilles imposées à l’entrée des prisons ? Comment se déroule le trafic de portables ? Ou encore, comment font les détenus pour recharger leur batterie ? Incursion dans l’univers carcéral.

«La plupart des téléphones portables sont envoyés par-dessus les murs de la prison», soutient Hanson Mungrah, secrétaire de la Prison Officers’ Association (POA). Propos soutenus par un gardien de prison anciennement affecté à la High Security de Melrose. Il explique qu’il est d’ailleurs monnaie courante de trouver des «parcels» lors de patrouilles matinales. «Le colis prend souvent la forme d’une boule qui tient ensemble grâce à du scotch adhésif», indique l’ancien employé des prisons.

Complicité du personnel

Selon Hanson Mungrah, qui a travaillé dans plusieurs prisons, les cellulaires sont introduits dans des bouteilles en plastique et sont protégés par de l’éponge. Les récipients sont ensuite roulés en boule. Mais ce n’est pas le seul moyen. Bien sûr, il peut y avoir une complicité avec le personnel de la prison. D’ailleurs, selon nos sources, dépendant des prisons, cette pratique pourrait ramener jusqu’à Rs 50 000 à un garde-chiourme. «C’est surtout dans les prisons de haute sécurité que les portables sont livrés en main propre», affirme une source habituée des milieux.

Hanson Mungrah explique que les gardiens sont seulement soumis à une rub-down search (une fouille sommaire), sauf s’il y a un soupçon qu’ils puissent transporter des téléphones ou autres. Selon le secrétaire de la POA, les détenus dissimulent souvent des portables dans leurs parties intimes ou même dans leur gorge. «Zot apel sa met dan not.»

Des portables sont aussi, souvent, dissimulés dans les transports qui sont autorisés à l’intérieur des prisons. «Kouma kamion ki ramas salté. Ce sont les prisonniers eux-mêmes qui travaillent dessus, ils peuvent demander à des personnes hors la prison de cacher les portables dans des points spécifiques sur ces camions», révèle une autre source des milieux carcéraux.

Mais les produits et articles entrant et sortant des prisons sont aussi de possibles mules. «Éna séki nou apel dans le jargon le pain portable fourré», soutient Hanson Mungrah. Des portables ont aussi été retrouvés dans les ballots de draps qui sont envoyés pour être lavés.


Comment recharger ?

<div><img alt="" height="219" src="/sites/lexpress/files/images/mobile_phone_path_ladan.jpg" width="219" /></div>

<p>Les détenus font même preuve d&rsquo;ingéniosité quand il faut recharger leur batterie. Selon l&rsquo;ex-employé de la prison de Melrose, les détenus se serviraient de l&rsquo;électricité qui approvisionne les tubes halogènes dans leur cellule pour charger leurs portables. <em>&laquo;J&rsquo;ai aussi déjà vu des détenus bricoler les hautparleurs présents dans la cour de la prison pour recharger leur téléphone.&raquo;</em></p>

Raconté par un ex-détenu

Il a fait dix ans à Beau-Bassin. Il a, d’ailleurs, lui-même déjà utilisé des portables pour contacter sa famille. Cet ex-détenu explique que ce sont les hauts cadres des prisons qui se chargent de livrer les téléphones dans les milieux carcéraux. «Ils ne se font pas fouiller. Des fois, les officiers de la Prison Security Squad peuvent aussi faire entrer des portables», soutient ce quinquagénaire. Ces outils de communication se vendent pour beaucoup plus cher dans la prison qu’en dehors. «Enn portab Rs 800 en déor li kapav Rs 5 000 andan.» Les «boss», eux, n’utilisent pas les portables valant Rs 5 000 mais plutôt les portables «dernier model». Selon notre source, ces derniers effectuent même souvent des appels vidéo avec leurs proches. Quid du trafic de portables ? «Il n’y en avait pas beaucoup où j’étais. Si ou éna kamwad, ou partaz avek zot. Sinon, il y en avait qui vendaient leurs portables contre de la drogue.»


Paul Lam Shang Leen explique la «ruse»

		<p>Le président de la commission d&rsquo;enquête sur la drogue revient souvent sur la <em>&laquo;ruse&raquo;</em> qu&rsquo;utilisent les prisonniers en prison pour se servir des téléphones cellulaires. L&rsquo;instance a constaté que la majorité des cartes SIM saisies en prison sont soit enregistrées aux noms d&rsquo;étrangers ou encore aux noms de personnes décédées. Paul Lam Shang Leen n&rsquo;a pas caché le fait qu&rsquo;il a été interpellé par cela. D&rsquo;ailleurs, il demande aux avocats, dont les numéros ont été répertoriés sur les portables saisis sur des détenus, s&rsquo;ils sont au courant de la ruse en question ou encore s&rsquo;ils <em>&laquo;facilitent&raquo;</em> la tâche de ces prisonniers lors de leurs visites. Mais, à ce jour, les hommes de loi qui ont déposé devant la commission ont nié toute complicité avec les condamnés.</p>
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Trafic des cellulaires monnayés contre des faveurs

	<p>Bien qu&rsquo;ils semblent être monnaie courante dans la prison, seuls les détenus les plus riches peuvent s&rsquo;en procurer. Mais ces cellulaires n&rsquo;en sont que plus convoités des autres détenus. Ces derniers sont, souvent, capables de tout pour s&rsquo;en procurer ou même <em>&laquo;louer&raquo;</em> les portables des autres détenus. Qu&rsquo;offrent-ils en retour ? <em>&laquo;Des faveurs&raquo;</em>, confie l&rsquo;ex-gardien de la <em>Melrose High Security Prison</em> interrogé. Hanson Mungrah ajoute qu&rsquo;ils peuvent aussi offrir des cigarettes. Quatre pour une minute au téléphone, c&rsquo;est ainsi que la location de téléphones portables est monnayée. Certaines transactions se passent même en dehors de la prison. &laquo;<em>Des fois, les proches d&rsquo;un détenu donnent de l&rsquo;argent à ceux d&rsquo;un autre prisonnier pour qu&rsquo;il puisse se servir de son portable. Ce sont ces proches-là qui donnent leur e-pin&raquo;</em>, souligne une source proche des milieux.</p>
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