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Dave Appadoo redécouvre son île d’origine
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Dave Appadoo redécouvre son île d’origine
Comme l’ex-footballeur Vikash Dhorasoo, Dave Appadoo est un Français d’origine mauricienne qui découvre sur le tard l’admiration qu’il suscite au pays natal de ses parents. Journaliste de presse écrite à So Foot puis France Football, il jouit en effet d’une belle cote de popularité chez les mordus du ballon rond grâce à ses analyses footballistiques très pointues à la télé, sur L’Equipe TV. «Professeur Dave», 42 ans, ne connaissait pas trop l’île Maurice jusqu’en 2015, mais il rattrape désormais le temps perdu, avec ses enfants, le temps de vacances bien méritées où il se réapproprie aussi sa langue maternelle…
Dave, après avoir longtemps été coupé de vos racines mauriciennes vous redécouvrez tout ça. Racontez-nous.
Je suis revenu à Maurice en 2015, ça faisait quasiment 25 ans que je n’avais pas remis les pieds ici. Je ne connaissais pas du tout l’île Maurice. Il y a plein de gens qui me parlaient de l’île, qui y venaient en vacances et en revenant m’en parlaient comme si je connaissais, en me faisant «ah là-bas c’est super et tout», et moi je répondais «bein, peut être, j’en sais rien moi…». Donc j’y suis revenu en 2015, pour faire connaître à mes enfants et redécouvrir moi-même. Les petits ont beaucoup aimé et moi aussi. Donc voilà, nous sommes de retour cet été.
Pour des vacances chez la famille plutôt n’est-ce pas ?
Oui, oui, on est logé partout. Les familles sont tellement grandes ici. Tout le monde est toujours content de nous recevoir. On est tellement bien accueilli que je pourrai faire un an à droite à gauche sans m’arrêter !
Pourquoi cette coupure avec Maurice ?
Dans ma vie de jeune adulte, venir à Maurice ça coûtait cher donc j’ai exploré la France qui est un super beau pays et qui est grand. Et puis quand on est petit, on est en vacances dans sa famille et finalement le pays on ne le connaît pas. Au niveau culturel, historique, l’île Maurice je ne connaissais pas trop, du coup, il y a deux ans, on s’est fixé ça avec mes enfants d’aller à la découverte du pays. J’ai vu que c’est un super pays, qu’il y a énormément de choses à voir, de choses à faire, ce n’est pas que des plages - même si elles sont superbes. Maurice s’est bien développée aussi avec un autre type de tourisme, moins farniente, avec des tyroliennes et des choses comme ça.
Vos parents sont nés à Maurice et vous à Paris mais vous avez grandi sans trop de culture mauricienne. Vous parliez un peu créole quand même à la maison ?
Mes parents sont arrivés en France dans les années 70 et ils ont fait partie de cette génération d’immigrés qui voulaient s’intégrer mais qui voulaient surtout que leurs enfants soient complètement intégrés. J’ai découvert ça avec le temps, comme plein de camarades comme moi issus de l’immigration : à la maison ça parlait français. (Il articule) O-bli-ga-tion de parler français ! Devant moi, mes parents même s’ils ne parlaient pas super bien français, quand j’étais dans la même pièce qu’eux, ils faisaient l’effort de parler français. Et moi je devais leur parler en français. C’était l’obligation mais quand j’étais en vacances, très vite le créole revenait car c’est très proche, tu ne passes pas du russe au français non plus quoi. Et puis à l’oreille je le connaissais, je l’entendais. Donc ça ne posait pas de souci à mes parents, ils savaient que je le parlerai quoi qu’il arrive, ils ne se sont pas dit qu’ils allaient me priver de ma langue maternelle, non.
Vous avez quelques points communs avec un certain Vikash Dhorasoo…
Oui, lui non plus n’a pas été trop en contact avec Maurice quand il était plus jeune. Je suis un pur Parisien et lui un Havrais, mais je le connais plutôt bien pour l’avoir suivi lorsqu’il était footballeur et pour avoir fait un peu de journalisme à ses côtés pour le magazine So Foot.
Saviez-vous que vous étiez populaire à Maurice à travers vos émissions de télé sur L’Equipe TV ?
Mes cousins m’ont dit ça mais je pensais que c’était un peu exagéré…
Non, c’est vrai, le «Prof Dave» a vraiment des fans, même à 11 000 km de Paris ! Même si tout le monde ici attendait d’avoir la confirmation que vous étiez bien «mauricien» jusqu’à aujourd’hui…
Oui, ma famille de Maurice est très fière de ça. Même si moi je rase un peu les murs, je ne la ramène pas trop avec ça. En fait, là où habite ma famille au village de Belle- Vue-Maurel, tout le monde me connaissait depuis que j’étais petit puisque je traînais tout le temps là-bas avec les cousins et copains de mon âge. Ensuite, même si je ne suis pas venu pendant des années, ils ont suivi mon évolution à travers la télé et la radio (NdlR : sur RTL). Là quand je suis venu, je sens que tout le village témoigne une vraie reconnaissance pour l’un des siens…
Comment êtes-vous devenu journaliste de sport ?
À la base, je devais être prof. Et il se trouve que par un concours de circonstances, je n’ai pu me présenter au concours d’enseignant et puis à ce moment-là je me suis dit que je devais peut être faire autre chose. J’écrivais pas mal à la maison, je faisais des articles et des portraits sur le sport, pas du tout pour être lu mais comme d’autres font de la peinture ou de la musique chez eux. Et de fil en aiguille, j’ai envoyé des candidatures et un jour j’ai eu un gros coup de chance. Ma candidature a été retenue par Franck Hennen. J’ai été pris pour faire un stage à So Foot et une fois que la porte s’entrouvre il faut s’y engouffrer. Mais le plus dur c’est d’entrouvrir cette porte. Si on est bosseur, si on n’est pas trop idiot, il n’y a pas de raisons que ça ne marche pas… Derrière j’ai intégré lequipe.fr, francefootball.fr, le quotidien Aujourd’hui Sport puis le journal France Football, RTL et enfin la chaîne L’Equipe TV.
Quelle est la semaine type d’un journaliste de France Football ?
Il y a deux unités de temps à gérer. L’unité de temps du quotidien, où il faut suivre un petit peu ce qui se passe et se dire «là il va y avoir tel choc ou tel joueur qui est un petit peu en vue», saisir cette matière là et pouvoir l’exploiter. Et puis il y a un travail au plus long court où on sera sur des enquêtes sur un mois, deux mois, voire plus. Par exemple, avec mon camarade Nabil Djellit, on avait travaillé sur Lassana Diarra et ce n’est pas un papier qu’on fait en trois jours. On a fait une vraie enquête sur «qui est vraiment Lassana Diarra» et «les maux de Lassana Diarra». C’est cette gestion du temps qu’il faut être capable de maîtriser : c’est-à-dire fournir à la fois l’hebdo et le quotidien sur le Net. Ce qui n’est pas très simple d’ailleurs.
Cela vous laisse suffisamment de temps pour aller voir les matches au stade ?
Je les regarde tous à la télévision. Je suis le championnat de France de long en large. Le championnat anglais et les grosses affiches étrangères, où les équipes qui m’interpellent. Par exemple, il y a un ou deux ans, il y avait le Rayo Vallecano, en Espagne, qui m’intéressait parce qu’ils jouaient avec 3 n°10. C’était très audacieux, très beau de voir ça dans le foot moderne. L’an dernier, j’ai regardé Leipzig, en Allemagne. Il n’y a pas de week-end off. Même les week-ends où vous ne travaillez pas, il faut regarder les matches.
Et pendant ces vacances vous suivez qui en ce moment ?
Je ne regarde rien du tout ! (Rires) Je regarde la plage. Blue Bay, Mont-Choisy. Je coupe complètement. J’évite de tomber dans l’espèce d’hystérie de pré-saison. Laissons les équipes travailler. Qu’est-ce qu’on va sur-commenter «OM contre je ne sais quelle équipe suisse» ? Bientôt on va commenter les entraînements en chasuble aussi ! Ils sont dans une phase de travail, je veux bien observer et prendre quelques informations mais je refuse de commenter ça. Sinon c’est quoi la limite ? Moi j’attends la reprise du championnat en France, le 5 août, je les jugerais à ce moment-là, pas avant.
Et le mercato vous suivez ? Neymar au PSG ou pas ?
Je suis un petit peu dans les grandes lignes, mais pour être honnête ce n’est pas la période qui m’intéresse le plus. Pourquoi ? Parce qu’il y a 95% de commentaires et seulement 5% de vrai. Les médias alimentent et participent à tout ça et ça nous fait même vivre, on ne va pas se mentir, mais à un moment on ouvre la boîte à fantasme et c’est un peu le jeu du gossip. Un jour Neymar se rapproche du PSG, le lendemain il dit qu’il est bien au Barça… (contrarié) C’est bon quoi ! Le mercato m’intéresse du moment qu’il est fait, je verrai les effectifs le 31.
Et le mercato des journalistes alors ? Le Qatar et BeINSport ne vous ont pas contacté ?
(Rires) Oui, il y a eu des périodes quand BeIN se lançait, il y a eu des contacts qui ont été établis et qui n’ont pas abouti. Ensuite quand SFR s’est lancé, il y a un an, il y a eu des discussions. Il y en a eu aussi avec Canal à une époque. C’est le jeu.
Vous serez bien sur L’Equipe TV à la rentrée alors ?
Oui, oui, je suis super bien dans la maison où je suis. Il y a de belles choses à faire sur la chaîne, avec notamment la Coupe du monde qui arrive. Et avec France Football aussi. Je suis dans un élément où je me sens bien et pour moi c’est super important. Quand tu pars tu sais toujours ce que tu perds, mais tu ne sais pas ce que tu vas avoir…
Comment avez-vous gagné vos galons de Professeur Dave ?
Faudrait demander à Olivier Ménard (NdlR : le présentateur de l’Equipe TV)… On cherche toujours un surnom aux consultants, c’est comme un petit théâtre : il faut des personnages. Car même si on est sincère dans ce qu’on dit, il y a quand même une forme de mise en scène. Je ne sais pas trop comment ils en sont arrivés à ça. Au cours d’une démonstration, il y a parfois mon côté qui peut être un peu professoral. Il y a un côté «attendez les gars, je vais vous expliquer comment ça se passe…» (rires)
Un message pour vos téléspectateurs mauriciens ?
La popularité de notre émission ici m’a surpris, sachant que Maurice était une colonie anglaise. On m’avait dit qu’on était pas mal suivi en Afrique... Mais je ne me doutais pas qu’il y avait un tropisme comme ça pour les chaînes françaises, pour les programmes français. J’ai été étonné de voir le nombre d’abonnés aux chaînes satellitaires ici aussi. Je tiens à remercier tous les gens qui regardent nos émissions à Maurice, car à la base c’est fait pour un public français. C’est super qu’on puisse plaire au-delà de nos frontières !
Retrouvez la deuxième partie de cette interview dans Lékip du vendredi 28 juillet
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