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Le Morne: une retraitée dans une maison où elle ne peut dormir
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Le Morne: une retraitée dans une maison où elle ne peut dormir
Anastasia Augustin Louis mène une triste vie. Accablée par des ennuis de santé qui la privent quasiment de l’usage de ses jambes, elle doit composer avec une maison en très mauvais état.
«Mo ava prefer res dan enn lakaz fey tol. Si enn dimoun kapav donn mwa fey tol pou fer enn ti lakaz li ava pli bon». Voilà comment s’exprime Anastasia Augustin Louis. Cette Rodriguaise vit au Morne avec son compagnon, Bernard Délivrance depuis 2006.
La femme, âgée de 66 ans, ne s’est pas remariée avec son nouveau partenaire mais elle ne l’a pas quitté en un peu plus de dix ans. Elle était venue s’installer là; pas nécessairement pour une meilleure vie mais surtout parce qu’elle n’avait pratiquement plus de famille vivante dans son île natale, à l’exception de sa belle-fille.
«Tous les membres de ma famille à Rodrigues sont morts : mon mari, mes frères et sœurs. Je n’ai pas d’enfant, uniquement une belle-fille du précédent mariage de mon époux décédé», raconte-t-elle.
Malheureusement, depuis quelques années, la vie est devenue de plus en plus compliquée pour elle. Même le sommeil peut devenir un calvaire. Le couple n’a pas d’enfant mais une autre personne vit avec eux. C’est Sahil Perrinne, âgé de 19 ans. Lui aussi natif de Rodrigues, est le fils de la belle-fille d’Anastasia. Sans lui, elle ne pourrait faire grand-chose. Le jeune homme s’occupe pratiquement de tout dans la maison. Des courses au nettoyage, en passant par la cuisine, le jeune homme fait ce qu’il peut mais c’est la maison le plus gros problème.
Une précieuse radio à piles
«Regardez dans quel état est cette maison. Il est difficile d’y vivre», peste Anastasia Augustin Louis. Leur maison est effectivement en piteux état : entre les murs lézardés de fissures et le crépi qui se détache au moindre claquement de porte, sans compter le toit coule comme une passoire, ils sont mal lôtis.
Aucune des trois personnes qui y vivent n’a les moyens de faire retaper cette maison nécessitant une rénovation. Il leur faut placer des bassines et d’autres récipients sous les fuites de la toiture pour récupérer l’eau de pluie. Y vivre n’est pas simple non plus. S’ils ont de l’eau courante, ils n’ont pas d’électricité. Par chance le jeune Sahil a trouvé un système avec des lampes à piles pour pallier l’obscurité.
Anastasia Augustin Louis et son compagnon ne possèdent pas grand-chose, à l’exception d’une commode, d’un lit que le couple partage et d’une cuisinière à gaz. La chose la plus précieuse qu’elle ait est sa radio à piles qui fonctionne toujours. Sahil Perrine lui n’a pas de lit et dort sur un matelas posé à même le sol.
Si Anastasia reçoit une pension de vieillesse et une autre d’invalidité, c’est loin d’être suffisant pour couvrir les travaux de réfection de la maison. «On ne peut plus vivre ici, on a peur que le toit ne nous tombe sur la tête», explique Anastasia Augustin Louis. Souffrante, elle ne peut pratiquement pas se déplacer, ses pieds sont tellement enflés qu’elle souffre le martyre simplement en posant le pied à terre.
Sans l’aide de son compagnon ou de son «petit-fils», elle ne pourrait se déplacer. «Juste pour aller aux toilettes ou prendre un bain, c’est difficile», raconte Anastasia Augustin Louis. Sa santé n’est pas bonne. Elle souffre de diabète, de goutte et d’obésité, entre autres.
Malheureusement pour elle, il lui est impossible de se déplacer sans voiture. «Cela me coûte Rs 500 pour aller jusqu’à Rivière-Noire en taxi pour voir un médecin. À Rodrigues, le médecin venait me voir chez moi pour me prodiguer des soins», fait-t-elle ressortir. Et avec ce qu’elle reçoit comme pension, elle ne peut se permettre de nombreux déplacements. Anastasia Augustin Louis se dit au bout du rouleau et ne souhaite plus qu’une chose dans sa vie : trouve un toit qui ne coule pas.
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