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Nasera Vavra: la reine se bat pour libérer son roi

23 juillet 2017, 22:10

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Nasera Vavra: la reine se bat pour libérer son roi

La réputation de celle que l’on surnomme la «Reine Plaine-Verte» la précède. Mais Nasera Vavra rejette ce titre de noblesse. Elle n’a jamais demandé à qui que ce soit de l’anoblir. Le titre qu’elle revendique, par contre, c’est celui de reine de cœur de «Ti Ner». Et, leur amour perdure, malgré le fait qu’ils se voient uniquement à travers la vitre de la cellule lors des visites en prison.

Depuis que son mari, Siddick Islam, alias Ti Ner, a déposé devant la commission d’enquête sur la drogue, elle se retrouve une nouvelle fois sous les feux des projecteurs. Bijoux rutilants, lunettes de soleil dernier cri… Les questions quant à ce «personnage» qui intrigue repartent de plus belle. Et, il n’y a personne de mieux placée qu’elle pour y répondre.

D’emblée, Nasera Vavra explique que le surnom qui lui colle à la peau – «Reine Plaine-Verte» – est une fabrication du public. L’histoire remonte à l’affaire Gro Derek. La police annonce que la monarque des faubourgs est recherchée pour blanchiment. Le public associe Nasera Vavra à ce titre. Elle est arrêtée puis libérée sous caution. L’affaire est toujours devant la justice, mais elle est sereine. Son sourire ne la quitte jamais.

Cela fait 11 ans que Nasera Vavra et son prince charmant vivent séparément. Elle est à Vallée-des-Prêtres et lui à Beau-Bassin, derrière les barreaux, pour trafic de drogue. Le domicile de la «Reine» n’a rien d’un château. Petit appartement au premier étage d’un immeuble dont les murs extérieurs portent les traces sombres laissées par la pluie et l’humidité.

L’intérieur est plus sympa, quelque peu clinquant. L’espace est restreint, on est toujours loin de la royauté. Nasera cohabite avec sa tante, sa sœur, son beau-frère et sa nièce. Ce soir-là, elle sortait de la gym. C’est en tenue de sport, les cheveux relevés en chignon, qu’elle s’installe dans son canapé aux tons dorés pour raconter sa vie.

«Siddick est mon premier amour»

«Peut-être que mon mari était dans le trafic de drogue avant notre mariage, je ne sais pas. Mais depuis que nous nous sommes unis, je peux affirmer qu’il n’a fait aucun faux pas. Il est innocent», dit-elle. Raison pour laquelle dans ce conte, les rôles sont inversés. La reine se bat pour libérer son roi.

Elle mène le combat sans compter les deniers. Plus de Rs 25 millions ont été dépensées en frais d’avocats, qui devaient faire office d’armée salvatrice. Mais il n’en est rien. L’armée n’a pas fait son travail comme il faut, le prince est toujours en prison. Mais Nasera Vavra n’a pas abandonné la bataille.

Ti Ner et sa reine se sont passé la bague au doigt et la corde au cou en 2006, mais ils se connaissent depuis plus longtemps. «Siddick est mon premier amour. Je l’aime depuis que j’ai 14 ans», confie-t-elle. Siddick était un ami de la famille, il faisait le va-et-vient chez elle, elle le voyait tout le temps.

Notre interlocutrice ne souhaite pas, toutefois, s’étendre sur les raisons pour lesquelles il a tardé à venir se présenter devant elle sur son cheval blanc. «Je n’étais pas à Maurice. Mais nous nous sommes mariés dès que je suis rentrée», lâche la dame, sans donner plus d’explications.

La lune de miel a duré cinq mois

À l’époque, Siddick Islam avait un poulailler, et ils vivaient des revenus qu’engendrait le business. Les poulets étaient-ils nourris au maïs ou à la poudre blanche ? «Je vous le redis. Je ne sais pas ce que faisait mon mari avant notre rencontre.» Ce qu’elle sait, en revanche, c’est que le mariage était princier et qu’il a duré plusieurs jours.

La lune de miel, elle, était plutôt courte. Cinq mois après les noces, le roi de Nasera Vavra est arrêté et condamné un an après. «Ce sont les meilleurs cinq mois de ma vie. D’ailleurs, je pense que ce sont ces souvenirs qui me donnent la force de tenir en son absence», confie-t-elle.

Depuis qu’il est incarcéré, Nasera va rendre visite à son mari autant de fois que la loi l’y autorise. Une fois par semaine lorsqu’il était «on remand» et tous les 15 jours depuis qu’il est condamné. Entre eux, toujours cette satanée vitre. «C’est dur. C’est très dur de le voir dans de telles conditions», soupire-t-elle.

Sinon, les tourtereaux se parlent tous les jours. À travers la cabine téléphonique de la prison, précise-t-elle. Son sourire ne la quitte pas lorsqu’elle parle de son mari. D’ailleurs, elle s’est laissé aller à des élans d’affection lorsqu’elle l’a vu à sa sortie de la commission d’enquête sur la drogue. «C’est la première fois que je le voyais sans la vitre de la prison», murmure-t-elle timidement, comme pour se justifier. À ce moment-là, c’était comme si le sol se dérobait sous ses pieds, tellement elle était contente.

«Si mo ti kit mo mari, dimounn ti pou kozé»

Nasera Vavra précise que c’est l’amour qu’elle porte à son mari qui lui a donné la réputation qu’elle traîne. Mais depuis le temps, elle a appris à ne plus y prêter attention. «Si mo ti kit mo mari, dimounn ti pou kozé. Monn ress ek li ousi zot kozé mem. Bé ki zot lé mo fer ?» La question est rhétorique, sa décision ne sera pas influencée par les gens.

Par ailleurs, Nasera Vavra n’a pas abandonné son train de vie, surtout pas sa «passion pour la mode et les tendances». Maquillage toujours au top, vêtements dernier cri qu’elle ramène de ses voyages… «Je pense que les gens sont un peu jaloux aussi. Je ne vais pas m’habiller n’importe comment parce que mon mari est en prison !» Prendre soin d’elle, c’est une des choses qui l’aident à supporter l’absence de son cher et tendre.

Oui mais, ce train de vie a un coût? Nasera Vavra soutient qu’elle met la main à la pâte pour aider à faire tourner le business familial, le catering, avec spécialisation en briyani. Grâce à cette rentrée d’argent et l’aide de sa famille, qui est en Italie, elle s’en sort plutôt bien.

Que fera la reine le jour où son roi sortira de prison? «Je ne sais pas. Enfin si. Je vais défaillir ou mourir. Mo mem pa kapav imazinn sa lémosion mo pou gagné la Pour le savoir, rendez-vous en 2046.