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Dj Blind: aveugle et alors ?
Oui, il n’y voit rien, et alors ? Il ne s’en cache pas. DJ Blind en a d’ailleurs fait sa marque de fabrique. Le handicap, clame-t-il, n’est pas un frein à la vie, n’en déplaise à certains. Et bien qu’il soit reconnu dans le monde musical et du clubbing, David Parsad lutte au quotidien pour vivre comme une personne autonome et indépendante.
L’homme âgé de 30 ans a un tempérament de fonceur. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il n’a pas hésité à participer à l’Outstanding Young Person Award, organisé par la Junior Chamber International Mauritius, cette année. Sa détermination à dépasser son handicap et vivre sa passion aura impressionné le jury. «J’ai foncé à l’aveugle, tête baissée lorsqu’un jour j’ai entendu dire qu’il y avait une compétition pour les jeunes du pays», confie le jeune homme pour expliquer sa participation à ce concours.
David Parsad a pris la sixième place. Et l’aventure est loin d’être terminée. Il est en lice, avec cinq autres candidats, pour représenter Maurice à Amsterdam, en novembre. Deux d’entre eux seront choisis. «Je suis dans l’expectative car j’ai déjà représenté Maurice lors de grands événements.»
«Comme pour bien d’autres métiers, un aveugle a moins de chance qu’une personne sans handicap. Je veux vivre une vie normale et travailler comme tout le monde.»
Le jeune DJ n’est pas né aveugle. C’est à l’adolescence qu’il a commencé à perdre la vue. Et à 23 ans, il n’y voyait plus rien. Il doit alors abandonner son rêve d’être pilote. Pas question toutefois de se laisser abattre. «Cela ne m’a pas empêché d’avancer dans la voie que j’avais choisie : DJ faute d’être pilote. On n’a besoin que de ses oreilles pour mixer.»
C’est DJ Kingdom qui aura été son mentor pendant ses années de perfectionnement comme DJ. La musique devient son gagne-pain. Il concède cependant que c’est dur d’en vivre. DJ Blind est d’ailleurs à la recherche d’un job comme animateur radio ou DJ pendant le week-end. «Comme pour bien d’autres métiers, un aveugle à moins de chance qu’une personne sans handicap. Je veux vivre une vie normale et travailler comme tout le monde», lâche dans un français impeccable celui qui a également fait un détour par les centres d’appels dans sa tentative d’être indépendant.
DJ Blind n’a pas peur des défis. Afin d’être plus autonome, il compte sur le gadget «MyEye». Grâce à une caméra fixée sur des lunettes, cet appareil, qui coûte 4 000 euros, permet de lire un texte et de reconnaître les visages. Cela fait quelque temps déjà que David Parsad tente de lever des fonds pour se le procurer. «J’ai organisé une levée de fonds à travers un bal, mais cela n’a pas marché», révèle DJ Blind, qui compte faire une nouvelle tentative en septembre.
Et il peut compter sur deux amis, Frédéric Nullathemby et Chetan Jodhun, qui ont lancé le mouvement Stand up for DJ Blind, le samedi 15 juillet. À travers ce mouvement, qui utilisera les réseaux sociaux et les médias, ils comptent financer l’achat de ces lunettes avec la bonne volonté des Mauriciens. «Son profil et sa combativité ont gagné mon respect, raconte Frédéric Nullathemby, qui a rencontré David Parsad dans le cadre de l’Outstanding Young Person Award. C’est un jeune qui veut travailler et avancer malgré son handicap et c’est pour cela que je le soutiens.»
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