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Dr Dushyant Purmanan: «C’est le patient qui risque de faire les frais du shift system»

3 août 2017, 11:20

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Dr Dushyant Purmanan: «C’est le patient qui risque de faire les frais du shift system»

L’introduction du système de rotation, mardi, dans les hôpitaux publics, provoque le mécontentement des médecins généralistes. Engagés dans un bras de fer avec le ministère de la Santé, ces derniers ont le soutien des spécialistes de la Government Medical and Dental Officers Association (GMDOA). Le point avec le Dr Dushyant Purmanan.

Vous avez décidé de soutenir vos confrères généralistes, même si les spécialistes ne sont pas di- rectement concernés par l’application du «Shift System». Pourquoi ?

Oui, nous soutenons la cause de la Medical and Health Officers Association (NdlR, MHOA – syndicat qui représente les médecins généralistes). Nos deux syndicats se regroupent autour de 95 % des médecins à Maurice. Depuis que le système de rotation a été introduit en mode pilote l’année dernière, le ministère de la Santé n’est jamais venu de l’avant avec des conditions sur papier.

C’est vrai que le Pay Research Bureau a recommandé l’introduction de ce système. Cependant, ce n’est pas la seule recommandation. Pourquoi être sélectif et appliquer uniquement certaines recommandations ? Nous défendons les généralistes pour une question de principe !

Les généralistes affirment que les négociations et discussions autour de l’application du «Shift System» n’ont pas été respectées… C’est exact. Nous avons eu des rencontres mais il n’y a jamais eu de consensus. Aucun rapport, ni étude, n’a été présenté aux médecins en ce qui concerne les retombées du premier volet du système de rotation qui a été instauré aux urgences en avril 2016.

Personne ne nous a approchés pour nous demander notre opinion, bien que nous soyons des professionnels de la santé. À présent, le ministère vient nous parler d’un rapport «satisfaisant». De quel rapport parle-t-on ? Il a été fait par qui ? Nous n’en savons rien. Il n’y a aucune transparence.

Selon vous, le «Shift System» dans presque tous les départements a-t-il des chances de fonctionner ?

Déjà, les médecins spécialistes ne sont pas directement concernés. Mais nous sommes en contact avec des confrères qui ne sont pas du tout satisfaits de la façon dont ce système a été introduit.

Il faut que la population le comprenne, les médecins n’ont pas peur de cumuler des heures de travail. Travailler pendant 40 heures ne nous fait pas peur. Mais là, ce sont des conditions inhumaines ! Les lois du travail sont bafouées ! Le planning que le ministère de la Santé a établi s’apparente à un trial and error.

Plusieurs médecins ont mentionné que le suivi médical des patients pourrait être com- promis avec ce système de rotation. Êtes-vous de cet avis ?

Oui c’est vrai. Avec le nouveau système, les généralistes travaillant dans des départements spécialisés arrivent à 8 heures alors que les médecins spécialistes arrivent une heure plus tard. Comment faire le handing over ? Ce qui s’est passé durant la nuit, c’est-à-dire de 16 heures la veille jusqu’à 8 heures le lendemain matin, le spécialiste ne le saura pas. C’est un travail d’équipe.

Et puis, les généralistes d’aujourd’hui sont les spécialistes de demain. Il faut une formation continue avec les spécialistes. Si à chaque fois le médecin généraliste change, comment faire le suivi ? Que se passe-t-il s’il y a une urgence ? Autant de problèmes potentiels qui sont ignorés par le ministère. Malheureusement, c’est le patient qui risque d’en faire les frais.

Quelle aurait été la meilleure façon de faire ?

 Nous restons convaincus qu’avec une communication adéquate, bon nombre de problèmes peuvent être résolus. Mais nous constatons qu’il n’existe pas de bonne entente entre les syndicats de la santé et le ministère, voire même avec le ministre. Cela fait des mois que la GMDOA cherche à obtenir une rencontre exclusive avec le ministre, mais cela n’a jamais abouti. Idem pour le Senior Chief Executive (SCE) de la Santé. Nous obtenons toujours la même réponse de la secrétaire : «Le SCE est occupé dans une réunion.» D’ailleurs, la GMDOA n’a pas été conviée à la réunion d’aujourd’hui (NdlR, hier) avec le ministre Anwar Husnoo. Les relations industrielles sont tendues et c’est malheureux. Devant cette situation, nous n’écartons pas la possibilité d’entamer une grève de la faim.