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A la recherche d’un emploi: Ajay Soonday remballé au Sun Trust

30 juillet 2017, 17:45

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A la recherche d’un emploi: Ajay Soonday remballé au Sun Trust

C’est un homme investi d’une mission qui a quitté sa maison, sise à Union Park, à l’aube, hier matin. Direction le bâtiment du Sun Trust, à Port-Louis. Entre ses mains tremblantes, une enveloppe grise qu’il garde précieusement. À l’intérieur, une lettre adressée à Pravind Jugnauth. Dans cette missive, Ajay Soonday supplie le Premier ministre de lui trouver un emploi…

En attendant l’arrivée du PM, l’homme de 47 ans, écrasé par le poids des problèmes, guette les passants. Ministres, PPS, élus et autres membres qui s’apprêtent à participer au Bureau politique (BP) du MSM défilent, sans prêter attention à Ajay Soonday. Il est invisible, sauf pour un agent de sécurité qui fonce droit sur lui. Ils discutent brièvement, on lui demande ce qu’il est venu faire là. «Pa koumsa ki kav zwenn Prémié minis. Bizin pran rendez-vous sa», lui balance l’agent, qui demande à Ajay de retourner d’où il vient. Le désespoir se lit sur son visage, il a les larmes aux yeux. Il aura fait tout ce chemin pour rien.

Cela fait deux mois qu’Ajay est au chômage. «Mo ti pé travay zardinié lizinn, mé zis avan fer enn an, zot inn met mwa déor», raconte-t-il. Avant cela, il entretenait les jardins de particuliers. Mais avec l’âge, de moins en moins de gens font appel à ses services. Depuis sa naissance, le quadragénaire souffre d’un handicap au niveau de la bouche, ce qui perturbe son élocution. Il touche une petite pension, qui ne lui permet pas de subvenir aux besoins de ses deux enfants, qui sont toujours à l’école. «Asterla tou dimounn riy mwa. Zot dir mwa akoz mo handickapé ki mo pa gagn travay», affirme-t-il.

Avant de venir «en ville», Ajay Soonday avait rencontré les élus de sa circonscription à plusieurs reprises. Mais à chaque fois, ils lui auraient demandé de «repasser plus tard». «Mo pa pé diman enn travay biro mwa, enn plas labourer mo pé rodé», poursuit-il. Son dernier recours était, justement, de remettre une lettre au chef du gouvernement pour lui demander son aide.

«Mo madam travay, mé so larzan pa asé. Monn fek pran loan pou lakaz la», dit-il. Mais cela a un coût : les études des enfants en pâtissent. «Éna enn bizin léson pa pé kapav pran», confie l’habitant de Union Park, pendant que les larmes ruissellent sur ses joues. Son désespoir fait peine à voir. «Mo pa pé dimann sarité. Mé kan dimounn rod travay, Prémié minis ti bizin donn zot.»

Dépité, Ajay tourne les talons, quitte le bâtiment, dos courbé, tête baissée. Son enveloppe grise toujours entre les mains…

Les journalistes auront pratiquement droit au même traitement. Une dame nous ayant fait comprendre que le PM ne ferait pas de déclaration à la presse, avant même le début de la réunion du BP…